Samuel Eto'o traité comme un criminel et bientôt jeté en prison: ce n'est plus la blague

La crise qui secoue le football camerounais vient de franchir un nouveau cap. La Fédération camerounaise de football (Fecafoot), présidée par l'ancienne star internationale Samuel Eto'o, se trouve désormais dans le viseur de la justice pénale. Une plainte a été déposée devant le Tribunal criminel spécial (TCS) pour des accusations graves de détournement de fonds publics.

À l'origine de cette nouvelle offensive judiciaire se trouve notamment Justin Tagouh, ex-président du conseil d'administration de Bamboutos FC. Son club a récemment annoncé son retrait du championnat national, rejoignant ainsi d'autres équipes qui dénoncent le non-versement des primes et subventions étatiques.

"De 2022 à 2024, plusieurs milliards de francs CFA ont été débloqués pour soutenir le fonctionnement des compétitions, les arbitres, l'Onies et les clubs", affirme Tagouh dans un communiqué. "Or, ces fonds ont été dissimulés aux présidents de clubs, et détournés par la suite par la fédération."

Cette fronde intervient dans un contexte déjà tendu pour Samuel Eto'o, précédemment critiqué pour son association controversée avec une plateforme de paris sportifs, une situation qui avait déjà entaché son image à la tête de l'institution.

Au cœur du conflit se trouve l'exigence par la Fecafoot de justificatifs prouvant le paiement des joueurs comme condition préalable au versement des subventions gouvernementales. Une demande que Justin Tagouh qualifie de "subterfuge pour masquer un détournement de fonds", affirmant que l'État n'aurait imposé aucune condition de ce genre.

"À ce jour, aucun mécanisme clair de reddition des comptes n'est mis en place", poursuit l'ancien dirigeant. "La Fecafoot n'a fourni aucune justification sérieuse sur l'usage de ces aides de l'État et ne dispose plus de cet argent qui a été dilapidé, raison pour laquelle elle s'accroche sur ses demandes de justificatifs."

Cette affaire divise profondément le monde du football camerounais et l'opinion publique. Les soutiens d'Eto'o questionnent la réticence des clubs dissidents à fournir les justificatifs demandés, suggérant que ces derniers pourraient avoir quelque chose à cacher. Certains observateurs évoquent même des soupçons de corruption pesant sur les frondeurs.

La saisine du Tribunal criminel spécial marque une escalade significative dans ce conflit, ce tribunal étant normalement réservé aux affaires de grande corruption impliquant des sommes importantes ou des hauts responsables.

Pour Samuel Eto'o, cette nouvelle bataille judiciaire s'ajoute à une liste de controverses qui ont émaillé sa présidence depuis son élection à la tête de la Fecafoot en décembre 2021. L'ancien attaquant des Lions Indomptables, qui avait promis de révolutionner le football camerounais, se trouve aujourd'hui au centre d'une tempête qui pourrait compromettre sa légitimité à la tête de l'institution.