Après avoir appelé les Camerounais à ne pas voter pour Paul Biya, la fille du président fait face à des intimidations de son entourage familial et de la présidence, selon nos sources. Elle confirme néanmoins l'authenticité de sa vidéo polémique.
Trois semaines avant l'élection présidentielle du 12 octobre, l'affaire Brenda Biya prend une tournure plus sombre. Selon nos informations, la fille du président Paul Biya fait désormais l'objet de menaces et de pressions importantes de la part de sa famille et de la présidence de la République, suite à sa vidéo virale dans laquelle elle appelait les Camerounais à ne pas voter pour son père.
Sources proches du dossier révèlent que Brenda Biya "vit désormais avec la peur au ventre" depuis la diffusion de ses déclarations fracassantes sur TikTok. Les pressions exercées sur la trentenaire seraient multiples et viendraient tant de son cercle familial que de l'entourage présidentiel, inquiets de l'impact médiatique de ses sorties publiques.
Ces intimidations interviennent dans un contexte où la vidéo de la fille Biya a fait le tour des réseaux sociaux et a été largement commentée tant par l'opposition que par les partisans du régime. Dans ses déclarations, elle affirmait sans détour que son père avait fait "beaucoup de mal au peuple" et espérait qu'il y aurait "un autre président" après le scrutin d'octobre.
Contrairement aux tentatives de certains milieux proches du pouvoir de faire passer sa vidéo pour une manipulation par intelligence artificielle, Brenda Biya maintient que ses déclarations sont authentiques. Elle confirme à nos sources qu'il s'agit bien d'une "vidéo authentique faite par ses soins", balayant ainsi les théories du complot destinées à minimiser la portée de ses propos.
Cette confirmation intervient alors que la jeune femme subit des pressions considérables pour se rétracter ou nuancer ses positions. Le contraste est saisissant avec le ton déterminé de sa première intervention, où elle n'hésitait pas à rompre publiquement avec la ligne familiale.
L'affaire Brenda Biya illustre parfaitement les tensions qui traversent le Cameroun à l'approche de la présidentielle. Côté opposition, certains saluent le "courage" de la tiktokeuse, y voyant une fissure supplémentaire dans l'édifice du pouvoir en place depuis plus de quatre décennies.
Du côté présidentiel, les communicants du RDPC tentent de retourner la situation à leur avantage. Patrick Rifoe, cadre du parti au pouvoir, y voit paradoxalement "la preuve du caractère démocratique de la famille présidentielle", tout en dénonçant "l'abjection qui consiste à exploiter à des fins politiciennes la détresse d'une jeune femme".
Cette nouvelle controverse s'inscrit dans une série d'interventions publiques de Brenda Biya qui embarrassent régulièrement l'establishment camerounais. En juillet 2024, son coming out sur sa bisexualité avait déjà fait sensation dans un pays où l'homosexualité reste criminalisée.
Entre ses ambitions entrepreneuriales avec sa boutique en ligne Bree Culture Inc Shopping et ses sorties médiatiques à répétition, la fille du président cumule les polémiques. Elle justifie ses "humeurs changeantes" par la maladie de Basedow, une pathologie thyroïdienne qui peut affecter le comportement.
Si l'impact électoral de ses déclarations reste probablement limité, l'affaire Brenda Biya révèle les fissures internes d'un système de pouvoir confronté à ses propres contradictions, y compris au sein de la famille présidentielle elle-même.