Lors de la visite des infrastructures à Yaoundé vendredi et samedi derniers, les hommes de médias ont eu maille à partir avec les autorités.
La première visite d’inspection des infrastructures devant abriter la Coupe d’Afrique des nations (Can) en terre camerounaise l’année prochaine par la Confédération africaine de football (Caf) et le cabinet Roland Berger laisse le souvenir d’une mission marquée par une entrave au travail des journalistes.
Ceux-ci n’ont pas pu se déployer aisément sur le terrain à cause des restrictions à eux imposées par des acteurs non identifiés. Attitude qui contraste avec le discours du ministre des Sports et de l’Education physique (Minsep) du 10 janvier dernier, lequel appelait les médias au « patriotisme » et au professionnalisme.
Au tour du nouveau siège du comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations Total Cameroun 2019 (Cocan), situé à l’entrée principale du stade omnisports de Yaoundé, plus d’une trentaine de journalistes sont regroupés. Ils attendent la sortie des émissaires de la Confédération africaine de football (Caf) et ceux du cabinet Roland Berger, chargés d’inspecter l’état d’avancement des travaux des infrastructures devant recevoir la grande fête sportive continentale dans le pays de Samuel Eto’o dans 17 mois.
Une fois sortie des locaux du Cocan, avec en tête de ligne maître Dieudonné Happi, vice-président du Cocan et par ailleurs président du comité de normalisation, l’équipe dirigée par l’égyptien Ismail Mohamed Ismail est conduite dans la salle de conférences du stade omnisports, où les attend le patron des sports du Cameroun. Moins de trois minutes pour les médias. Le temps de prendre quelques images et de libérer la salle pour le début de la réunion qui doit se tenir « à huis clos ».
Comme un jour de match, les hommes de presse vont s’installer dans la zone à eux dédiée dans les gradins. Ils contemplent presque tout le travail des jardiniers qui s’attellent à arroser la pelouse, tandis que trois jeunes garçons effectuent le ramassage des déchets aux abords de la piste d’athlétisme.
Les journalistes attendent toujours que leur soit donnée une quelconque information. La seule qui sera mise à leur disposition c’est le discours du ministre des Sports, dans lequel il réaffirme aux experts de la Caf la volonté du Cameroun d’organiser cette compétition.
Sans véritablement connaitre le programme de la journée, car le flou est bien entretenu, les journalistes ne vont que suivre le cortège qui se dirige vers l’hôtel de ville de Yaoundé, où les émissaires sont reçus par le gouverneur de la région du Centre, Nasseri Paul Bea. Là aussi, les professionnels de l’info seront mis à l’écart.
La seule information tirée d’une source proche du ministère des Sports est la division de la commission en deux délégations dont une pilotée par le préfet du Mfoundi, Jean Claude Tsila, sera chargée d’inspecter les hôtels, et l’autre conduite par le gouverneur, ira sur le site du chantier du stade Paul Biya à Olembé. «La presse commence mal sa Can», fulmine un confrère d’une télévision privée.
En effet, la «Coupe d’Afrique de la communication» lancée mercredi dernier par le ministre des Sports et de l’Education physique, Pierre Ismael Bidoung Mkpatt, a quelque peu mal débuté pour les hommes de médias, présents à l’aéroport jeudi dernier pour accueillir les « policiers » de la Caf qui n’ont pas voulu se prononcer.
A ce jour, aucune interview n’a été accordée à la presse ni par les membres de la commission d’inspection, encore moins par les autorités camerounaises.
Le scénario est similaire sur le site du chantier d’Olembe. Une fois de plus, les médias sont mis hors-jeux pendant la séance de travail qui s’est tenue sous l’égide du gouverneur de la région du Centre, en présence de Ismail Mohamed Ismail et les techniciens de la société italienne Piccini, en charge des travaux.
«On vous a dit jusqu’où vous devez vous limiter », chuchote un ingénieur, avant d’ajouter : « Comme vous êtes déjà là, arrêtez de filmer. Regardez seulement avec vos yeux». Remarquant que certains preneurs d’images continuaient de travailler, un employé du ministère des Sports se rapproche des médias et leurs dit : «les journalistes, pour nous s’arrête ici. Vous exposez déjà mon poste». C’est aux environs de 16h que la mission de la Caf, composée de 10 membres, à savoir trois experts en gazon, trois en génie civil et trois en réseaux et communication, ont quitté le site d’Olembé qui marquait ainsi la fin de leur première journée d’inspection vendredi.
Samedi
Pour sa deuxième journée de travail, la mission d’inspection a poursuivi les travaux samedi dernier en démarrant la journée par les stades d’entrainements (militaire, annexe n°1) et clôturant par la cuvette de Mfadena.
Il est exactement 10h 40 lorsque retentit la sirène du motard de la police que suit le cortège de véhicules de la délégation d’inspection qui s’en vont prendre place sur l’esplanade de l’Académie nationale de football, siège du Cocan.
A l’entrée du stade annexe, se trouve le gouverneur de la région du Centre qu’accompagne Oumarou Tado, secrétaire général du ministère des Sports. Les policiers en faction, arme aux poings, filtrent les entrées. Une fois de plus, les quelques hommes de médias qui s’y trouvent sont refoulés.
«Les journalistes n’entrent pas ici ! on ne veut pas voir les médias ici ! ce sont les instructions», éructe un haut responsable du Minsep. Près d’une heure après, le groupe s’est dirigé vers le stade omnisports et pendant ce temps, un membre de la délégation de la Caf qui s’est exprimé sous couvert de l’anonymat a confié : «Nous avons visité les installations du stade annexe, qui est réservé aux entrainements des équipes.
Le premier constat est que la pression d’eau qui sort des robinets est faible, les toilettes sont insuffisantes, il n’y a pas de connexion Wi-Fi, la qualité du gazon reste questionnable.
Raison pour laquelle nous avons prélevé un échantillon que nous allons analyser dans les laboratoires pour nous rassurer de sa conformité». Notre informateur a conclu par ces propos : «Des recommandations ont été faites au responsable dudit stade afin de s’assurer d’une meilleure qualité des équipements en conformité avec le cahier de charges de la Caf».