Le gouvernement a de nouveau communiqué sur l’affaire Martinez Zogo, notamment sur les versions données par les médias et lanceurs d’alertes nationaux ou ceux qui sont en exil. Le ministre de la Communication René Emmanuel Sadi regrette que les informateurs se permettent de présenter des situations fausses pour manipuler l’opinion.
Le web journaliste et créateur de contenus Michel Biem Tong lui, voit à travers cette sortie médiatique du gouvernement, une volonté déguisée de mettre sous silence la presse une nouvelle fois dans cette affaire et de finir par libérer les suspects.
Il écrit sans détour que « le pouvoir de Yaoundé menace les journalistes qui commentent l’affaire Martinez Zogo ».
Ainsi, « le pouvoir Biya tente de museler la presse et les activistes sur les réseaux sociaux qui dénoncent l’assassinat de Martinez Zogo en leur rappelant que seuls les officiers de police judiciaire et le commissaire du gouvernement ont le droit de communiquer sur le sujet ».
Michel Biem Tong ajoute également que « comme il n’est pas dans les habitudes de tout ce beau monde de communiquer, on brandit le Code pénal aux hommes de médias ».
Par conséquent alerte-t-il, « cette tentative de bâillonnement de la presse camerounaise est à condamner avec la dernière énergie et trahit la volonté pour le gouvernement camerounais de torpiller l’enquête et in fine de libérer les suspects ».
Communiqué du gouvernement
Alors que les enquêtes préliminaires relatives à l'assassinat de Monsieur Martinez Zogo, chef de chaîne de la radio urbaine « Amplitude FM », sont en train d'être menées par la Commission mixte gendarmerie-police mis en place par le chef de l’État, une certaine opinion s'élève, pour exiger une communication gouvernementale plus intenso et plus régulière sur le déroulement de ces investigations, en insinuant comme une volonté délibérée de rétention de l'information.
A cet égard, le ministre de la Communication tient à rappeler que, depuis la disparition de Monsieur Martinez Zogo, cinq interventions publiques par voie de communiqués de presse ont été faites, par la présidence de la République et le gouvernement, pour condamner ce crime odieux, assurer aux uns et aux autres que les procédures en cours permettront d'établir l'identité et les responsabilités de toute personne impliquée dans cet assassinat, redire tout le soutien du chef de l’État à la profession de journaliste, ainsi que sa détermination à continuer son combat en faveur de la démocratie, et pour le primat de la justice.
A ce sujet, il convient de relever que toute communication intervenant sur une affaire, alors qu'une enquête de police judiciaire est en cours, est encadrée par les dispositions pertinentes du Code de procédure pénale, qui dispose en son article 102, alinéa 1, que « la procédure durant l'enquête de police judiciaire est secrète. Toutefois, le secret de l'enquête n'est pas opposable au ministère public ».
En outre, l'alinéa 3 du même article, réserve aux seuls Officiers de police judiciaire, la possibilité de publier, après visa du procureur de la République, des communiqués et documents relatifs à certaines affaires dont ils sont saisis. Dans ce cas précis, lesdits communiqués et documents doivent être publiés par les organes de presse sans commentaires, sous peine des sanctions prévues par la loi, en l'occurrence les articles 169 et 170 du Code pénal, qui condamnent à des peines pénales, « celui qui relate publiquement une procédure judiciaire non définitivement jugée, dans les conditions telles qu'il influence même non-intentionnellement l'opinion d'autrui, pour ou contre l'une des parties ».
D'ailleurs, la commission d'une telle infraction par voie de presse, constitue une circonstance aggravante au sens de la loi. En tout état de cause, les restrictions sus-évoquées s'appliquent aux contenus des communications liées à toutes les procédures judiciaires en cours, de quelque nature que ce soit, ainsi qu'aux investigations y afférentes.
Le gouvernement de la République n'en est pas exempté, tout comme l'ensemble des médias, qui, de ce fait, sont tenus au respect scrupuleux de ces dispositions de la loi.
En conséquence, le gouvernement de la République exhorte l'opinion publique à davantage de mesure et de responsabilité, et entend réitérer ici, une fois de plus, sa détermination à tout mettre en œuvre, pour la poursuite sereine des enquêtes prescrites par le chef de l'État sur l'assassinat de Monsieur Martinez Zogo, et dont les résultats seront connus en temps opportun.