Aide humanitaire: La diaspora dénonce des blocages douaniers

Richard Mbakop, Président De  Safe Bridge Of Help Richard Mbakop, président de Safe Bridge of Help

Tue, 28 Jun 2016 Source: lanouvelleexpression.info

Difficile pour les Camerounais de l’Etranger de faire des dons ou de soutenir les citoyens au pays. Le principal obstacle demeure au niveau des tracasseries à la Douane. Evocation.

Vol des conteneurs des matériaux hospitaliers à remettre aux formations sanitaires sur l’étendue du triangle national, agressions, insultes et abus des responsables des organisations non gouvernementales venus de l’Occident, obligation de paiement des millions de Fcfa pour sortir du Port autonome de Douala (Pad) des camions contenant des dons ; telles sont entre autres barrières auxquelles sont confrontées de nombreux citoyens camerounais vivant à l’étranger et désireux de venir en aide aux malades, handicapés, populations vulnérables, tous résidant au pays.

Le sujet préoccupe énormément les acteurs actifs de la diaspora avec qui nous avons échangé lundi le 27 juin 2016. Pour Richard Mbakop, président de « Safe Bridge of Help », organisation étrangère à but non lucratif basée aux Etats-Unis, « nous sommes nombreux à l’extérieur, conscients des misères des populations démunies du Cameroun, et qui voulons tellement continuer d’aider les uns et les autres, malheureusement, nous sommes réticents à cause des tracasseries douanières ».

L’interlocuteur laisse entendre que le Cameroun ne permet pas à la diaspora si importante de jouer son rôle. En guise d’illustration, « nous venons de perdre un conteneur de 40 pieds après avoir débourser 1,5 millions de Fcfa à la douane. Ce n’est pas du tout encourageant. Un conteneur qui contenait des lits orthopédiques, des chaises roulantes, des matelas…pour les malades dans les hôpitaux ». Un fait grave qui a poussé le promoteur de « Safe Bridge of Help » à déclarer ne plus être prêt à « envoyer un conteneur à la douane tant que les blocages ne sont pas levés ». Une déclaration qui pourrait porter préjudice au Cameroun quand on sait que cette Ong pilotée par quatre couples vivant aux Etats-Unis, a tant fait pour les hôpitaux et les établissements scolaires du Cameroun.

On se souvient qu’entre 2011 et 2016, un important matériel médical d’une valeur de plusieurs milliards de Fcfa, a été remis tour à tour dans des formations sanitaires à Mutengene, à Bangangté, à Soboum (Douala), Bazou, à Edéa, à l’hôpital Jamot, Foumban, Bamenda…Des gestes qui ont apporté du baume au cœur des patients et des dirigeants de ces formations. Outre le domaine sanitaire, « Safe Bridge of Help » a aussi apporté son appui sur le volet éducatif en offrant des centres multimédias au lycée de Baré Bakem, au lycée de Loum, etc.

Des actions que l’initiateur justifie ainsi : « bien que vivant aux Etats-Unis, je suis né et demeure Camerounais. Je suis issu d’une famille très pauvre, j’ai galéré et je sais ce qu’est la pauvreté. Voilà pourquoi, j’ai décidé et ça depuis fort longtemps que le jour où je réussirai, je penserai à ceux qui sont restés au bercail. Si vous avez une richesse et vous ne rendez pas service aux autres, ça ne représente rien », lance Richard Mbakop. Un avis soutenu par d’autres nationaux qui vivent à l’étranger : « nous lançons un appel au Chef de l’Etat qui a, de tout temps, accordé une importance majeure à la diaspora, afin qu’il regarde ce qui se passe sur le terrain, aux douanes, car les réalités sont contraires à son discours. Ce n’est pas de sa faute, mais il devrait frapper du poing sur la table ».

Urgence de vulgariser la double nationalité

Sur cette question, les interlocuteurs affirment que le pays se développerait mieux si la double nationalité était promue. « Nous devons suivre l’exemple du Ghana, du Mali…Il est embêtant pour nous Camerounais, nés au pays et vivant à l’étranger, de payer le visa via nos ambassades. Le Cameroun gagnerait comme en Asie à miser sur sa diaspora », remarque Richard Mbakop.

Selon lui la diaspora peut être un acteur majeur du développement national. Une pensée qui n’est pas loin de la vision du Pr Maurice Kamto du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc). L’homme politique de l’opposition a, lors de ses manifestations, déploré le fait que le Cameroun connaît mal la diaspora nationale et celle-ci semble généralement considérée comme étant constituée essentiellement d’« opposants» antipatriotes.

« Cela traduit de la méconnaissance du rôle moteur de la diaspora dans l’histoire du développement des nations, en particulier ce que la diaspora camerounaise, dont la haute qualité intellectuelle, scientifique, technique et artistique est unanimement reconnue, peut apporter à notre pays », se souvient-on. Et pourtant, la diaspora camerounaise est un des leviers du développement national.

La diaspora, un véritable levier

Dans cet esprit, il s’est efforcé de la connaître. En se limitant à quelques principaux pays de résidence de la diaspora camerounaise hors du continent africain, on note que :- en France, selon l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE), 55.639 personnes d’origine camerounaise vivaient dans ce pays en 2007 ; - en Allemagne, selon l’Office allemand de la Statistique, les statistiques des réfugiés et le Central Registry of Foreigners sur la période 1980-2006, 14.414 personnes d’origine camerounaise résidaient dans ce pays et on les estime aujourd’hui à plus de 20.000. - aux Etats-Unis d’Amérique, selon le U.S. Census Bureau, la communauté camerounaise dans ce pays comptait 11.765 personnes en 2000 et une actualisation faite en 2007 par le Global Migrant Origin Database donne le chiffre de 12.835 personnes. Selon ces mêmes sources, 58,7% de ces Camerounais ont une licence ou un diplôme universitaire plus élevé.

Source: lanouvelleexpression.info