Le président Paul Biya se maintient à la tête de l’Etat du Cameroun jusqu’en l’an 2025. Il a remporté par 71% l’élection tenue le 7 octobre dernier, loin devant ses principaux rivaux Maurice Kamto (14%) et Cabral Libii (6, 28%).
Le Cameroun dont Paul Biya prend les rênes à 85 ans connait certaines tares dont la montée du radicalisme dans les deux régions anglophones du pays. Le ressentiment des populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest s’est mué en un véritable désir se séparation d’avec les régions francophones du pays. Toutes les tranches d’âge sont réunies pour la cause, la jeune génération étant plus radicale que les anciens leaders de la contestation. Elle veut la sécession et pour se faire entendre, elle a pris les armes aux lendemains d’une manifestation violemment réprimée par les forces de sécurité en novembre 2016 à Bamenda.
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Un conflit a, depuis lors, éclaté entre les forces séparatistes et l’armée camerounaise.
Une Coupe d’Afrique de football en vue
Les tentatives du gouvernement pour résorber la crise dite des anglophones se sont avérées inefficaces tant les parties se sont endurcies dans leurs positions. Des appels au dialogue fusent de partout, aussi bien de la classe intellectuelle camerounaise que des partenaires du pays. Reste plus qu’à déterminer dans quelles conditions se tiendra le dialogue.
Depuis plus d’un an, le Cameroun est engagé dans la préparation de la Coupe d’Afrique des nations (Can 2019). Les travaux avancent avec beaucoup de retard et l’organisation de la compétition pourrait bien être retirée au Cameroun. Le lancement des chantiers de la Can a pourtant nécessité de gros investissements et le pays a également contracté de nouvelles dettes. C’est le cas à titre illustratif du stade de Japoma qui a été financé à hauteur de 139 milliards de F CFA (211,9 millions d’euros) à travers une ligne de crédit apportée par le groupe bancaire italien Intesa SanPaolo Group.
Une économie peu reluisante
Le tissu économique du Nord-Ouest et du Sud-Ouest s’effondre au fur et à mesure que perdure les conflits dans les deux régions anglophones, avec des répercussions dans tout le pays. Les recettes des exportations de cacao, de café, de banane, et du pétrole brut en ont pris un coup. Les entreprises elles-mêmes subissent les impacts de cette crise. Elles ont enregistré des pertes de l’ordre de 350 milliards de Francs CFA, a indiqué en septembre le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam).
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Les conséquences pour les entreprises sont entre autres : la fermeture des unités de production ; l’augmentation des mesures de sécurité autour des installations encore opérationnelles, avec pour effet l’augmentation des coûts de production ; l’annulation des plans d’extension, d’investissement et de négociation avec des partenaires étrangers.
De nombreuses entreprises envisagent une cessation de leurs activités. Cela entraineraient des pertes de l’ordre de 10 milliards de Fcfa selon des chiffres avancés par le Gicam.
Le différentes crises sécuritaires que connait le Cameroun affecte aussi les petits producteurs. Dans la région de l’Extrême-Nord où sévit Boko Haram comme dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, les agriculteurs, les éleveurs et les pêcheurs ont dû abandonner leurs activités par peur d’être pris pour cible des assaillants. Des milliers de personnes ont dû abandonner leurs foyers pour survivre dans des abris temporaires où chez des proches parents. Une situation particulièrement difficile dans la mesure où leurs hôtes vivent pour la plupart dans la précarité.