Les avocats camerounais en grève contre les violences policières

Avocats Barreau Cameroun Image illustrative

Thu, 6 Mar 2025 Source: www.camerounweb.com

Depuis le mercredi 5 mars, les avocats camerounais observent une grève de trois jours pour dénoncer les violences policières dont ils sont régulièrement victimes. Ce mouvement, impulsé par le conseil de l’Ordre des avocats, fait suite à plusieurs incidents récents ayant suscité l’indignation de la profession et de l’opinion publique.

Dans un communiqué, le conseil de l’Ordre a dénoncé des « violences physiques, barbaries et autres traitements humiliants » infligés aux avocats par les forces de l’ordre. Ces pratiques, qualifiées de « récurrentes », ont été illustrées par des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, montrant des agents de police s’en prendre à des membres de la profession.

Le bâtonnier de l’Ordre, Me Eric Mbah, a cité deux cas récents. Le premier, survenu le 1er mars, montre des policiers exerçant des « violences et autres actes dégradants et inhumains » sur un avocat. Quelques jours auparavant, un autre avocat avait été séquestré après avoir dénoncé des violations des droits de ses clients. Le conseil de l’Ordre a annoncé avoir engagé des poursuites judiciaires contre les auteurs de ces actes.

Cette grève a paralysé plusieurs tribunaux de Yaoundé, la capitale, où les salles d’audience sont restées vides le premier jour de la mobilisation. Les avocats réclament justice et une meilleure protection dans l’exercice de leur métier.

Des violences devenues « la norme »

Les violences contre les avocats ne sont malheureusement pas nouvelles. En novembre dernier, Me Richard Tamfu, un avocat de Douala, avait été interpellé et molesté par des gendarmes, avant d’être hospitalisé. Malgré les protestations de l’Ordre des avocats, l’enquête n’a pas progressé au-delà de simples auditions, déplore la victime.

« Les agressions contre les avocats dans les unités de police et de gendarmerie deviennent progressivement la norme », s’était indigné l’Ordre à l’époque. Cette situation s’inscrit dans un contexte plus large de répression et d’impunité au Cameroun, dénoncé par des organisations de défense des droits humains.

L’ONG Human Rights Watch (HRW) a pointé du doigt « une culture d’impunité généralisée lorsqu’il s’agit d’abus commis par les forces de sécurité ». Cette critique intervient à quelques mois de la présidentielle, dans un climat politique tendu.

La semaine dernière, un nouvel incident a renforcé la colère des avocats. Me Gilbert Ngawou, intervenant dans un conflit de terrain à Douala, a été appréhendé par des policiers, roué de coups, puis interpellé. Ce cas a encore alimenté le sentiment d’insécurité au sein de la profession.

Une mobilisation pour la dignité et la justice

La grève des avocats vise non seulement à dénoncer les violences policières, mais aussi à réclamer des réformes pour garantir leur sécurité et leur indépendance. Le conseil de l’Ordre exige que les auteurs de ces actes soient traduits en justice et que des mesures concrètes soient prises pour mettre fin à ces pratiques.

Cette mobilisation rappelle l’importance du rôle des avocats dans la défense des droits et des libertés, et souligne les défis auxquels ils font face dans un contexte où l’État de droit est souvent mis à mal.

Source: www.camerounweb.com