Un Camerounais devient Commandant dans l‘armée de terre des États-Unis

Uniforme De Larmee Americaine photo utilisée à titre d'illustration

Tue, 10 Apr 2018 Source: camer.be

La cérémonie a commencé à 18h45’ par une prière dite par un Officier. Elle s’est poursuivie par une présentation exhaustive du parcours du Commandant Segning au sein de l’armée Américaine. De cette présentation, l’on apprend c’est un Officier hautement qualifié et bardé de distinctions diverses, qui est à l’honneur ce samedi.

Le Major Segning détient une Licence en Ingénierie Informatique de l’Université de Memphis et un Master en gestion des achats et des acquisitions obtenues à l’université de Webster dans le Missouri. Il a visité plusieurs écoles et formations militaires, parmi lesquelles la Officer Basic Course, la Combined Logistics Captains Career Course, la NATO Logistics Course, la Joint Planning Course et la Support Operations Course.

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En 2014, il avait été sélectionné pour représenter l’armée américaine dans la formation multinationale à l’Ecole Supérieure des Officiers de Reserve Spécialistes d’Etat-major (ESORSEM) au Centre d’études Stratégiques de l’armée de terre de Paris en France ou il en était sorti dans la promotion « Colonel Raoul Pflimlin ».

Enfin L’Officier supérieur Segning compte à son actif plus d’une dizaine de médailles collectionnées sur divers terrains de conflits, dont la Meritorious Service Medal, la Global War on Terrorism Expedionary Medal, la Global War on Terrorism Medal, quatre Commendation medals et six Achievement medals pour ne citer que celles-là.

Répétant les termes du serment prononcés par le Colonel Bradley Heston, qui commande la 361ième Brigade des Affaires Civiles, c’est avec la main droite levée que l’impétrant a prêté serment, en jurant solennellement de « soutenir et de défendre la Constitution des États-Unis contre tous les ennemis, étrangers et internes, et qu’il remplira fidèlement les devoirs de la charge pour laquelle il s’apprête à entrer». Serment ponctué par des applaudissements nourris et des youyous enflammés de ses collègues militaires, amis civils et les invités.



Quatre allocutions ont suivi la prestation de serment du Major Segning. D’abord celles du Colonel Bradley Heston, qui commande la Brigade des affaires civiles et du Colonel Timothy Sumovich, Chef d’Etat-major de la 7ieme Mission Support Command (7th MSC). Les deux colonels ont présenté la promotion du Major Segning, comme une récompense de son mérite et de son professionnalisme sans faille au sein de l’armée des USA. Ils ont dit avoir été très impressionnés depuis leur arrivée sur la base de Vogelweh, par les qualifications universitaires et militaires de même que par l’impressionnant parcours au sein des forces armées américaines de Jean Marcel segning. C’est pour ce brillant parcours, dira le Colonel Bradley Heston, que le Major Segning a été sélectionné pour un programme de formation extrêmement sélectif (Command and General Staff College, ndlr) dans une école militaire du Kansas où n’entrent que les plus brillants des Officiers de l’armée des USA.

L’Hommage appuyé du Dr Tene Sop à son ancien camarade !

Le seul civil qui a eu droit à la parole ce jour est le Docteur Tene Sop, ancien Coordonnateur National du Parlement, universitaire et militant politique camerounais résidant en Allemagne. Il a brillamment épluché un pan de la vie du Commandant Segning, qui était jusque-là inconnu de ses supérieurs et de ses collègues soldats. Le Dr Tene Sop a d’abord évoqué les circonstances de sa rencontre avec son camarade Segning, dans les luttes estudiantines sur le campus universitaire de Ngoa-Ekellé, au début des années 1990 et leur exil commun dans divers pays de l’Afrique de l’Ouest.

Il a ensuite rappelé que son camarade Segning était un militant brillant et courageux, qui s’est très vite fait remarquer par le leadership du mouvement estudiantin, surtout pour sa passion pour les questions de sécurité au sein de l’organisation. Son nom de code dans la clandestinité au Cameroun, au plus fort de la répression qui s’était abattue sur le ‘Parlement’, était ‘Colonel’ s’est souvenu Tene Sop; avant d’ajouter «son nom de code était déjà une feuille de route très claire! C’était un nom de code prémonitoire et il me semble que la prémonition est entrain de se réaliser sous nos yeux et nous sommes certains qu’elle se réalisera, puisque le camarade ‘Colonel’ est un grand travailleur passioné par le metier des armes». Le Dr. Tene Sop a terminé son intervention sur une note très politique où il s’est un temps d’ailleurs cru en meeting politique.

