Des images circulant massivement sur les réseaux sociaux depuis quelques jours ont ravivé les débats concernant le patrimoine de l'ancien ministre d'État Charles Borromée Etoundi. Ces clichés montrent une imposante villa située en France, manifestement abandonnée depuis de nombreuses années, que plusieurs sources attribuent à l'ancien membre du gouvernement camerounais décédé en 2023.
Les images devenues virales révèlent une demeure de grand standing visiblement délaissée depuis 2010. On y découvre un jardin envahi par la végétation, des fenêtres condamnées et un mobilier autrefois luxueux aujourd'hui recouvert de poussière. Selon les informations accompagnant ces clichés, cette propriété appartiendrait à Charles Borromée Etoundi, mais aurait été totalement abandonnée par lui-même puis par sa famille depuis près de quinze ans.
La raison de cet abandon reste mystérieuse, alimentant de nombreuses spéculations sur les réseaux sociaux. Certains internautes évoquent une possible fuite précipitée, d'autres suggèrent des problèmes juridiques liés à l'acquisition du bien.
Charles Borromée Etoundi, figure politique originaire du clan Mvog Ada, avait connu une ascension fulgurante au sein du gouvernement camerounais. Nommé ministre d'État, ministre de la Santé publique en avril 1997, il avait remplacé Titus Edzoa qui venait de démissionner pour se présenter à l'élection présidentielle.
Avant cette nomination, Etoundi occupait les fonctions de Proviseur du prestigieux Lycée général Leclerc de Yaoundé. Il fut ensuite nommé ministre d'État, ministre de l'Éducation nationale, avant d'être écarté du gouvernement dans des circonstances qui avaient déjà fait l'objet de nombreuses rumeurs.
Décédé le 1er juin 2023 à l'hôpital général de Yaoundé, l'ancien ministre avait fait l'objet de plusieurs accusations de détournements de fonds publics durant sa carrière, bien qu'aucune condamnation officielle n'ait été prononcée à son encontre.
La découverte de cette villa abandonnée suscite de vives réactions dans l'opinion publique camerounaise. Pour Me Jean-Claude Mbarga, avocat spécialisé en droit des biens, "cette situation soulève plusieurs questions juridiques, notamment sur le devenir de ce patrimoine immobilier et sur les conditions de son acquisition."
Un ancien collaborateur du ministre, s'exprimant sous couvert d'anonymat, affirme : "Cette villa n'est que la partie visible de l'iceberg. Beaucoup ignorent l'étendue réelle du patrimoine accumulé pendant ses années au gouvernement."
Du côté de la famille, contactée par nos soins, aucune réaction officielle n'a été formulée concernant ces images. Selon une source proche des Etoundi, "des problèmes d'héritage complexes expliqueraient cette situation d'abandon."
Cette affaire relance le débat sur l'enrichissement des élites politiques camerounaises. L'analyste politique Raymond Ebolo note que "ces images cristallisent un certain ressentiment populaire face aux fortunes constituées par certains hauts fonctionnaires, souvent sans rapport apparent avec leurs revenus officiels."
Les autorités françaises, questionnées par plusieurs médias sur le statut administratif de cette propriété, n'ont pour l'instant pas communiqué officiellement sur ce dossier qui pourrait, selon certaines sources, intéresser également les services fiscaux français.