Sur 654 grands électeurs inscrits dans la région de l’Adamaoua, 653 ont répondu présent dans les bureaux de vote ce 12 mars 2017 pour une seule abstention. Les joutes électorales ont donc tenu leurs promesses dans la région de l’Adamaoua qui confirme son statut de vitrine de la démocratie électorale au Cameroun. La campagne fut dense, intense, épique et le suspens aura duré, comme attendu, jusqu’à la dernière minute. Une dernière minute s’est jouée dans les prolongations et qui auraient été fatales sans le professionnalisme dont a fait montre Elecam. On se souvient qu’à l’occasion des élections régionales précédentes, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc) dans la région de l’Adamaoua avait obtenu 14 conseillers régionaux contre 56 pour l’Union pour la Démocratie et le Progrès (Undp). Ce renfort en conseillers régionaux Undp modifiait fortement la configuration des grands électeurs. Ainsi, à la veille des votes, hormis les électeurs du commandement traditionnel, le Rdpc présentait 321 grands électeurs (G.E) contre 308 pour l’Undp sans oublier les deux grands électeurs de Univers et les quatre du Pcrn. La situation initiale aurait été davantage critique si l’Undp n’était handicapée par la présence des cumulards qui de ce fait n’avaient droit qu’à un seul vote. En tout état de cause, le rapport des grands électeurs issus des partis (ceci toujours à l’exception des électeurs issus du commandement traditionnel) ne concédait la majorité absolue à aucune des deux formations, tant on se souvient qu’avec une avance de 40 grands électeurs aux régionales, le Rdpc avait dû revoir ses ambitions. Puisque la circonscription électorale est départementale, on peut observer cette répartition des conseillers municipaux (CM) par départements par ordre décroissant : la Vina avec 218 C.M ; le Mbéré avec 116 CM ; le Faro et Deo avec 100 CM ; le Mayo-Banyo avec 97 CM et le Djerem, avec 66 CM. Pour mieux saisir les enjeux par département, on peut visiter les écarts qui existent entre les nombres des CM des deux formations en lice. On a donc par ordre décroissant : Mbéré : + 100 en faveur du Rdpc ; Mayo-Banyo : +15 en faveur du Rdpc ; Faro et Deo : +50 en faveur de l’Undp ; Vina : + 20 en faveur de l’Undp ; Djerem : +4 en faveur de l’Undp. Une question s’impose d’ores et déjà en toute logique : d’où vient-il que des personnes déclarées artisanes de la victoire d’aujourd’hui sortent des départements disposant des plus faibles écarts de CM avec l’opposition, quand ils ne sont pas simplement minoritaires doublés encore en petit nombre de CM ? la question s’impose davantage en ceci que ce très faible écart résulte des défaites cumulées par le Rdpc dans ces localités aux municipales et aux régionales. S’il fallait définir brièvement une matrice SWOT, la Vina, le Faro et Deo, et le Djerem se repartiraient dans les cases «menace» et «faiblesse», tandis que le MayoBanyo serait dans la case «opportunité» et le Mbéré dans la case «force». La matrice aurait joué sans doute comme un devin en ceci que si le vote du Mayo-Banyo a été le contrepoids aux assauts de l’Undp, les suffrages du Mbéré ont mis tout le monde d’accord ! A l’entame donc, le fort effectif des grands électeurs dans le Mbéré est non seulement l’expression de la vitalité très ardente et dissuasive du Rdpc dans la région, mais il est en lui-même la pierre d’angle sur laquelle le parti des flammes se déploiera tous azimuts. Ce fort effectif dans le Mbéré était toutefois contrebalancé par les données des autres départements. Le traumatisme des élections régionales où, malgré le fait qu’il affichait un avantage de 40 grands électeurs, le Rdpc avait dû se plier à un verdict des urnes «irrationnel» était présent dans les mémoires. Les joutes électorales si bien engagées vont se dénouer en des séquences très palpitantes. L’Undp se paye d’abord une confortable avance dans la Vina avec 30 suffrages d’avance. Le Djerem essaye de sauver les meubles, mais là-bas même l’Undp l’emporte avec une voix de plus. Le score des grands comme on dit : 1-0. Le Faro et Deo vient aggraver le score en faveur de l’Undp avec un avantage de 33 suffrages supplémentaires. A ce moment, le Rdpc est mené de 64 voix. C’est alors que le Mayo-Banyo tente une sortie avec ses 20 suffrages supplémentaires en faveur du Rdpc, rien n’y fait, le Rdpc est toujours mené de 44 suffrages en faveur de l’Undp. C’est quand tout semble emballé que le Mbéré fait sa sortie avec ses 92 suffrages en faveur du Rdpc, l’Undp est échec et mat, victoire et majorité absolue ! Au finish donc, le Rdpc remporte les sénatoriales sur un score de 53, 83% en valeur relative pour 337 suffrages valablement exprimées en sa faveur contre 46,17% et 289 voix valablement exprimées en faveur de l’Undp. La victoire à la majorité absolue du Rdpc écarte même l’Undp du partage des sièges. L’actualité post-électorale invite à l’analyse, et rien de mieux que les chiffres pour nous édifier. Le Rdpc peut se féliciter d’un triomphe, d’une véritable victoire à l’arrachée grâce au département du Mbéré. En effet, les choses étaient plutôt tant et si bien mal engagées que l’on redoutait la santé de ceux ayant anticipé les réjouissances. Juste une parenthèse avant de continuer. Les abstentions sont aux élections ce que le temps additionnel est au football. Après coup, on croit que cela a joué en défaveur du vaincu, mais en réalité, cela joue pour tout le monde. Et le fait que cela joue en défaveur du vaincu, on a tendance à croire que les abstentions sont issues du camp des vaincus, ce que rien ne saurait justifier surtout considérant le secret du vote. Les abstentions pénalisent tout le monde. Avec un taux de participation de 99,85 %, les élections sénatoriales ont été donc très courues. Ce taux est à son pic maximum dans tous les quatre départements de la Région. Seule la Vina enregistre une abstention. Les suffrages sont valablement exprimés à 100% une fois de plus dans les seuls départements du Mbéré et du MayoBanyo. La Vina est au sommet des bulletins nuls avec 17 suffrages à blanc, suivi du Faro et Deo qui affiche 8 votes à blanc et enfin le Djerem qui se paye 2 votes nuls. Après la victoire de la dissuasion, voici la seconde victoire du Mbéré très constant qui remporte haut la main le prix de la participation suivi du Mayo-Banyo. Il convient encore de rappeler que les bulletins nuls ne profitent à personne et par conséquent ne peuvent être attribués à personne, si oui à tous. Après coup donc, l’on ne peut que constater que les craintes redoutées dans la Vina se confirment. Le Rdpc quasiment installé dans une logique de constante défaite dans la capitale régionale y perd sur un score sans appel de 95 suffrages valablement exprimés contre 125 en faveur de l’Undp. Ceci avec le plus grand nombre de bulletins nuls de la région et la seule abstention enregistrée autant de suffrages dans l’eau.
LE MBÉRÉ OU LE SENS DE L’INTÉRÊT SUPÉRIEUR DU PARTI