Yaoundé : une situation économique inquiète

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Tue, 2 Dec 2025 Source: L’Indépendant n°985

Comment résister à ces oraisons jaculatoires de la renationalisation de la Sonel ? 78 milliards de FCFA pour reprendre les parts d’Actis. Un passif de près de 800 milliards de FCFA de dette cumulée.

Entre la production de l’énergie, son transport et sa distribution, les acteurs ne semblent pas jouer à la régulière. Sonatrel, dépassée par les événements, peine à construire des lignes de raccordement qui auraient pu profiter de l’embellie du barrage de Nachtigal. Il faudra reverser à Nachtigal, 120 milliards de FCFA par an et constater la saignée provoquée par la construction à prix d’or de tous ces barrages de retenue mués aujourd’hui en de véritables éléphants blancs.

Au moment où un gouvernement est attendu et au regard du précédent de la Camwater, la gestion du dossier de la nationalisation de la Snec est pour le moins suspecte de connivences mafieuses. Elle est le révélateur du scandale des privatisations. Des pans entiers de l’économie nationale sont passés par pertes et profits dans les fourches caudines de ces braderies à tout crin : télécoms, port, aéroport, rail…

Alors que MTN et Orange font des bénéfices substantiels au nez et à la barbe de Camtel, la Chambre des comptes vient de jeter un pavé dans la marre. L’audit de la gestion de Camtel donne des frissons dans le dos. Des dettes contractées en pure perte, une gestion à la petite semaine, un mammouth budgétivore et improductif, complètement largué par les avancées technologiques, qui sert à caser tous les rejetons et autres maîtresses des puissants de la République.

Dans cette incurie et cette gabegie organisée, quelle est donc la garantie que le retour de la Sonel dans le portefeuille de l’État, s’accompagne d’une gestion vertueuse ? Il ne faut désespérer de rien. Il existe bien des gestionnaires rigoureux et exigeants envers eux-mêmes d’abord. La CNPS et le port autonome de Douala en sont la preuve. Les stratégies de performance de ces deux entreprises devraient faire des émules dans un contexte où pour une fois, on s’emploierait ainsi que le prescrit Montesquieu, « (…) à blâmer le vice et à rétribuer la vertu ».

Source: L’Indépendant n°985