L’affaire Martinez Zogo peut chavirer à tout moment avec un rebondissement le plus fou et spectaculaire. L’homme d’affaires Jean-Pierre Amougou Belinga, le patron de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) Léopold Maxime Eko Eko, les agents de DGRE avec à leur tête le lieutenant-colonel Justin Danwe pourraient être libérés contre toute attente, selon Arol Ketch qui donne une alerte qui n’est pas à prendre à la légère.
Le contenu de sa déclaration est tellement intéressant que le journaliste politique Rémy Ngono n’a pas pu s’empêcher de le relayer sur les réseaux sociaux, demandant à l’opinion nationale et internationale de ne jamais relâcher la pression maintenue dans l’affaire du journaliste de la radio Amplitude FM sauvagement assassiné.
« Assassinat de Martinez Zogo : la pression doit être maintenue. Dans l’affaire des neuf disparus de Bepanda, lorsque la pression a baissé, tous les suspects ont été libérés. Le 23 janvier 2001 pour une banale histoire de disparition d’une bouteille de gaz, neufs jeunes du quartier Bepanda à Douala sont interpellés et mis aux arrêts.
Ils sont conduits au sinistre commandement opérationnel situé à la deuxième région militaire au quartier Bonanjo. C’est là-bas qu’on perdra définitivement leurs traces. Ce lieu épouvantable était connu sous l'appellation Kosovo. On y pratiquait la torture. Des exécutions sommaires et extrajudiciaires y étaient légion.
Depuis leur lieu de détention, les jeunes de Bepanda vont rédiger des notes pour relater les supplices qu’ils subissent et, fait curieux, ils disent n’avoir pas été interrogés sur l’affaire de la bouteille de gaz pour laquelle ils ont pourtant été arrêtés. Leurs familles disent les avoir vus pour la dernière fois le 28 janvier 2001 au siège de l'État-major du commandement opérationnel. On n’entendra plus jamais parler d’eux. Ils ont été exécutés sans jugement, victimes du commandement opérationnel.
Ils s’appelaient Tchiwan Jean Roger (33 ans), Kuaté Fabrice (21 ans), Kuété Charly (33 ans), Etaba Marc (38 ans) , Kouatou Elisée (23 ans), Koundjou Kouatou Charles II (24 ans), Ngouffo Frédéric (34 ans), Chia Eric (32 ans) et Chia Eficain.
Cette affaire avait ému le monde et soulevé une mobilisation générale sans précédent au Cameroun et sur le plan international. Des organisations de défense des droits de l’homme, des mouvements politiques, des organisations religieuses se sont mobilisés aux côtés des familles pour obtenir justice. Le cardinal Christian Tumi interpelle directement le président de la République Paul Biya qui a mis en place cette force.
Il va se créer le Comité pour les neuf de Bepanda, en abrégé C9. Amnesty International, l'Association pour la prévention de la torture (APT), la Fédération internationale de l'ACAT (FI.ACAT), la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et l'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme (FIDH/OMCT) somment le gouvernement camerounais de clarifier la situation des neuf disparus de Bepanda. La commission des droits de l’Homme des Nations unies va aussi exiger la lumière sur cette affaire.
De nombreuses manifestations interdites sont organisées dans la ville de Douala. Face à cette mobilisation inédite et à la pression internationale, le président de la République Paul Biya ordonne une enquête approfondie sur l'affaire de neuf de Bepanda.
Pour calmer les esprits, on annonce les arrestations de plusieurs officiers qui seraient impliqués dans l’assassinat des neuf de Bepanda. La foule exulte après l’arrestation des officiers impliqués, la mobilisation prend fin.
En réalité, ces officiers de l’armée avaient été arrêtés juste pour calmer la foule et la communauté internationale. En Octobre 2001, soit quelques mois après leur arrestation, les officiers arrêtés sont tous libérés. La procédure judiciaire est annulée et sa reprise à zéro est ordonnée.
Le capitaine Bobbo Ousmanou, les capitaines Onana Ambassa et Jean Jacques Abah Ndzengué, le chef de bataillon Nyamsi Pascal, le sous-lieutenant Eyong Taku, l’adjudant-chef Houag, le Maréchal des logis chef Adroumpai Anaidjo sont libres, en attendant la suite de la procédure.
Le 09 juillet 2002, le tribunal militaire de Yaoundé condamne Bobbo Ousmanou et Abah Nzengue Jean-Jacques respectivement à 15 mois de prison avec un sursis de 03 ans et à 16 mois de détention militaire pour "violations de consignes".
Sur les quatre principaux chefs d’accusations (assassinat, torture, corruption et violations de consignes), le tribunal militaire de Yaoundé ne retient que la dernière infraction. Rejetant les faits d’assassinat, de torture et de corruption, le tribunal militaire acquitte trois accusés pour faits non établis : Ayong Taku Nicolas, Touang Samuel et Evoudou Luc. Les cinq autres sont déclarés non coupables, au bénéfice du doute : Bobbo Ousmanou, Abah Nzengue Jean-Jacques Urbain, Yérémé Nyamsi Pascal, Androumpai Andjo et Onana Ambassa.
Ainsi donc, les six autres gendarmes, trois officiers et trois sous-officiers, ont été quant à eux acquittés, les uns "au bénéfice du doute", les autres pour "faits non-établis". Le tribunal conclut que les familles des neuf ne peuvent pas prétendre à une quelconque réparation ou indemnisation. Une parodie de justice.
La conclusion des enquêtes et le rapport de l'ancien responsable du commandement opérationnel sont révoltants et insultants pour les familles des victimes. Selon les enquêtes, les suspects se sont évadés d’une cellule au commandement opérationnel, avant leur traduction en justice. Ils se seraient enfuis au Nigeria en creusant un trou sur le mur au niveau des toilettes.
Toute cette littérature pour vous demander de maintenir la mobilisation dans l’affaire Martinez Zogo. L’arrestation des personnes impliquées dans son assassinat a été faite pour calmer l’opinion. Si la pression n’est pas maintenue, ceux-ci seront libérés au terme d’une parodie de justice lorsque l’opinion se sera calmée et la mobilisation estompée.
Je reviens sur l’affaire des neuf disparus de Bepanda dans mon livre: "Rivière de sang : Enquêtes sur les morts non élucidées qui ont marqué le Cameroun" », écrit l’écrivain.