Depuis quelques temps les documents relatifs à l’interdiction de sortie du pays d’un certain nombre de gestionnaires de fonds publics, en poste ou en retrait, circulent sur la toile et sont largement relayés par la presse. Ces documents qui laissent présager d’un début de poursuites judiciaires pour ces gestionnaires deviennent l’objet de nombreux commentaires, qui fusent ci et là. Le journaliste Georges Alain Boyomo dans son éditorial paru dans le journal Mutations du 19 mars 2018 parle du caractère illégal, de ce phénomène qui gagne des proportions qui devraient en principe inquiétées les administrations auteures desdits documents.
«S’il est admis que la mise en circulation de ces documents administratifs viole la présomption d’innocence, principe de droit selon lequel un individu, même suspecté d’avoir commis une infraction, est considéré comme innocent avant d’avoir été jugé par un tribunal. S’il est constant que les personnes qui les balancent sur les réseaux sociaux s’exposent à des poursuites pour violation du secret professionnel ou pour recel de documents administratifs, le silence des autorités de la gendarmerie nationale et de la police étonne et détonne», écrit Georges Alain Boyomo.
Selon des investigations menées au sein du sérail, les personnes qui font ces fuites sont en fait impliquées dans une guerre de réseaux qui bat son plein au plus haut sommet de l’Etat. «Il y a derrière tout cela une organisation qui a pour objectif de forcer la décision suprême, de la décourager ou encore de lancer un ballon d’essai. Dans le premier cas, il s’agirait, dans la configuration alléguée de la bataille des «réseaux», pour un clan de faire tomber les piliers d’un autre. Sans qu’on ne sache jusqu’où cette information est vraie, il se dit que la plupart des personnalités livrées ces derniers temps à la vindicte populaire appartiennent au «réseau» d’un baron mis en réserve de la République. Dans la deuxième hypothèse, ayant saisi le code Biya, qui adore le contre-pied et l’effet de surprise, les personnalités dans le collimateur du redoutable rapace, organiseraient elles-mêmes les fuites pour dissuader toute poursuite. Accessoirement, cela les aiderait à se «victimiser», analyse Georges Alain Boyomo.