Encore appelés peuple de l’océan, les origines des Batangas remontent depuis les bords du sud du Nil (Egypte), où fuyant la domination des pharaons et les conditions climatiques assez rudes, ils vont s’exiler tour à tour en Ouganda, Burundi, Tanzanie, Afrique du Sud, Congo, Zaïre, Centrafrique enfin au Cameroun, il y a de cela 1000 ans avant Jésus-Christ.
Mais ceux du Cameroun, du Gabon et de la Guinée Equatoriale ont un ancêtre commun appelé Ntanga Mu Mbèdi. Lui-même fils de Mbèdi qui est l’ancêtre commun aux Duala, Malimba et autres peuples…
Les origines et les migrations du peuple Batanga
L’histoire raconte qu’entre Ntanga Mu Mbèdi et les autres membres du clan il n’y avait non seulement plus d’entente, mais aussi un ardent désir de ce dernier d’être autonome et de posséder son espace vital pour s’épanouir. C’est alors qu’il décide de se détacher de la grande famille Mbèdi pour aller former son clan loin des siens.
En partant il sera accompagné de quelques membres de sa famille, ainsi que son père, puisque celui-ci est vieillissant. C’est ainsi que sa lignée et tous ceux qui l’ont suivi dans sa migration, ont été désignés Ba-Ntanga. ‘Ba’ en langue Batanga comme en langue Duala qui veut dire ‘’ceux de la tribu de…’’ Du clan de… Ce qui définit l’appartenance à un groupe ou un clan.
Car chez les Bantu, les tribus ou les clans portent très souvent les noms des chefs, le Ba détermine l’appartenance au groupe, et ça donne ceux de la tribu de… ou du clan de Ntanga. Il lance alors son exode vers le sud Littoral du Cameroun (Kribi) par la côte atlantique, lequel va se faire en plusieurs groupes.
Le premier groupe débute son voyage à l’autre rive de l’embouchure du fleuve Nyong, qui est opposé à la région de Muanko. C’est dans cette première embouchure de la région de Kribi que s’infiltre la première partie de la famille de Mbèdi et Ntanga.
Ils vont s’installer dans ce qui reste aujourd’hui des villages Enda Bonga, Badanguè, Béhondo, lesquels faisant partir de Batanga Nord (petit Batanga).
Alors que l’autre groupe sera mené par le frère de Bonga, qui est le frère cadet de Mbèdi. La grande partie du clan dirigé par Ntanga et le vieux Mbèdi, son père continue l’exode le long de la côte Kribienne, jusqu’aux principales embouchures qui jalonnent le bord de l’océan. Une autre partie de cet exode s’infiltre à Bahabané, Mpolongué, Bébambwè, Mpalla, Elabè, Ndibwè, Ngohè, Mboamanga.
Un autre groupe s’insérera à Bongandwè, à Bwambè, et à Lobé. Le chef suprême Ntanga prolongera son exode jusqu’à ce qui est aujourd’hui Batanga-Sud (Bongaélé/Grand Batanga). C’est à Bongaélé que s’installe la chefferie suprême de tous les Batanga. Lors des grandes manifestations, Bongaélé est le village dans lequel tous les autres villages se réunissent en raison du caractère symbolique qu’il représente aux yeux des Batanga.
C’est ce collectif de villages, partant d’Enda Bonga à Mboamanga, que les Batanga appellent aujourd’hui le ‘Nsaka Mu Manga ’qui veut dire « peuple de la côte ».
On distingue chez les Batangas plusieurs variantes dialectiques qui se distinguent les unes, des autres, lesquelles sont influencées par des mariages inter-ethniques avec les Bassa, les Bakoko, les différentes migrations depuis l’Egypte et aussi par la transformation de la langue d’origine, ceci par la volonté de certains chefs de village qui veulent se distinguer des autres.
Les croyances du peuple Batanga
Mais le peuple Batanga, c’est aussi la croyance au dieu des eaux appelé en langue locale Njengu ou encore Mami Wata selon l’expression populaire. Ce serait un génie à la forme mi- humain, mi- poisson qui vivrait dans les fonds marins.
Cet esprit auquel les mœurs Batanga sont liées, est un totem qui serait transmis aux jeunes filles ou garçons ayant atteints l’âge de la puberté, ceci à l’ occasion de rite initiatique. Au cours du cérémonial, les jeunes initiés sont soumis à l’apprentissage de la langue leur permettant de communiquer avec l’esprit.
Celui-ci se manifeste en eux par les crises de transe auxquelles ils sont victimes pendant la cérémonie, et cela dure pendant des heures. Puis ils se mettent à danser et à chanter des mélodies(Njengu). Ainsi se perpétue cette tradition, vieille de plusieurs siècles, de génération en génération.
Autour du génie (Njengu) s’est construit un mythe qui a donné lieu à tout genre d’histoires incroyables, les unes que les autres. Lesquelles sont rattachées à certains lieux dont l’accès serait proscrit aux non-initiés.
Ou encore la non observation d’un certain nombre d’interdit serait à l’origine de la fureur de ce Njengu. Autant de dire et de non dire, qui au fil du temps ont épousé le quotidien des populations, au point de devenir de véritables légendes urbaines.
Le Mayi, la fête traditionnelle du peuple Batanga
Les Batangas comme les autres peuples du Cameroun, se réunissent tous les ans à l’occasion du « Mayi », qui est considéré comme le plus grand rassemblement culturel du peuple Batanga.
Mais au-delà du caractère festif, c’est un moment commémorant le retour d’un exil forcé des Batanga. En effet lorsque débute la première guerre mondial en 1914, le peuple Batanga se retrouve coincer dans les bombardements.
Pour fuir la guerre, une partie va se rendre en Guinée Equatoriale et l’autre partie va être déportée vers le Sud-Ouest grâce à l’intervention des forces franco-britanniques. Mais selon certaines sources, il n’y a pas que la zone anglophone qui est servie de lieu d’exil pour le peuple Batanga, même certaines zones francophones ont été aussi sollicitées. Et ce n’est que le 14 février et le 09 mai 1916 qu’ils retrouvent leur terre natale en vague de groupes.
Et depuis lors pour se souvenir de ce retour, ils ont institué le « Mayi », la grande fête du peuple de l’océan qui a lieu tous les 09 mai. Mais selon certains ressortissants Batanga, il existerait encore d’autres groupes de Batanga à travers le pays qui ne sont jamais rentrés de cet exil.