Sodecoton : une grosse responsabilité sur les épaules de Biya

SODECOTON Production 2016 2017 Société de développement du coton

Fri, 21 Nov 2025 Source: Horizons nouveaux n°308

Suite au rachat des 30% de parts que détenait le groupe français Geocoton, faisant passer son capital à 89%, cette action a consacré le retour d’un contrôle quasi-total de l’État sur ce secteur vital de l’agro-industrie nationale.

L’État du Cameroun a repris le contrôle total de la Société de développement du Coton (Sodecoton). Cela a été rendu possible suite à une opération financière et stratégique ayant consisté en le rachat des 30 % de parts que détenait le groupe français Geocoton. Pour ce faire, il a nécessité un montant d’environ 46 milliards de francs CFA, officialisé dans la Loi de Finances rectificative 2025. Ce qui fait que la participation publique dans cette société est désormais de 89 % contre 59 % par le passé. Les 11 % restant sont détenus par la Smic via l’homme d’affaires Baba Ahmadou Danpullo.

Ce qui a fait dire que cette opération, loin d’être un simple rachat, constitue plus un acte politique et économique dont on se souviendra pendant longtemps encore. Après ce rachat, le capital actuel de la Sodecoton, se présente comme suit : État du Cameroun : près de 89 %, après le rachat des 30 % de Geocoton pour environ 46 milliards de francs CFA ; Société de Montage Industriel du Cameroun (Smic) du Groupe Baba Ahmadou Danpullo : environ 11 % ; Geocoton (France) : 0 %. Les autres petits actionnaires (coopératives, employés, etc.), presque 1 % (symbolique ou intégrée). Certaines parts mineures sont incluses dans les participations de l’État via des sociétés parapubliques.

Du coup, tout le monde s’accorde à dire, suite à la reprise par l’État de ce fleuron de l’agro-industrie locale, il est question de la réduction de la dépendance étrangère qui imposait une gestion et des orientations sur cette filière stratégiques de l’agriculture camerounaise. Comme quoi, une étape vers la souveraineté économique, permettant au Cameroun de décider seul de l’avenir de sa production et de ses dérivés (huile végétale, alimentation animale, vient d’être franchie.

Cette étape est d’autant plus importante que la Sodecoton, vitale pour les régions septentrionales (Nord, Extrême- Nord, Adamaoua), est l’unique acheteur de la production du coton et un employeur majeur. De ce fait, l’État, désormais responsable des plus de 250 000 producteurs de coton, pourra peser de tout son poids sur la politique de prix d’achat plus facilement alignée sur les objectifs de développement social et de lutte contre la pauvreté dans ces régions sensibles, « sans la contrainte des exigences de rentabilité immédiate d’un actionnaire étranger ».

En ce qui est du maintien de Baba Danpullo comme actionnaire, il s’entend dire que ce dernier est un partenaire historique et stratégique via son groupe Smic. Il est aussi évoqué le fait qu’il est un grand producteur de coton et un éleveur dans la région du Nord. Sa proximité économique et géographique avec les activités de la Sodecoton (égrenage, huilerie, alimentation animale) ; sa contribution à la chaîne locale de valeur agricole (il possède aussi des intérêts dans la logistique, la construction, et l’agro-industrie), est d’un apport inestimable. Dans ce cadre, on sait que s’agissant de la stabilité et sécurité alimentaire, la Sodecoton a toujours constitué un maillon essentiel dans l’approvisionnement en huile et en savon aux populations camerounaises. Déjà, il est évoqué une éventuelle entrée en bourse.

Pour ce faire, il reviendra à l’État du Cameroun de renforcer d’abord le contrôle, de valoriser au mieux l’entreprise, de la restructurer si nécessaire, et de maîtriser les conditions de la future cotation boursière, attirant ainsi des investisseurs sans perdre l’orientation stratégique nationale.

Source: Horizons nouveaux n°308