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Partant de l’exemple de son camarade Segning, Tene Sop a dénoncé les tares des systèmes africains qui tuent le genie africain et empêchent les jeunes africains de réaliser leurs rêves. Au Cameroun, martela Tene Sop, Segning n’aurait jamais pu être Commandant dans l’armée à cause de la corruption, du népotisme, du tribalisme et de la mauvaise gouvernance ambiante! L’Afrique regorge de nombreux Segning a-t-il poursuivi et dans divers domaines ; il faut juste créer les conditions du développement de ce potentiel et permettre aux jeunes de réaliser leurs rêves sur place. Les enfants de l’Afrique meurent dans la méditerranée parce qu’ils ont des rêves que les leaders rétrogrades, corrompus et sans vision empêchent qu’ils se réalisent, et ces jeunes prennent alors d’énormes risques en défiant les mers du monde au risque de leurs vies, en espérant réaliser leurs passions et leurs rêves. Il faut que ça s’arrête, a-t-il martelé », sous des applaudissements nourris de la salle debout.

Le Major Segning : De l’activisme estudiantin au Campus de Ngoa-Ekellé au grade de Commandant dans l’armée des USA

Rien ne prédestinait ce compatriote - né à Batcham dans le Département des Bamboutos, dans la Région Ouest du Cameroun - à un niveau aussi élevé dans les forces armées Américaines. Et pour cause; Jean Marcel Segning fait partie de la cinquantaine d’étudiants, membres du Parlement des Etudiants Camerounais (‘Le Parlement’), radiés à vie de toutes les Universités camerounaises, persécutés et recherchés par la police politique camerounaise, et qui ont pris le chemin de l’exil en 1993 pour le Burkina Faso, aidé par Djeukam Tchameni, alors Président de l’organisation citoyenne ‘Cap Liberté’. En Octobre 1995, certains de ces étudiants exilés, sont expulsés du Pays des Hommes intègres - pour ‘trouble à l’ordre public’ - par le Ministre de l’Administration du Territoire et de l’Intérieur d’alors, Yero Boly.

Il est reproché à la dizaine de ‘Parlementaires’ concernés, d’avoir violé l’obligation de réserve à laquelle ils sont astreints en tant que réfugiés politiques. Ils sont alors arrêtés et écroués à la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) à Ouagadougou, où ils passeront près d’un mois. En réalité les autorités reprochent aux étudiants-activistes de travailler avec l’Union Générale des Etudiants Burkinabè (UGEB) opposée au régime de Compaoré et d’avoir participé au 1er congrès de L’Union Internationale des Droits de l’Homme (UIDH), qui a durement critiqué le bilan en matière des Droits de l’Homme du gouvernement Burkinabè camer.be. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), qui assure la protection des étudiants–Parlementaires, s’évertue alors à trouver aux infortunés, de nouvelles terres d’accueil.

Le Commandant Segning est expulsé vers le Togo en compagnie de l’écrivain Léon Tuam, tandis que d’autres sont envoyés au Niger et au Sénégal, toujours sous le parapluie protecteur du HCR. C’est à partir du Togo que Jean Marcel Segning bénéficie, en 1998, du programme de réinstallation des réfugiés du Gouvernement des Etats Unis qui lui permet alors de s’installer à Memphis dans l’Etat de Tennessee, avec son épouse Béninoise, rencontrée durant ses années passées au pays de Behanzin.

De Soldat réserviste à Commandant dans l’armée des USA … un parcours extraordinaire !

Ayant toujours adoré le métier des armes et envisagé faire une carrière militaire, Jean marcel Segning trouve une fois au pays de Bill Clinton, des conditions favorables à la réalisation de son rêve. L’armée américaine est sur différents fronts de guerre dans le monde et recherche des volontaires pour renforcer ses effectifs. En 2001, soit 3 ans seulement après son arrivée sur le sol américain, l’ex ‘Parlementaire’ se présente à une séance de recrutement dans l’armée qui a lieu dans la ville de Memphis. Son volontarisme et son engagement sautent à l’oeil des Officiers recruteurs. Lui qui a toujours rêvé d’être militaire.

