Résultats d’enquêtes : une masse importante d’informations recueillies, Amougou Belinga est au bord du gouffre

Les évolutions de l’enquête sont très positives

Wed, 8 Feb 2023 Source: www.camerounweb.com

Les deux nuits qu’a passées Amougou Belinga au Secrétariat d’Etat à la défense(Sed) est un révélateur de son implication dans l’assassinat de Martinez Zogo et nul ne devrait plus s’en douter.

Un autre exemple illustre l’implication du PDG du groupe l’Anecdote : les résultats de l’enquête en cours. Dès la mise en place de l’enquête mixte Police-Gendarmerie, les choses ont commencé à prendre une autre tournure et un nombre important d’éléments a pu être regroupé.

« Les évolutions de l’enquête sont très positives. On aurait pu penser dans un premier temps que ça allait prendre du temps. Très vite il y a eu d’abord une première phase d’arrestation d’une vingtaine de membres de la DGRE, le patron de la DGRE, le directeur des opérations.

Dans un deuxième temps, une personne qui était fortement suspectée d’être impliquée, Monsieur Jean Pierre Amougou Belinga dont le nom était cité depuis le début de l’affaire et qui a été cité par les gens qui ont été arrêtés à la DGRE comme ayant participé, voire ayant commandité le crime contre le journaliste. Donc ce qui fait que monsieur Belinga et une partie de son entourage ont été arrêtés. Ce qui va permettre de pouvoir concourir à la manifestation de la vérité », précise Arnaud Froger chef de bureau Afrique de Reporters sans frontières (Rsf).

Depuis la disparition de Martinez Zogo jusqu’à son assassinat, Reporters sans frontières (Rsf) a tout mis en œuvre pour découvrir la vérité. Son irruption dans l’enquête avec la diffusion de certaines informations a d’ailleurs précipité l’arrestation de Jean-Pierre Amougou Belinga.

Selon les informations obtenues par Reporters sans frontières (RSF), plusieurs membres des services de renseignement camerounais ont été arrêtés et un suspect ayant avoué avoir participé à l’assassinat du journaliste Martinez Zogo assure même que l'actuel garde des Sceaux aurait été le donneur d’ordre.

Plus d’une vingtaine de membres de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) ont été arrêtés ces derniers jours à Yaoundé, la capitale du Cameroun, en lien avec l’assassinat du journaliste Martinez Zogo, dont le corps mutilé a été retrouvé dimanche 22 janvier. Ces arrestations, qui ont permis de recueillir des dépositions sidérantes, interviennent dans une ambiance de guerre de succession, voire de déstabilisation majeure du régime du président Paul Biya, qui aura 90 ans dans quelques jours.

Le patron du service de contre-espionnage, Léopold Maxime Eko Eko, a lui-même été arrêté. Hier soir, ce dernier niait encore avoir été mis au courant du projet visant à réduire au silence le présentateur d’Amplitude FM. Pourtant, son propre adjoint, le directeur des opérations spéciales Justin Danwe, a fait une déposition saisissante. Dans des aveux rédigés de sa propre main au cours de son interrogatoire, que RSF a pu consulter, celui qui apparaît comme le chef du commando livre un un récit détaillé du plan macabre mis en place pour faire taire le journaliste. Il reconnaît sa propre implication et assure avoir prévenu son supérieur. Un récit accablant qui démontre que l’homicide relève du crime d’État.

Le lieutenant-colonel décrit de manière précise une opération de filature qui a duré une semaine pour connaître les habitudes du journaliste jusqu’à son enlèvement dans la soirée du 17 janvier par des éléments de la DGRE, dont Justin Danwe lui-même, qui a constitué le groupe. Martinez Zogo est alors amené dans un immeuble en construction appartenant à Jean-Pierre Amougou Belinga, un homme d’affaires puissant impliqué, selon le journaliste, dans des opérations de détournements de fonds présumés.

Selon Justin Danwe, Jean-Pierre Amougou Belinga aurait asséné des coups au journaliste dans le sous-sol de son immeuble. L’homme d’affaires aurait alors appelé Laurent Esso, le garde des Sceaux dont il est proche, afin de lui demander quel sort réserver au présentateur radio. D’après ce témoignage, le ministre, un des hommes les plus puissants du régime, lui aurait alors répondu de “finir le travail” pour éviter une nouvelle affaire Paul Chouta, un journaliste laissé pour mort au bord d’une route l’année dernière, après avoir été passé à tabac par un mystérieux commando, qui n’a jamais été identifié.

L’homme d’affaires n’aurait pas assisté à la “fin du travail” que Justin Danwe reconnaît avoir effectué avec ses hommes. Selon des informations obtenues d’une source médicale par RSF, le corps du journaliste a été sévèrement mutilé : doigts coupés, multiples fractures au niveau des bras et des jambes, barre de fer enfoncée dans l’anus…

L’enquête qui est dirigée par une commission mixte composée de gendarmes et de policiers mis en place sur instruction du président de la République Paul Biya, a donc connu des avancées notables au cours des derniers jours. Jusqu'où ira-t-elle ? Selon nos informations, d’autres personnalités importantes dont plusieurs ministres proches de Jean-Pierre Amougou Belinga pourraient avoir été mises au courant et pourraient même être impliquées dans le projet ayant conduit à l’assassinat de Martinez Zogo. L’issue des investigations demeure très incertaine tant les ramifications de cette affaire remontent au plus haut niveau de l’État dans un contexte décrit par plusieurs sources locales comme quasi insurrectionnel. Un temps annoncé arrêté la nuit dernière, Jean-Pierre Amougou Belinga, est finalement apparu dans l’une de ses sociétés ce matin affichant une sérénité déconcertante compte tenu des accusations pesant contre lui.

RSF a tenté à plusieurs reprises de joindre le garde des Sceaux Laurent Esso sans y parvenir.

Source: www.camerounweb.com
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