À 91 ans et après 42 années de règne, Paul Biya repart à l'assaut du pouvoir. Sa candidature pour un huitième mandat présidentiel, annoncée le 13 juin dernier, ne surprend que par son timing tardif. Dans un système où les institutions électorales semblent taillées sur mesure pour garantir sa victoire, l'opposition camerounaise se trouve face à un défi existentiel : s'unir ou disparaître dans l'insignifiance politique. Car face à une machine électorale rodée et des arbitres nommés par le pouvoir en place, seule une coalition unie et déterminée peut espérer bousculer un ordre établi qui défie les alternances démocratiques.
Paul Biya candidat pour un huitième mandat : quand les institutions électorales sont taillées à la mesure du prince, seule une opposition unie peut renverser la donne
Le 13 juin 2024, contre toute attente, le président sortant Paul Biya a officiellement annoncé sa candidature à l’élection présidentielle prévue en octobre 2025. Pour la huitième fois consécutive, l’homme fort d’Etoudi, âgé de plus de 90 ans, a choisi de briguer un nouveau mandat, balayant ainsi les spéculations sur un éventuel retrait.
C’est sur sa page Facebook, dans une mise en scène presque théâtrale, que cette annonce a été faite. Un style direct, sans détour, à la manière d’un chef qui ne rend de comptes à personne. Une manière aussi d’illustrer la verticalité du pouvoir dans notre pays.
Mais au fond, peut-on vraiment être surpris ? Depuis son arrivée au pouvoir, Paul Biya n’a jamais perdu une élection présidentielle. Une longévité électorale inédite qui soulève, à juste titre, de nombreuses interrogations.
Certains de ses partisans mettent en avant sa capacité exceptionnelle de mobilisation. D’autres, plus lucides, évoquent un système électoral verrouillé de bout en bout. En effet, les institutions censées arbitrer le jeu démocratique telles qu’Elecam et le Conseil constitutionnel sont dirigées par des personnalités nommées par le chef de l’État lui-même. Or, une nomination en contexte politique n’est jamais neutre : elle est le plus souvent orientée et soumise à des obligations implicites. Dès lors, peut-on raisonnablement espérer qu’une institution placée sous tutelle proclame un résultat défavorable à celui qui l’a installée ?
Dans ces conditions, l’idée d’une élection libre, transparente et équitable devient purement théorique. C’est pourquoi l’opposition camerounaise ne peut plus se permettre d’avancer en ordre dispersé. L’heure n’est plus aux querelles d’ego ni aux calculs partisans.
Il est impératif que les forces politiques opposées au régime actuel unissent leurs efforts pour constituer un bloc crédible, capable non seulement de mobiliser les électeurs, mais aussi de défendre, avec vigueur, la souveraineté populaire dans l’éventualité d’un scrutin entaché d’irrégularités.
Chers leaders de l’opposition, il est temps de prendre la mesure de l’enjeu. Il ne s’agit plus simplement d’une bataille électorale, mais de l’avenir de la nation. Le peuple camerounais, lassé par des décennies d’injustices et de pauvreté, vous regarde. Il attend de vous un sursaut patriotique, une vision collective, une stratégie commune.
L’histoire jugera votre capacité à vous élever au-dessus des intérêts individuels. Car l’union fait la force.
Benji Infos, militant pour l’alternance sous toutes ses formes au Cameroun.