Une enquête exclusive de Jeune Afrique révèle les méthodes d'intimidation utilisées contre les proches du pouvoir qui osent critiquer le régime
Yaoundé - Les déclarations explosives de Brenda Biya contre son père ne sont que la partie visible de l'iceberg. Selon une enquête exclusive menée par Jeune Afrique auprès de sources proches du palais présidentiel d'Etoudi, un système sophistiqué de surveillance et d'intimidation viserait les membres de la famille élargie et les proches collaborateurs susceptibles de "dévier de la ligne officielle".
Jeune Afrique a pu établir que les menaces évoquées par Brenda Biya s'inscrivent dans un mécanisme plus large de contrôle social au sein même de l'entourage présidentiel. "Il existe une cellule informelle chargée de surveiller les faits et gestes de tous ceux qui gravitent autour du président", confie sous anonymat un ancien collaborateur du palais à Jeune Afrique.
Cette cellule, selon nos révélations exclusives, disposerait d'un budget conséquent pour "neutraliser" toute velléité de critique, que ce soit par la corruption, l'intimidation ou l'isolement social. Les méthodes varient selon le profil de la "cible" : chantage affectif pour les membres de la famille, menaces économiques pour les hommes d'affaires, pressions judiciaires pour les opposants.
Les révélations de Jeune Afrique montrent que le cas de Brenda Biya n'est pas isolé. Plusieurs enfants de dignitaires du régime auraient été "rappelés à l'ordre" ces derniers mois pour des prises de position jugées "déplacées" sur les réseaux sociaux.
"La jeune génération de l'élite camerounaise ne supporte plus l'hypocrisie ambiante", explique à Jeune Afrique un sociologue camerounais sous couvert d'anonymat. "Brenda Biya incarne cette rupture générationnelle qui embarrasse profondément le pouvoir."
L'enquête exclusive de Jeune Afrique révèle également l'existence de "contrats de silence" non officiels imposés aux membres de la famille présidentielle et aux proches collaborateurs. Ces accords tacites prévoient des compensations financières en échange d'une discrétion absolue sur les affaires internes du régime.
Selon nos sources, Brenda Biya aurait refusé de signer un tel accord, ce qui expliquerait en partie les "mises en garde" qu'elle dit avoir reçues. "Elle représente un danger pour l'image lisse que le pouvoir tente de projeter", analyse pour Jeune Afrique un expert en communication politique.
Cette affaire révèle les failles d'un système autoritaire confronté à l'émergence d'une génération connectée et moins malléable que ses aînées.