Bikutsi : Qu’attendent-elles pour collaborer ?

Le Bikutsi est un genre musical camerounais qui tire ses origines chez les Betis.

A l’époque, les femmes n’avaient aucun droit de manifester leur mécontentement devant leurs époux. C’est ainsi qu’elles se retrouvaient entre elles afin de constituer des cercles et partager leurs peines : Placées tour à tour au centre du cercle, chacune pouvait raconter avec aisance et au moyen du chant les difficultés qu’elle rencontrait au sein de foyer.

Cette musique s’est développée au fil des années grâce à quelques virtuoses tels que Mama Ohandja Dit Rossignol, Noah Essimi Guy, Ange Ebogo Emérant, Fam Ndzengue, Dieu Ngolfé, les Têtes brûlées, K-Tino pour ne citer que ceux-là.

De nos jours quelques jeunes talents tels que Majoie Ayi, Lady Ponce, Mani Bella, Coco Argentée… se sont inscrites dans ce registre faisant retentir au plus loin les vibrations de cette musique dont la définition étymologique est « Bia kut si » c’est-à-dire « Frappons le sol ».

L’une des valeurs fondamentales du peuple Béti étant l’union, enseignée aux générations à travers un adage très populaire : « Une seule main ne peut nouer un met » entendez l’union fait la force ; il parait alors fort évident qu’on s’attende à des actions de collaborations avec pour but premier de perpétuer cette culture pour des générations à venir.

Imposer une Musique c’est aussi échanger des idées et travailler sur des projets communs afin d’atteindre des objectifs précis et bénéficier d’en des retombés.

On constate d’ailleurs que c’est la tendance en Afrique de l’Ouest. Pour eux, la collaboration est une méthode efficace pour s’imposer et élargir leur Fanbase.

C’est aussi ce qui permet au Coupé Décalé d’envahir l’Afrique Centrale…Des exemples sont multiples : Au Nigeria Don Jazzy, P Square pour ne citer que ceux-là en font autant.

Pourquoi ça bloque chez nous? Comment comprendre que Majoie Ayi, Mani Bella, Coco Argentée, lady Ponce n’aient jamais collaboré ?

Ces grands noms de la nouvelle génération du Bikutsi ont chacune une brillante carrière, mènent une vie à la hauteur de leur succès. Ces stars voyagent pourtant à travers le monde pour des spectacles et autres prestations artistiques; ce qui leur permet de se rencontrer sur des même plateaux.

Seulement, le constat est amer malgré les larges sourires de selfies qu’elles « fabriquent » à chaque fois que l’une d’entre elle rencontre l’autre.

Elles se contentent de mimer chacune le succès de l’autre pour lui arracher quelques sympathies, alors que le challenge est ailleurs et très compétitif pour se créer un réel marché.

Aucune d’elle n’a l’humilité de se rapprocher musicalement de l’autre pour lui proposer une collaboration, Aucun manager ou producteur n’ose s’imposer ou favoriser cette démarche, le complexe est avéré, l’égoïsme gagne le large et le Bikutsi en sort cloué.

À chaque sortie de projet, on n’a comme le sentiment de vivre un challenge perpétuel qui vise absolument « éteindre » l’autre. Hors, on ne peut aller à une fête et danser les musiques d’une seule artiste.

Il est temps de rompre avec l’individualisme, Ensemble on est fort, Ensemble on va plus loin…

Collaborez chers dames…