La Caf a lancé l’appel d’offre en vue de la désignation du cabinet d’audit, avec une feuille de route lourde.
«Développer et approuver les critères d’évaluation du projet, faire l’évaluation technique des infrastructures et logistiques essentiels du pays hôte, évaluer la capacité d’absorption macroéconomique du pays hôte, élaborer un rapport des observations et le présenter aux parties essentielles». Telles sont les exigences formulées par la Confédération africaine de football (Caf), à l’intention du cabinet d’audit devant conduire la mission d’inspection de la Caf au Cameroun, dans le cadre de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2019.
Et en lançant le 18 octobre dernier l’appel à manifestation en vue de désigner ledit cabinet, le comité exécutif de l’instance faitière du football africain a dévoilé la principale mission du cabinet d’audit : «évaluer les risques potentiels associés aux délais de construction et la possibilité de compléter les travaux dans le délai prévu». Une indication claire de ce que la faisabilité du projet Can 2019 par le Cameroun reste une probabilité sinon faible, du moins peu rassurante.
Au détail près, les décideurs de la Caf prescrivent la feuille de route. En ce qui concerne les sites d’entraînement, l’auditeur devra présenter un récapitulatif de la situation actuelle des sites d’entraînement choisis et leur conformité avec les exigences techniques pour accueillir un tournoi final. Ils devront «préparer la meilleure combinaison des sites d’entraînement en termes d’équipements et de distance par rapport aux sites de l’événement». Non sans aller sur les sites au cas où «l’information serait insuffisante». En ce qui concerne le logement, le cabinet devra «évaluer l’inventaire d’hôtels répondant aux critères de chaque ville hôte pour les différentes parties prenantes (équipes, médias, organisateurs, sponsors, etc). Les projets de construction d’hôtels d’ici à 2019 devront intéresser le gendarme.
Sur le plan des transports, l’évaluation des infrastructures camerounaises devra inclure l’état actuel des routes et aéroports, les projets prévus à l’horizon 2019, l’état des bus devant servir au transport des différentes catégories concernées, la durée des voyage" ; mais aussi «la convenance des zones proposées pour spectateurs et les lieux proposés pour les cérémonies officielles, et proposer des sites alternatifs». L’objectif de la première visite étant, sur le plan des infrastructures, «d’identifier les différences entre la situation actuelle des préparations et les exigences d’accueil et d’organisation de la Caf». A côté de ces points essentiels, la Caf greffe une évaluation de la sécurité du public, des médias nationaux, les aspects commerciaux et droits marketing, la billeterie, la taxation et le cadre juridique, le budget de l’événement, les accréditations. Autant dire qu’aucun détail ne sera négligé par les auditeurs à qui revient désormais le gros du travail de la mission d’inspection de la Caf.
Soupçons
L’organisation de la Can 2019 est sujette à une polémique sans cesse relancée, entre les nouveaux maîtres de la Caf et le Cameroun. Elu le 16 mars 2016, Ahmad a émis des doutes sur la capacité du pays de son prédécesseur de tenir le pari. Et deux mois après, le Comité exécutif de la Caf a modifié le cahier de charges de départ, faisant passer de 16 à 24 le nombre de pays participants à la Can, ainsi que le nombre de sites de jeu (de 4 à 6). Avant de décider de joindre aux inspecteurs un auditeur indépendant afin de «garantir la protection de l’intégrité du processus d’organisation et la transparence de la stratégie de la Caf».
Désigné au pied levé pour conduire la mission prévue du 20 au 28 août dernier, le cabinet britannique PricewaterhouseCoopers (Pwc) avait jeté l’éponge la veille de son arrivée. Sous fond de soupçons d’impartialité. Obligeant la Caf à reporter la première mission. L’exécutif de la Caf s’est réduit récemment, et a remis ça. Ahmad a mis sur pied un comité ad hoc devant «désigner une compagnie d’audit de profil élevé et de réputation internationale pour surveiller la conformité de la Caf avec les lois du processus d’organisation indiqué dans l’accord cadre de l’Association organisatrice de la Can 2019».