Clément Tjomb: Mémoire de photographe

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Tue, 1 Sep 2015 Source: Mutations

Il est l’un des pionniers de la photographie de presse au Cameroun.

Il a pris sa retraite depuis 2008, après trente-quatre ans de service, mais sa passion pour la photographie est restée intacte. Vous ne trouverez pas sujet plus passionnant à partager avec cet ancien reporter-photographe de Cameroon tribune.

« Si je dois vous parler de mes débuts dans la photographie, ça nous prendra plus de deux heures », lance le septuagénaire, hier au siège de votre journal. Toutefois, l’histoire de Clément Tjomb avec la photographie de presse commence en 1974, lorsqu’il est recruté à Cameroon tribune.

De son expérience dans le quotidien bilingue national d’informations générales, il n’a que de beaux souvenirs. « J’ai eu le privilège de travailler avec les deux seuls chefs d’État que le Cameroun ait connus jusqu’ici. J’ai été le compagnon de vie de ces hommes de pouvoir», se souvient-il, nostalgique. Une anecdote tout de même : « Tant que le président Ahidjo ne me voyait pas, il ne souriait pas », lance le réalisateur de films, avant d’éclater lui-même de rire.

Des belles images, il en a fait une bonne poignée. A ce sujet, il préfère laisser d’autres parler pour lui. « Vous voyez la photo du Lac Nyos qui a fait le tour du monde, c’est ce monsieur qui l’a prise du haut d’un hélicoptère », relate alors le directeur de publication de Mutations, Xavier Messè. « A plus de 5 kilomètres de hauteur », rajoute alors Clément Tjomb. La photographie des jeunes filles bororos affichant leurs poitrines nues lors d’une cérémonie officielle est également l’œuvre de ce photographe initié par l’Unesco, dans le cadre d’une formation des cadres en cinématographie et photographie, commandée par le président Ahmadou Ahidjo. Plus tard, il suivra une autre formation de projectionniste.

Nyannon

Sur la photographie de presse au Cameroun, Clément Tjomb trouve à redire, au rythme d’une allitération. « Une photographie de presse soulève les montagnes, une photographie de presse hurle, une photographie de presse doit pouvoir révéler une situation », clame-t-il. Voilà pourquoi, à son sens, ce qui se fait dans la plupart des rédactions de presse écrite ressemble à tout, sauf à des photos de presse.

Selon lui, « on compte les reporters photographes au bout des doigts dans notre pays. La photographie de presse est encore au degré zéro dans ce pays», tranche-t-il. Toutefois, le natif de Nyannon, dans la région du Littoral, ne perd pas espoir.

Pour lui, beaucoup peut encore être fait. « Après l’école qui n’est en réalité qu’un fourre-tout, il faut lire, il faut se recycler, il faut toujours chercher à faire mieux », conseille-t-il aux jeunes passionnés de ce métier. Cet ancien adjoint au maire, aujourd’hui grand conseiller, reste très proche des objectifs d’appareils photos. Membre de l’Union des reporters-photographes du Cameroun, il passe ses vieux jours à sillonner des régions du pays, en capturant des tranches de vie, des clichés parlants.

Il vient de terminer son périple des onze arrondissements du département de la Sanaga-maritime, dans le Littoral. Les clichés ramenés de ce voyage seront exposés d’ici le mois de décembre dans la ville d’Edéa. Cette exposition sera en prélude au Salon international de la photographie que prépare « le panthéon de la photographie camerounaise ». Celle-ci aura lieu à Yaoundé l’année prochaine.

Source: Mutations