"Très décevant", déclare Jose, un supporter de l'Équateur, à propos de l'interdiction de la bière dans les stades de la Coupe du monde, alors qu'il rentre chez lui après le match de son équipe.
"J'ai eu celle-ci qui est à zéro [taux d'alcool], mais au moins j'en ai la saveur", dit-il.
"100 %. Il y avait des gens qui réclamaient de la bière", ajoute Emilio.
La décision de dernière minute de ne pas vendre de la bière dans les stades du Qatar découle de la dernière d'une série de batailles de longue haleine que la FIFA a menées au sujet de l'alcool.
Les querelles sur le sponsoring, qui remontent à plusieurs éditions de la Coupe du monde, ont déjà vu la FIFA être accusée de colonialisme et de faire passer l'argent avant la sécurité des supporters.
Ce pays sud-américain, féru de football, a remporté cinq fois le tournoi et la bière y est très populaire.
Mais comme dans de nombreux pays, la passion des supporters brésiliens déborde parfois et engendre la violence.
C'est pourquoi l'alcool a été interdit lors des matches de football au Brésil en 2003, dans le cadre de mesures visant à lutter contre le hooliganisme et les bagarres entre supporters rivaux.
Mais Budweiser, partenaire de longue date de la FIFA, étant un des principaux sponsors du tournoi, il a été demandé sans détour aux organisateurs de modifier la loi relative à l'usage de l'alcool dans les endroits recevant du public.
"Les boissons alcoolisées font partie de la Coupe du monde, donc nous allons en avoir. Excusez-moi si je semble un peu arrogant, mais c'est quelque chose que nous ne négocierons pas", a déclaré Jérôme Valcke, alors secrétaire général de la FIFA.
"Avoir le droit de vendre de la bière doit faire partie de la loi", avait-il ajouté.
Le ministre brésilien de la Santé s'est opposé à ce changement. Marco Aurelio Garcia, conseiller spécial du président du pays, a qualifié M. Valcke de "clochard", de "colonialiste" et de "grande gueule".
Malgré les protestations, les organisateurs de l'édition 2014 ont cédé et modifié la loi pour autoriser la vente d'alcool pendant les matchs de la Coupe du monde.
Pendant la compétition, plusieurs affrontements ont eu lieu entre supporters rivaux, notamment lors du match de la Colombie contre l'Uruguay à Rio de Janeiro, qui a nécessité l'intervention de stewards pour séparer les supporters rivaux.
En réponse, Jérôme Valcke a déclaré à la chaîne de télévision sportive brésilienne SporTV : "J'ai été étonné par le nombre de personnes qui étaient ivres…"
Interrogé sur la possibilité pour la FIFA de modifier sa politique à l'avenir, il a ajouté : "Si nous pensons qu'il est nécessaire de contrôler [les ventes d'alcool], nous le ferons."
La région de Rostov a tenté d'interdire la vente d'alcool dans ses stades en considérant que ce sont des "zones de rassemblement de masse", mais elle a fait marche arrière lorsqu'elle a été menacée de poursuites judiciaires.
Les détenteurs de billets VIP peuvent toutefois continuer à acheter de l'alcool dans les loges avant, pendant et après les matches.
Reste à savoir comment cette décision affectera les relations de la FIFA avec le brasseur Budweiser AB InBev.
Sponsor majeur des tournois depuis les années 1980, il aurait payé environ 75 millions de dollars (environ 47,8 milliards de francs CFA) à la FIFA à chaque édition de la Coupe du monde.
Mais comme les États-Unis, patrie de la marque Budweiser, sont l'un des trois pays hôtes de la Coupe du monde 2026, AB InBev peut espérer avoir plus de chance lors du prochain tournoi.