À moins de trente ans, ce jeune chercheur est l’un des plus brillants de sa génération. Le Camerounais pose ses pas de scientifique à la NASA.
Il a le regard vif, le sourire captivant et à la dégaine de ces jeunes chercheurs que l’on rencontre dans les couloirs de laboratoires universitaires. Arsène Tema Biwole est un passionné de sciences physiques. Né en juin 1992 au Cameroun, c’est à Bafoussam que ce jeune brillant fait ses premiers pas. Sa naissance prématurée l’oblige tout de même à passer une enfance maladive. Au sein d’une famille sans grands moyens, Arsène Tema Biwole a grandi sous la protection de ses frères et de sa mère « pauvre et célibataire ». « Je me souviens encore d’elle, luttant pour nous nourrir tous les jours », explique-t-il.
Au Cameroun, Arsène Tema Biwole confie avoir vécu dans des « conditions désastreuses ». Mais cela ne l’a pas empêché d’avoir des ambitions. « J’ai rêvé de devenir un jour physicien », se rappelle-t-il. Lui qui a passé des nuits à étudier la physique newtonienne près du feu de cuisine, à cause du manque d’électricité dans la maison. Ses efforts se sont révélés payants lorsque l’ambassade d’Italie au Cameroun le sélectionne pour étudier dans une université italienne. Ça a été le tournant dans sa vie et aussi une fierté pour toute la famille, témoigne l’un de ses proches. « J’avais promis à ma mère que je la rendrais fière de moi », se réjouit celui qui est diplômé en ingénierie nucléaire à l’Université Polytechnique de Turin.
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En Italie, il a été le seul étudiant camerounais inscrit en science nucléaire. Son travail lui a permis d’avoir un brillant parcours dans la prestigieuse université turinoise. Au point où le jeune scientifique considère lui-même avoir réussi un pari. Celui « d’aller le plus loin possible et de prouver que n’importe qui peut faire de son rêve une réalité, quel que soit son parcours ».
En avril dernier, Arsène Tema Biwole s’est installé aux États-Unis pour continuer ses études. Le jeune camerounais fait des recherches à General Atomics (GA) pour sa thèse de maîtrise parrainée par le ministère de l’Énergie des États-Unis. « J’ai vécu l’expérience la plus excitante et la plus satisfaisante de ma vie en travaillant avec le groupe de théorie de la fusion de GA », résume le chercheur.
Fin octobre, Arsène Tema Biwole est devenu le premier camerounais à participer à la réunion annuelle de la Division de Physique Plasma.
Organisée par la Société américaine de Physique, cette grande rencontre voit chaque année la participation de nombreux scientifiques. Arsène Tema Biwole y a fait une présentation d’une quinzaine de minutes sur la régression multivariée non linéaire par intelligence artificielle pour les applications de fusion nucléaire. « Je suis profondément honoré et heureux d’être le premier », affirme le Camerounais pour qui la mission est de « m’assurer que je ne serai pas le dernier ».
À 25 ans, Arsène Tema Biwole fait désormais ses marques à la NASA où il a déjà réussi à trouver « une formule permettant de dévier les turbulences nucléaires ». Il espère surtout grâce à ses connaissances et son expérience « apporter de l’espoir aux jeunes du monde entier ». Mais son objectif ultime est de retourner dans son pays pour enseigner aux jeunes générations la physique. En attendant, le jeune chercheur se consacre aussi à sa famille, notamment sa fiancée qui le soutient avec amour. Arsène Tema Biwole appelle aussi régulièrement son frère aîné qui s’est engagé dans la lutte contre la secte islamiste Boko Haram au nord Cameroun.