Une machine sécuritaire bien huilée. Alors que le Conseil constitutionnel s’apprête à proclamer les résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025, Jeune Afrique révèle les stratégies mises en place par Paul Biya et son clan pour contrôler la rue et réprimer toute contestation. Entre police, gendarmerie et armée, le régime a renforcé ses dispositifs pour éviter toute surprise, dans un contexte où Issa Tchiroma Bakary revendique la victoire et appelle ses partisans à la mobilisation.
Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, Martin Mbarga Nguélé, directeur général de la Sûreté nationale, nonagénaire et fidèle parmi les fidèles, joue un rôle clé dans la stratégie de maintien de l’ordre. Formé à l’école française et vétéran des crises politiques, il a été limogé puis réhabilité après le putsch avorté de 1984. « Il se souvient de cette traversée du désert et il en est sorti en se disant qu’il ne décevrait plus jamais Paul Biya », confie une source sécuritaire à Jeune Afrique.
Mbarga Nguélé supervise une répartition ethnique calculée des responsables policiers, afin d’éviter toute allégeance régionale suspecte. « S’il y a un homme sur la même longueur d’onde que Biya pour surveiller le Septentrion, c’est bien Mbarga Nguélé », souligne une source à Yaoundé.
Jeune Afrique révèle que des contingents de gendarmes ont été dépêchés en urgence dans le Septentrion, région d’origine d’Issa Tchiroma, où les tensions sont vives. À Garoua, la capitale régionale du Nord, la présence militaire a été renforcée, tandis qu’à Dschang (Ouest), un dispositif spécial a été mis en place pour contrer les velléités contestataires des partisans du MRC et du FSNC.
« Les nominations aux plus hautes fonctions de la police ont toujours été très réfléchies », explique une source sécuritaire à Jeune Afrique. « Un commissaire originaire de l’Extrême-Nord gère l’Ouest bamiléké, tandis que Douala est confiée à des policiers du Centre, et non à des agents locaux ».
Bien que l’armée ne soit pas encore impliquée dans le maintien de l’ordre, Jeune Afrique apprend que des plans d’urgence ont été préparés en cas de dégénérescence de la situation. « Si la crise s’aggrave, l’armée pourrait intervenir, comme en 1990 », confie une source militaire.
Les régions militaires interarmées (RMIA) sont stratégiquement commandées par des officiers expérimentés et loyaux, comme le général Joseph Nouma à Garoua, ou Gabriel Ngolo Ngomba Tobie à Douala, tous deux hommes de confiance de Paul Biya.
Jeune Afrique souligne que le régime a soigneusement équilibré les commandements pour éviter tout communautarisme. « Il y a une volonté politique de se prémunir contre tout communautarisme au sein de l’armée », explique une source sécuritaire.
Cependant, les Beti-Fang, groupe ethnique de Paul Biya, dominent les postes clés : « Le ministre délégué à la Défense, le secrétaire d’État chargé de la gendarmerie, et quelques-uns des principaux chefs d’état-major des armées sont issus de ce groupe », note une source.