Etoudi 2018: lettre ouverte à Maurice Kamto et Cabral Libii

L’idée d’une coalition des candidats de l’opposition contre Paul Biya lors du scrutin du 07 octobre dernier continue de faire son chemin au sein de l’opinion camerounaise.

Tout comme certains leaders de l’opposition, nombreux sont ces citoyens Camerounais qui se disent convaincus de la nécessité d’aller vers une coalition de l’opposition contre Paul Biya.

C’est le cas d’un Enseignant qui, dans une lettre ouverte anonyme, a interpellé les candidats Maurice Kamto, Akéré Muna, Joshua Osih et Cabral Libii à ce sujet.

Lire l’intégralité de sa lettre ouverte:

Messieurs,

C’est avec un zèle patriotique qu’il m’échoit l’honneur de venir auprès de vos hautes personnalités distinguées, par la présente, vous signaler l’urgence d’une coalition, à laquelle je vous convie d’ailleurs de tout cœur (comme beaucoup d’autres citoyens Camerounais soucieux du bon fonctionnement de notre chère partie), pour assurer la victoire du peuple aux présidentielles 2018 et faire assoir un changement mélioratif.

En réalité, au regard des sondages que j’ai pu effectuer sur la toile et sur le terrain (en secret avec l’aide des amis et de collègues) et de ceux que j’ai pu lire (ceux faits par d’autres organisations et organismes et dont vous avez certainement eu vent), vous êtes les candidats favoris qui partagent le peuple. J’insiste et attire votre attention sur cette expression « LES CANDIDATS QUI PARTAGENT LE PEUPLE ». Comprenez par-là, honorables Présidents, que la victoire d’un d’entre vous contre tous est CHOSE IMPOSSIBLE. JE DIS BIEN C’EST IMPOSSIBLE DE GAGNER, POUR QUICONQUE PARMI VOUS IRA SEUL.

Et vous le savez pourtant bien, au fond de vous, d’après ce qui se profile dans chacune de vos interventions en rapport avec l’idée de coalition pour présenter un candidat unique de l’opposition. Chacun de vous est d’accord pour une coalition, mais je n’ai cependant vu personne de vous se montrer prêt à sacrifier son prestige pour aller s’allier à l’autre. Chacun voudrait que ce soit les autres candidats qui viennent se greffer à lui.

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Vous n’obtiendrez jamais rien de tel. Il faut être prêt à faire des concessions pour témoigner votre amour pour la patrie et démontrer ainsi votre désir réel et profond de voir ou de faire ou de participer au changement positif de notre cher et beau pays. Pour assurer une victoire du peuple contre le parti au pouvoir, une coalition de vos mouvements politiques, suivi ou pas des autres partis en liste, s’avère urgente et NÉCESSAIRE, afin de sauver le Cameroun du gouffre du bourbier mouvant dans lequel il n’a cessé de se faire engourdir depuis plus de trente-six (36) ans.

Dois-je rappeler les prouesses de chacun de vous ? Dois-je faire mention des actes élogieux que chacun de vous a faits pour cette nation, pour un groupe de citoyens en difficulté… ? Dois-je faire mention des atouts de chacun ? Vous le savez déjà, vos directeurs de campagne, votre entourage vous en rend compte et je ne voudrais pas être long ici. Car mon seul objectif est la coalition pour le changement et le salut du Cameroun, lequel Cameroun prend de plus en plus l’ossature d’une pomme empoisonnée. Stoppez le poison avant qu’il n’éteigne le cœur de notre pays.

Pourquoi faut-il coaliser ? Comment gérer cette coalition ? Quel avantage chacun de vous et/ou la population Camerounaise en tirera-t-il ? Et pour finir, la question qui semble être la plus importante pour vous, qui doit être à la tête de cette coalition ? Permettez-moi d’essayer d’apporter mes modestes suggestions en guise de réponse à chacune de ces questions qui ne sont certainement pas exhaustives en ce qui concerne la coalition.

