Quatre adolescents et une enseignante ont été tués dans l’attaque d’une école par des présumées bandes armées séparatistes dans la région du Sud-Ouest. Un énième drame qui vient confirmer que le retour annoncé de la paix dans le Noso n’est pas pour demain.
Larmes, émoi, effroi, désolation et consternation. Ekondo Titi, ville de la zone côtière située dans la région du Sud-Ouest et le département du Ndian, s’est réveillée hier matin dans le chagrin en apprenant la sauvage attaque qui a été perpétrée dans des établissements scolaires de sa localité.
Les images (effroyables) publiées sur les réseaux sociaux et la vague d’indignation qu’elles ont suscitées, ont plongé le Cameroun entier dans l’accablement. Deux semaines après l’assassinat des éléments de forces de défense et de sécurité dans le Noso, l’école paie le lourd tribut de la violence observée dans cette partie du pays.
Selon des sources concordantes, des hommes armés auraient fait irruption dans trois écoles de cette ville, dont le lycée bilingue, et auraient ouvert le feu en utilisant des armes et des explosifs. Un raid qui aurait eu lieu vers 7 h50 peu après le rassemblement matinal des élèves, à en croire quelques témoins, encore sous le choc.
Eux qui rapportent que c’est à l’aide d’un engin explosif que la sale besogne a été accomplie par des présumés combattants sécessionnistes.Lorsque nous mettions sous presse, le bilan provisoire faisait état de 4 morts (3 élèves, 1 professeur) et plus de 27 blessés dont certains très graves.
L’Union Européenne condamne…
En fin d’après-midi d’hier, l’identité des quatre personnes tuées a été révélée. Il s’agit de : Emmanuel Orume âgé de 12 ans, de Joyceline Ikem, 16 ans ; de Kum Emmanuel, 17 ans et de l’enseignante de français, Mme Celestina Song.
Si cet assaut meurtrier n’a pas jusqu’ici été revendiquée, le gouvernement, lui, reste aphone puisque n’ayant fait aucune déclaration officielle sur ce nouveau drame qui vient plonger la ville côtière d’Ekondo Titi dans la terreur et la douleur.
Cet autre drame vient se greffer à celui survenu le 24 octobre 2020, à Kumba dans le Sud-Ouest faisant au moins huit morts et une douzaine de blessés.
Dans un communiqué, la représentation diplomatique de l’Union européenne au Cameroun a évoqué sa tristesse après la violente attaque perpétrée et ayant causé la mort de quatre personnes dont 3 élèves.
« C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris l’attaque ayant fait, ce 24/11, quatre (4) morts dont trois (3) élèves et une vingtaine de blessés au Lycée bilingue d’Ekondo-Titi (Sud-Ouest). L’Union européenne condamne fermement ces violences perpétrées contre des établissements scolaires et des populations civiles », indique la représentation diplomatique dans un message diffusé sur les réseaux sociaux.
Et de soutenir que « fermeté contre les auteurs de ces atrocités et justice pour les victimes sont nécessaires, pour une paix durable dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays ».
Nivellement vers le bas
La classe politique n’est pas en reste. Cet acte odieux est l’expression même de la gravité de ce conflit meurtrier qui dure depuis cinq ans.
Pour l’ancien candidat à la présidentielle Serge Espoir Matomba, « aucune aliénation du droit à l’éducation n’est concevable dans une République. La haine et la barbarie ont encore endeuillé dans un établissement scolaire à Ekondo Titi. Effroyable! Le terrorisme ne peut pas imposer ses règles. Que l’Etat prenne ses responsabilités », a écrit le leader du Peuple uni pour la rénovation sociale (Purs).
Réaction similaire pour Me Akere Muna, choqué par cette résurgence de la violence.
« J’ai arrêté de tweeter sur la violence parce qu’elle était utilisée par certains comme preuve de qui j’étais pour ou contre, les victimes étaient tout simple- ment oubliées. Aujourd’hui, Ekondo Titi est la preuve de notre nivellement par le bas. Qu’est-ce qui justifie le meurtre sauvage d’enfants dans une école ? Mes larmes et mes prières pour les victimes », a écrit le promoteur du Mouvement Now.
Dépassé par les événements, David Eboutou le consultant de radio Equinoxe souhaite que les auteurs de cette attaque soient tout simplement frappés par la malédiction éternelle. «La barbarie de ce jour à Ekondo Titi est innommable!! Arracher à la vie aussi lâchement de jeunes élèves et de pauvres enseignants! Que ces terroristes emportent la malédiction éternelle !», a-t-il écrit.