Garoua, forteresse de Tchiroma : comment l'opposant transforme son domicile en bastion imprenable

Cameroun Issa Tchiroma Bakary Image illustrative

Fri, 24 Oct 2025 Source: www.camerounweb.com

Les révélations de Jeune Afrique. "J'entends dire qu'un assaut musclé se prépare contre moi. Tout ça pour Tchiroma ? Allez-vous lancer un assaut contre tout le peuple camerounais ?", écrit Issa Tchiroma Bakary le 23 octobre depuis sa résidence de Garoua. Mais derrière cette rhétorique, Jeune Afrique a découvert une réalité plus concrète : l'opposant a transformé son domicile en véritable forteresse humaine, "retranché dans sa résidence de Garoua, à près de 1 000 km au nord de Yaoundé".

Ce que Jeune Afrique a mis au jour. Selon les informations obtenues par notre rédaction, "autour de son domicile de Garoua, des groupes de partisans se sont donné pour mission de le protéger, et la tension est forte dans la capitale de la région du Nord". Cette organisation spontanée rappelle les boucliers humains qui avaient protégé certains leaders de l'opposition lors de crises précédentes. Mais l'ampleur du dispositif semble cette fois inédite, révèle Jeune Afrique.

L'enquête de Jeune Afrique sur la stratégie défensive. "L'opposant a cependant pris soin de faire comprendre à ses adversaires que celle-ci [son arrestation] ne se ferait certainement pas sans effort, voire sans dommage", note Jeune Afrique. Cette mise en garde n'est pas vaine : une source au ministère de l'Administration territoriale, contactée par Jeune Afrique, ne rejette pas "l'hypothèse d'une arrestation d'Issa Tchiroma Bakary, comme ce fut le cas en 2019 pour Maurice Kamto".

Les révélations de Jeune Afrique sur le dilemme du pouvoir. Le cas Kamto, évoqué par la source gouvernementale citée par Jeune Afrique, éclaire la difficulté de l'opération envisagée. En 2019, Maurice Kamto avait été arrêté à Douala, loin de ses bastions électoraux. Mais Tchiroma se trouve à Garoua, au cœur du Septentrion qui lui est massivement acquis. "Tout ça pour Tchiroma ?" interroge ironiquement l'opposant dans son message du 23 octobre, sachant pertinemment que toute tentative d'arrestation pourrait embraser toute la région du Nord.

L'analyse exclusive de Jeune Afrique. La distance géographique joue en faveur de Tchiroma. Jeune Afrique souligne que Garoua se situe "à près de 1 000 km au nord de Yaoundé", ce qui complique considérablement toute opération militaire ou policière. Un assaut nécessiterait une logistique importante et laisserait le temps aux partisans de l'opposant de se mobiliser. "Arrêtez vos menaces : elles irritent le peuple camerounais et mettent le pays en danger", avertit Tchiroma, conscient de l'avantage stratégique que lui confère son ancrage territorial.

Ce que Jeune Afrique a découvert sur le plan B. Face au risque d'arrestation, l'opposant a préparé une riposte juridique internationale. Jeune Afrique révèle que "le même jour" où Tchiroma mettait en garde contre un assaut, "un collectif d'avocats africains a été présenté lors d'une conférence de presse comme future force de frappe de l'opposant sur la scène juridique nationale et internationale". Le Mauritanien Jemal Taleb, avocat spécialiste des litiges internationaux, a prévenu dans des propos rapportés par Jeune Afrique : "Nous irons devant tous les tribunaux nécessaires, nous invoquerons la compétence universelle là où elle est possible."

Les informations obtenues par Jeune Afrique. Cette double stratégie – bouclier humain à Garoua et arsenal juridique international – transforme toute tentative d'arrestation en cauchemar politique pour le régime. "Si le Conseil constitutionnel et ceux qui tirent les ficelles derrière proclament un résultat non conforme à celui des urnes, ils prennent le risque d'élargir l'instabilité dans le pays et de créer des conditions pouvant mener à des exactions", avertit Jemal Taleb selon Jeune Afrique.

Les révélations de Jeune Afrique sur la radicalisation. La tension monte d'un cran. Notre enquête révèle que "plusieurs de ses soutiens sur les réseaux sociaux ont partagé ces derniers jours des messages appelant à la résistance face aux forces de l'ordre – y compris des tutoriels de sabotage de véhicules". Une escalade qui transforme la question de l'arrestation de Tchiroma en bombe à retardement pour le régime.

Pourquoi c'est crucial. Comme le documente Jeune Afrique, "un cadre du ministère de l'Administration territoriale" a prévenu qu'"une fois terminées la proclamation des résultats et la prestation de serment, quiconque voudra encore maintenir le désordre avec une revendication illégitime sera considéré comme hors la loi et traité comme tel". Mais Garoua n'est ni Yaoundé ni Douala. La forteresse humaine que Tchiroma a construite autour de sa résidence, révélée par Jeune Afrique, pourrait transformer toute tentative d'arrestation en conflit ouvert avec le Septentrion. "L'issue du bras de fer reste imprévisible", conclut Jeune Afrique, mais une certitude demeure : le 27 octobre et les jours suivants seront déterminants pour savoir si le pouvoir osera défier le bastion de Garoua.

Source: www.camerounweb.com