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Il est immédiatement recruté en 2001 comme Soldat réserviste. Entre 2003 et 2005, le réserviste Segning est déjà passé au grade de sergent et immédiatement envoyé en Irak, ou l’armée américaine est engagée dans une guerre extrêmement complexe contre les forces de Saddam Hussein. Il y passera au total 18 mois et reviendra sain et sauf, de ce terrain tumultueux, là où de nombreux Soldats américains ont perdu la vie. En 2006, il décide de faire de l’armée son métier. De retour de la guerre en Irak, Il monte au grade de Sergent-chef et obtient sa licence en ingénierie informatique ; ce qui lui ouvre grandement les portes pour se présenter à la sélection des corps des Officiers. Toujours au cours de l’année 2006, il passe de Sergent-Chef au grade de Sous-lieutenant. Il est alors promu de Soldat réserviste à Officier actif dans la réserve, en Novembre 2006. La carrière militaire de Jean Marcel Segning prend alors un ascenseur rapide, que seuls les sommets de l’armée américaine semble pouvoir arrêter…

Une ascension fulgurante…

Il aura fallu 17 ans de loyaux services à notre compatriote Segning, pour passer de simple soldat réserviste au grade de Commandant. Une performance exceptionnelle, alors qu’à son entrée dans l’armée en 2001, certains Officiers lui avaient prédit, que vu son âge relativement avancé à l’époque, il terminerait sa carrière, si tout se passe bien, tout au plus au grade de Sergent! Il avait d’ailleurs répondu que terminer même Sergent ne serait déjà pas mal, vu son histoire ! Loin de décourager donc, M. Segning a redoublé d’efforts dans l’espoir de faire mentir les pronostics de ses recruteurs. Curieusement ‘Colonel’ – de son nom de code à l’époque du ‘Parlement Estudiantin’- de par son engagement et son dynamisme à aux différentes fonctions occupées, frappe à l’oeil de ses supérieurs hiérarchiques successifs, et reçoit diverses promotions en un temps record…

C’est naturellement un Commandant Jean Marcel Segning très comblé de joie et très ému qui a pris la parole le samedi 24 mars, après avoir reçu ses nouvelles épaulettes des mains de son chef, le Colonel Bradley Heston. Dans son allocution, le nouveau promu a tout d’abord parlé de sa fierté d’avoir pu conduire avec succès divers projets et opérations au sein de l’armée, projets donc nous les civils ne sauront jamais grand-chose, puisque le Commandant Segning a usé d’un style militaire ampoulé et de divers codes pour les décrire. Certainement à cause du secret militaire qui entoure de nombreuses de ces opérations.

C’est très naturellement que le récipiendaire du jour a remercié tous ceux qui ont rendus sa promotion possible. A commencer par ses supérieurs, ses amis et ex-camarades du ‘Parlement’, ses collaborateurs de la Brigade avec qui, il dit jouer régulièrement au basketball. Il a surtout remercié son épouse ainsi que ses enfants, à qui il a rendu un hommage très appuyé pour le soutien quotidien qu’ils lui procurent, en supportant ses nombreuses absences professionnelles. Sans le soutien et la compréhension de sa famille, a-t-il martelé ses divers avancements dans l’armée n’auraient pas été possibles.

Son allocution terminée, le Major Segning a convié ses invités à un buffet bien achalandé de diverses spécialités culinaires du Cameroun et à un vin d’honneur, le tout arrosé de sonorités musicales du pays, d’Afrique et du monde, distillées par le Commandant Segning en personne. Ce dernier est grand amateur de la technologie musicale, il dispose d’ailleurs d’un véritable arsenal de Disk Jockey ! Fin mélomane, il a fait danser ses invités au rythme d’anciens succès musicaux, qui bercèrent sa jeunesse dans les années 80 et 90, à Batcham, Mbouda, Edéa, Yaoundé, Ouaga, Cotonou et Lomé ! C’était assez distrayant de voir des Soldats américains se secouer au rythme de notre Bikutsi national. ‘ça sort, comme ça sort’, s’est d’ailleurs exclamé un des convives, content de l’ambiance. Ce fût, en tout cas, une belle très fête, pleine de boutades.

Source: camer.be