Pourquoi coaliser ? Le Cameroun n’a que trop souffert avec le régime en place depuis plus de trente ans. Le pays souffre aujourd’hui de plusieurs mots parmi lesquels le chômage, la faim, la surenchère des produits et services de tout ordre, et surtout le problème de crise sécuritaire qui prend une allure de sécession. Seule une coalition garantie la victoire du peuple, votre victoire, celle du Cameroun nouveau et prospère. Une coalition entre vous profile davantage à l’horizon un retour à l’accalmie, à la paix et à la réconciliation avec nos concitoyens de la zone du Pays jadis sous l’autorité de l’Angleterre (sous mandat de la SDN et sous Tutelle de l’ONU) avant l’acquisition de notre indépendance. À ce propos je n’ai point besoin de rappeler les origines régionales de chacun de vous.

Une coalition serait dont le Symbole de l’unité nationale. Bien plus, il convient de le rappeler et d’attirer votre attention là-dessus (même comme vous le savez déjà), le parti au pouvoir a ses membres dans toutes les hautes sphères du Pays, dans les hauts postes de responsabilité et, ne voulant perdre ces privilèges, ils ne voteront que pour ce régime qui les a toujours maintenus dans cette manne à eux offerte. Et, les membres de leurs familles et leur entourage les suivront dans cette danse, car ils en tirent aussi profit et craignent de perdre tous leurs privilèges avec le changement.

Nombreux sont les Camerounais qui sont dans cette situation : le vote par suivisme, par sectarisme, par désir de protéger ses intérêts égoïstes. Pour pérenniser cet état des choses, voici que le mandat des députés a été récemment prorogé à dessein, par un report des législatives à l’an prochain, tout comme certaines dispositions de la constitution ont été revues et modifiées dans ce même but. Par ailleurs, il faut tenir compte du fait que sur les multiples foras Whatsapp et Facebook où on débat politique, on peut lire que chacun de vous a un nombre considérable de pourfendeurs, pas toujours à pars équitables.

Je réalise, au regard de ce qui se vit et se dit sur ces différentes plateformes, que vous êtes aimés, soutenus, mais que vous nous mettez en partage, nous le peuple Camerounais, parce qu’il y a des groupes qui sont fans de chacun de vous. Cela montre que même si le Président sortant ne se présentait pas, le match serait très serré entre vous. Il en ressort clairement qu’une compilation de ces fans en un bloc, constituera une force incommensurable contre le régime en place. Si vous allez en rangs dispersés, vous obtiendrez sans doute un certain pourcentage des suffrages exprimés, mais avec une Coalition, vous assurez la victoire en présentant un candidat unique. C’est le seul moyen de rendre unanime le grand nombre de Camerounais qui se déchirent actuellement pour défendre chacun de vous. Et en même temps, certains d’entre vous, sont et /ou ont l’argument/ le moyen de mettre progressivement fin à la crise qui mine les Régions Nord-Ouest et Sud-Ouest de notre pays.

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Je parle de « zone dite anglophone » pour rappeler à tous qu’il n’y a pas de « Cameroun anglophone », ni de « Cameroun francophone » comme certains disent ou veulent faire croire ; mais il y a plutôt Le Cameroun ; Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest étant simplement des Régions où l’Expression anglaise se fait majoritaire. Le Cameroun est uni, un et indivisible, un État, un Pays, une Nation, Une Patrie, pour Peuple (Je loue au passage l’action du Pr. Maurice Kamto qui, en 2017, a fait des suggestions intéressantes aux présidents des deux chambres du Parlement du Cameroun afin d’éviter l’amplification de la crise dite anglophone et à même de permettre sa résolution pacifique, chose qui a été cependant ignorée et rejetée par le gouvernement en place). Chacun de vous a, à son actif, des actions et/ou des prises de position fortes pour le bien de ce pays. Rappeler toutes vos prouesses prendrait des milliards de pages.

Vous pouvez encore réaliser, cette fois ci ensembles et main dans la main une grande prouesse pour témoigner votre amour pour notre patrie à travers votre coalition. Une coalition de partis différents, de personnes d’origines tribales différentes est le symbole de cette Unité. Il faut, en fin faire, la coalition pour éviter de perdre, pour éviter que certains Camerounais n’aillent pas voter, comme cela a été le cas de mes proches en 2011. Oui, pour éviter également que certains aillent voter bulletin nul comme j’ai dû le faire en 2011 et que je ferais encore s’il n’y a pas coalition.

