L'IDHAE - l’Institut des droits de l'homme des avocats européens, vient de libeller une pétition qui est en circulation.
Cette lettre s’adresse aux autorités camerounaises dont Paul Biya - le président de la République, Philémon Yang - le premier ministre chef du gouvernement, Laurent Esso - le ministre de la Justice, Garde des sceaux, et Dr Chemuta Divine Banda- le président de la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés.
Dans cette requête, l’IDHAE demande aux autorités camerounaises « de procéder à la révision et à l’annulation de la condamnation, et de libérer immédiatement Me Lydienne Yen Eyoum qui offre toutes les garanties de représentation, et d'agir en respect des instruments internationaux ratifiés par le Cameroun et notamment des principes de base relatifs au rôle du Barreau adoptés par le 8ème Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants tenu à La Havane au Cuba du 27 août au 7 septembre 1990 ».
Considérant que les conditions de détention de Me Lydienne Yen Eyoum sont sans rapport avec les prétendus délits qu'on lui reproche, l’IDHAE demande en plus « que soit effectivement garantie l’intégrité physique et psychologique de Me Lydienne Yen Eyoum ; qu’une enquête effective et indépendante soit menée sur les conditions de détentions, afin que leurs auteurs soient identifiés, dûment jugés et sanctionnés conformément à la loi en vigueur ; et que les autorités camerounaises se conforment aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme ratifiés par le Cameroun ».
Souvenances
L’avocate franco-camerounaise, est détenue depuis le 11 janvier 2010 à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui dans des conditions jugées « inhumaines ». Elle a été condamnée le 26 septembre 2014 à 25 ans de prison par le Tribunal criminel spécial l’ayant déclarée coupable d'avoir détourné 1,077 milliard de FCFA. En fait, la justice camerounaise reproche à l’épouse du Français Michel Loyse d'avoir perçu des honoraires sur des fonds qu'elle avait réussi, par décision de justice, à récupérer auprès de la filiale camerounaise de la Société générale - la Société générale de banque au Cameroun pour le compte du ministère des Finances. Dûment constituée par les divers ministres des Finances qui s’y sont succédés, pour régler un litige vieux de 17 ans, Me Lydienne Eyoum clame, de son côté, qu’elle justifie de l’autorisation prouvée du ministère de l’Economie et des Finances pour se faire payer ses honoraires sur les fonds recouvrés.
Vivement préoccupé par le traitement infligé à cette dernière, l’IDHAE - le seul Observatoire mondial des droits de la défense et des violations des droits des avocats, estime qu’elle n’est coupable de rien. Mieux, l’Institut se réfère à la décision du Groupe de travail de l’Onu sur la détention arbitraire prise lors de sa session du 20 au 29 avril 2015, que « l’arrestation et la privation de liberté de Lydienne Yen-Eyoum étaient arbitraires ». Et l’on se souvient que le 9 juin 2015, le même Groupe avait demandé au gouvernement camerounais « de prendre les mesures nécessaires pour remédier au préjudice matériel et moral subis par Lydienne Yen-Eyoum ».
Mais, le même 9 juin 2015, la Cour suprême a confirmé la condamnation de Lydienne Yen-Eyoum à 25 ans de prison et à la confiscation de ses biens. «
Ayant épuisé toutes les voies de recours qui s'offraient à elle, pourquoi Lydienne Yen- Eyoum devrait-elle être contrainte d’accepter une grâce présidentielle qui aboutirait à reconnaître une culpabilité, alors qu'elle clame son innocence depuis son arrestation ? », hurlent ses affidés qui ne ménagent aucun effort pour faire constater par des organes indépendants « l’insoutenable anomalie de la situation », soutenant que « Me Yen-Eyoum n'a commis aucune infraction ».
Ce d’autant plus que son co-accusé, l'ancien ministre des Finances - Polycarpe Abah Abah, avait été déclaré non-coupable, même s’il reste poursuivi dans d’autres dossiers. Un huissier de justice avait été également relaxé dans cette affaire. Bon à savoir, l’IDHAE est une organisation non gouvernementale composée de praticiens en droits de l’homme fondée en décembre 2001 à Luxembourg, et consacrée à la promotion et la sauvegarde des droits de l'homme et à la défense des avocats menacés dans le monde dans leur liberté d'exercice professionnel.