En 2026, le Cameroun se dote d’un budget de l’État ambitieux, marqué par une augmentation significative des dépenses et des recettes. Ce projet de loi de finances, élaboré dans un contexte international marqué par des turbulences économiques et géopolitiques, vise à renforcer la résilience des finances publiques tout en soutenant les objectifs prioritaires de la Stratégie Nationale de Développement (SND30). Avec une croissance économique nationale estimée à 4,3 %, le gouvernement camerounais mise sur une relance portée par le secteur non pétrolier, malgré un léger recul de ce dernier.
Sur la scène internationale, la croissance économique mondiale devrait atteindre 3,1 % en 2026, selon les prévisions, après un léger ralentissement en 2025. Dans la zone CEMAC, cette croissance devrait s’accélérer pour atteindre 3,3 %, contre 2,6 % en 2025. Au Cameroun, la croissance économique est attendue à 4,3 % en 2026, contre 3,9 % en 2025. Cette performance est principalement tirée par le secteur non pétrolier, malgré une légère contraction de 0,1 % dans le secteur pétrolier. Après une inflation estimée à 3,2 % en 2025, celle-ci devrait reculer à 3 % en 2026.
Ce contexte économique, bien que prometteur, reste fragile. Les chocs économiques, géopolitiques et sanitaires persistants imposent une gestion rigoureuse des finances publiques. Le gouvernement camerounais doit ainsi concilier relance économique et maîtrise de la dette, tout en répondant aux attentes sociales.
Un budget en forte hausse : Recettes et dépenses
Le projet de loi de finances 2026 prévoit un budget général de 8 683,9 milliards de FCFA, en hausse de 13 % par rapport à 2025. Les recettes internes sont estimées à 5 887,0 milliards de FCFA, soit une augmentation de 8,3 %. Ces recettes se répartissent comme suit :
Recettes pétrolières et gaz : 523,7 milliards de FCFA.
Recettes fiscales et douanières : 4 889,5 milliards de FCFA.
Recettes non fiscales : 400,0 milliards de FCFA.
Dons : 73,8 milliards de FCFA.
Côté dépenses, le budget hors principal de la dette s’élève à 6 210,5 milliards de FCFA, en hausse de 10 %. Les principales allocations concernent :
Dépenses de personnel : 1 625,4 milliards de FCFA.
Biens et services : 1 206,0 milliards de FCFA.
Transfers et subventions : 820,3 milliards de FCFA.
Intérêts de la dette : 532,5 milliards de FCFA.
Dépenses d’investissement : 2 026,3 milliards de FCFA.
Cette augmentation des dépenses reflète une volonté de soutenir les secteurs clés de l’économie, tout en assurant le service de la dette et en investissant dans l’avenir.
Besoin de financement et sources de financement
Le besoin de financement de l’État pour 2026 est estimé à 3 104,2 milliards de FCFA, contre 2 326,5 milliards en 2025. Pour y faire face, le gouvernement compte sur plusieurs sources de financement :
Tirages sur prêts-projets : 826,7 milliards de FCFA.
Émission de titres publics : 400,0 milliards de FCFA.
Financements bancaires : 589,7 milliards de FCFA.
Appuis budgétaires : 120,0 milliards de FCFA.
Financements exceptionnels : 167,8 milliards de FCFA.
Emprunts extérieurs : 1 000 milliards de FCFA.
Ces choix reflètent une stratégie diversifiée pour couvrir les besoins financiers, tout en limitant la pression sur la dette intérieure.
Innovations et réformes : Vers une gestion plus efficace
Le projet de loi de finances 2026 introduit plusieurs innovations majeures :
Suppression des chapitres communs : Remplacés par des dotations dédiées aux dépenses accidentelles et imprévisibles, logées respectivement au MINFI et au MINEPAT.
Changement de présentation des budgets : Certains budgets des institutions de souveraineté seront désormais libellés sous forme de dotation.
Application intégrale du décret : Portant nomenclature budgétaire de l’État, pour une meilleure transparence.
Création d’un fonds spécial : D’un montant de 50 milliards de FCFA, ce fonds est dédié à l’autonomisation économique des femmes et à la promotion de l’emploi des jeunes.
Ces réformes visent à améliorer la gestion des finances publiques et à renforcer l’efficacité des dépenses.
Le projet de loi de finances 2026 du Cameroun s’inscrit dans une logique de consolidation des finances publiques et de soutien à la croissance économique. Avec une hausse significative des dépenses et des recettes, le gouvernement camerounais cherche à répondre aux défis économiques tout en mettant l’accent sur l’investissement et l’autonomisation des populations vulnérables. Dans un contexte international incertain, ce budget ambitieux devra être mis en œuvre avec rigueur pour atteindre les objectifs fixés.