Comment gérer cette coalition ? J’ai lu chacun de vos projets de société ; ils sont bien intéressants, quoique quelque peu différents et jalonnés de quelques insuffisances. Ils sont différents, vos projets de société, parce que chacun a un domaine de prédilection qu’il privilégie, mais on peut les harmoniser pour en faire un qui soit perfectible pour sauver notre chère patrie, le Cameroun.

Pour gérer un Etat, comme le Cameroun, il faut des personnes de qualité à des postes stratégiques. Il ne faut pas seulement être à la présidence pour faire changer les choses en bien. Déjà que dans la coalition, il suffit de s’entendre pour harmoniser vos projets et aussi s’organiser pour attribuer les postes de responsabilité stratégiques pour mettre à exécution ce projet de société. Le président de la République nomme à des hauts postes de responsabilités, il nomme le Premier Ministre et sous proposition de celui-ci, le Gouvernement (les autres ministres).

Il nomme le Président du Sénat qu’il peut dissoudre d’ailleurs, sous condition (selon les dispositions prévues par les textes de loi en vigueur), etc. Parmi vous, nous pouvons avoir un Président de la République, et aussi par exemple un Président du Sénat, un Premier Ministre, et un Ministre de la Justice et de la Garde des sceaux.

Je n’ai pas besoin de rappeler les compétences et domaines de prédilection de chacun d’entre vous. Je sais fort bien que chacun de vous aspire à la magistrature suprême de notre Pays pour mieux implanter son projet, mais je puis vous assurer que cela est possible et n’est possible que si vous travaillez main dans la main. Pour avoir syndiqué avec les enseignants pour la cause enseignante, je sais combien il est difficile de faire des concessions, d’accepter se fondre dans une autre équipe et de quitter son statut de leader à celui de follower.

Mais on a un besoin urgent de faire ce sacrifice quand on veut vraiment le changement. Encore faut-il noter qu’il ne s’agit pas de suivisme lorsque ce sont vos idées qui sont mises en exécution. Je pense que c’est un sacrifice à faire et qu’il vaut la peine d’être fait. Chacun de vous hésite depuis, chacun a peur de perdre la face devant son parti ou devant des tiers, mais pourtant il faut mettre de côté son orgueil et son égoïsme pour permettre le changement, pour témoigner de son amour véritable pour notre chère patrie. Je pense, et j’espère bien, que chacun de vous veut le bien être de ce pays. Alors, dites-vous au fond de vous que, même si je ne suis pas au volant, il est important que je sois éveillé à la cabine pour attirer l’attention du chauffeur et le réveiller quand il somnole.

N’oubliez pas que les camerounais ne vous voteront majoritairement que si vous faites cette coalition. Vous avez moins d’une semaine pour vous décider de montrer et témoigner au monde entier votre AMOUR VÉRITABLE POUR NOTRE PAYS LE CAMEROUN, POUR PROUVER VOTRE PATRIOTISME VIA CETTE COALITION.

Quel avantage chacun de vous et/ou la population Camerounaise en tirera-t-il ? Le salut du Cameroun est l’avantage, le profit que chacun en tire, la prospérité pour la postérité.

Et, pour finir, la question qui semble être la plus importante pour vous, qui doit être à la tête de cette coalition ? La majeure partie de la population Camerounaise dit oui à la coalition ; ce qui les partage et crée des déchirements c’est le choix du Candidat qui vous représentera. Moi je dis peu importe qui représente cette coalition, je voterai pour la coalition, je voterai pour le candidat de la coalition. Je sais aussi que tous ces Camerounais voteront comme moi, voire les partisans et sympathisant du parti au pouvoir ; oui, même ceux-là voteront pour le candidat de la coalition de l’opposition pour une raison simple : tous les Camerounais veulent le changement, même ceux-là qui sont dans un poste confortable du régime. Cependant, ils cherchent l’occasion, une opportunité (par peur de représailles peut-être ou pour toute autre raison), et seule la coalition d’une équipe d’opposition forte comme le G4 que vous faites, peut la leur offrir. Quel que soit le candidat que vous élirez à la tête de la coalition, il sera le Candidat des Camerounais.

