Gros choc au sein de la communauté politique camerounaise avec l'annonce du décès d'Anicet Ekane. Le président du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) est mort à 75 ans et le régime de Yaoundé l'y a un peu aidé.
Dieudonné Yebga, pour parler un peu de l'homme, est cet ancien président du Manidem, également ancien cadre informaticien à Eneo. Yebga n'a pas sa langue dans sa poche.
On connait très bien le compatriote pour ses prises de position critiques vis-à-vis du clan de Paul Biya. C'est d'ailleurs grâce à son activisme contre le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) qu'il s'est distingué.
En 2014, il accède à la présidence du Manidem, faisant valoir une orientation plus offensive face au pouvoir en place, dénonçant les exactions du pouvoir. Il n'est pas tout blanc dans la mort d'Anicet Ekane.
L'activiste N'zui Manto le pointe directement : « Dieudonné Yebga, ton frère que tu as trahi et livré à l'ennemi vient de mourir. Fais exactement ce que Judas avait fait. Cherche une corde et dirige-toi vers l'arbre le plus proche. Les quelques pièces d'argent en guise de salaire que t'avait remises l'ennemi, jette-les dans un champ ».
Yebga doit se sentir gêné et impuissant. Dans l'arrestation et la détention arbitraire d'Anicet Ekane, toutes les sources se sont accordées pour dire que Yebga n'a rien fait pour aider son compagnon de lutte. Au contraire, il l'a jeté dans les bras de l'ennemi avant d'observer de loin ce qui lui est arrivé.