« J’ai été agressée sexuellement 70 fois dans la rue ‘’raconte martine, 24 ans et SDF. Le pire, c’est que ça devient normal, ça fait partie du quotidien.
Je vivais avec ma tante à Abobo (commune d’Abidjan) mais à l’age de 7 ans elle ma chassée de chez elle prétextant que sa maison était trop petite, n’ayant aucune autre famille j’ai été livré à mon propre sort.
Pour ne pas craquer et perdre la raison il faut accepter de vivre avec ça dans la pensée.
Parce qu’on est invisible et en marge de la société, nos agresseurs pensent que notre corps est à leur disposition
Il m’a fallu dix ans pour mettre des mots sur ce qui m’est arrivé. Aujourd’hui je vois chaque homme en agresseur potentiel.
J’ai été violée par d’autres sans-abri mais aussi par des hommes avec un domicile, mariés qui après avoir fini leur sale besogne me disait que j’étais moins chère qu’une prostituée.
Ces agressions quotidiennes se déroulent dans l’indifférence générale. Le grand public n’est pas du tout au courant de cette réalité.
J’ai souvent voulu porter plainte mais impossible d’affronter le jugement de la société.
C’est très dur de porter plainte, les SDF ne sont pas les bienvenues dans les commissariats. Ce sont les hôpitaux qui m’ont reçue qui ont souvent porté plainte à ma place.
Ma dernière agression sexuelle date du 6 août dernier, en plein après-midi je me suis faite violée sous les yeux d’une passante qui m’a apportée son soutien. C’est elle qui fut ma salvatrice.
Il était 14h, un vendredi sous le premier pont à Yopougon. Alors que je faisais la sieste toute fiévreuse, un homme venu de nulle part s’est jeté sur moi et m’a violenté. Essayant de me débattre implorant sa clémence l’homme m’a battue avant de rentrer en service. Pendant l’action, une dame passait par là avec son frère, et ont volé à mon secours, le frère de la dame a assommé le monsieur (un homme marié) et a fait appel à la police.
La dame m’a conduite à l’hôpital pour des soins intensifs et m’a reçue chez elle.
24 ans et séropositive…
je suis séropositive et je cherche mes propres moyens pour me reconstruire. Aujourd’hui je vis la peur au ventre et je vois chaque homme en un agresseur potentiel. Aussi je cherche mes parents parce que je ne les ai jamais connus.