Croyez-moi, ne vous leurrez pas et ne vous faites pas berner par vos fanatiques qui vous entourent et qui veulent vous faire rester figés sur la position de tête de la coalition. Que celui qui veut commander soit le serviteur ! Oui, je sais qu’ils vous disent que même seul, vous gagneriez ou encore que vous êtes le seul méritant de faire l’unanimité des électeurs. Oh que non ! Organisez une autre réunion/rencontre entre vous quatre (4) et faites un vote pour élire le candidat de la coalition. Que pendant votre suffrage interne chacun vote pour un candidat autre que lui, et celui qui recevra deux votes parmi vous soit votre représentant.

Moi, mon avis particulièrement ne se contente pas du charisme expressif, intellectuel, sociopolitique ou économique de chacun de vous, aucunement ! Le plus important pour moi c’est la résolution des problèmes qui paralysent le Cameroun, et la crise de la zone, dite anglophone, me semble être l’une des priorités des plus primordiales, tout comme les problèmes d’insécurité dans le Septentrion. À cet effet, je pense qu’élire l’un des candidats originaires de cette zone pourrait être l’idéal. Toutefois, si le candidat est tout autre, cela demeure une aubaine, pourvu qu’il soit l’un d’entre vous, soutenu par la coalition et la cohésion de vos forces de frappe. Personnellement, je suis originaire du littoral, un jeune qui est fier d’applaudir les jeunes candidats, et mon choix se porte sur Josuah Osih pour des raisons mentionnées à la marge, en dehors du charisme et des compétences qui définissent sa personne.

Mais je précise toutefois que dans d’autres circonstances Cabral Libii ou Maurice Kamto ou Akere Muna auraient été mes choix, et l’un de vous quatre est mon choix, s’il est le choix de la coalition. J’ai peut-être oublié de vous dire au départ que je suis un homme apolitique. Je n’ai jamais aimé la politique, je ne m’y intéressais guère (sinon je serais déjà dans un parti politique). Mais je constate que la vie sociale, l’état de l’économie et le développement du pays sont conditionnés par l’attitude et la qualité des dirigeants.

Voilà pourquoi, conscient de la souffrance des Camerounais, soucieux du développement et de la prospérité de notre patrie, terre de nos ancêtre avant nous et de notre progéniture après nous, je ne m’exprime sur la question politique qu’aujourd’hui à travers ce cri de détresse, cet appel à l’unisson que je vous adresse en vous interpellant et vous appelant à la coalition pour sauver ce pays qui est en train de tout perdre ou qui risque de tout perdre si vous n’agissez pas promptement et de façon conséquente. Oui, il ne faut pas seulement agir, mais il faut surtout agir de façon conséquente en faisant une coalition afin de gagner ces élections présidentielles et faire prospérer le Cameroun. Ce sera d’ailleurs un grand défi que de relever le Cameroun, vu les multiples difficultés dans lesquelles il est immergé, mais tous ensembles nous y parviendrons, même si cela nous coutera énormément en temps et en énergie. Il est fort possible que le discours politique soit mensonger, mais j’ai foi en vous, car vous aurez à faire vos preuves et vous en avez les moyens.

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Pourquoi je garde l’anonymat ? Cela n’est pas la question la plus importante, mais voyez en cet anonymat l’expression de la pensée de tous les Camerounais dont je sais représenter et exprimer la pensée, le rêve et le souhait profond à travers cette missive. Je suis un citoyen très patriote et patriotique, soucieux de justice, d’équité, de paix et de développement pour notre Patrie. Soyez attentifs, écoutez le cri des Camerounais et agissez en conséquence. Je suis le cri des Camerounais, je suis leur cri de détresse, un appel à l’unisson.

Et pour continuer à garder l’anonymat, vu les menaces et actes de répressions dont j’ai été victime pour la cause enseignante (je salue au passage l’action du Président Akere Muna qui a bien voulu tendre la main aux enseignants qui avaient été injustement gardés en détention du 27 février au 02 mars dernier), permettez-moi de vous faire parvenir cette correspondance par les médiats et réseaux sociaux qui en seront le relais jusqu’à vous.

Dans l’attente d’une prompte réaction conséquente de votre part, veuillez agréer, chers messieurs, l’assurance de ma parfaite considération.