Culture: conséquences d'une vie de couple sans mariage au Cameroun

Pris littéralement, l’expression « nd??bnc? » signifie nd??b du voleur. Ce vocable appartient au champ lexical du mariage. On entend ici par voleur, celui qui a pris une femme sans remplir les conditions coutumières requises, sans la doter.

Cette mise au point faite, revenons maintenant à la problématique de ce sujet. Depuis quelques semaines, une question suscite des débats divers et parfois houleux dans les milieux culturels Medumba, à savoir, un homme (sexe masculin) peut-il avoir deux nd??b ?

Un bon séminariste Medumba répondra par la négative car ce qu’on lui a appris jusqu’ici, c’est que les filles ont deux nd??b, l’un venant de son père et l’autre de sa mère ;et un garçon, un seul nd??b venant de sa mère. Par contre, un adulte Medumba qui connaît bien sa culture, répondra par l’affirmative. Cela s’explique de la manière suivante :

Lorsqu’un garçon naît dans un couple Medumba, il porte un nd??b qui vient du côté de sa mère. Ce nd??b reste unique jusqu’au jour où on découvrira que son père n’est pas son t??nk?b, c’est-à-dire qu’il n’est pas son père légal et légitime selon le droit coutumier, car il n’avait pas doté sa femme. Si personne d’autre n’avait encore doté cette femme, son mari peut encore aller voir ses beaux-parents pour la dot, ou bien il peut donner une de ses filles à la belle- famille pour que celle-ci la donne en mariage en compensation et en perçoive la dot. Si tout se passe bien, le garçon conserve son nd??b.

Mais si quelqu’un d’autre que l’actuel mari avait doté cette femme, le jour où on découvre cette vérité, les enfants issus de ce second mariage seront obligés de porter le nd??b de leur t??nk?b, c’est-à-dire de l’homme qui avait le premier doté leur mère. Dans ce cas, comme il est difficile d’amener l’entourage à changer la façon d’appeler les gens familiers, le garçon aura désormais deux nd??b : le nd??b venant du t??nk?b et le « nd??bnc? »(le mari qui n’a pas doté la femme est considéré comme un voleur.) La fille quant à elle aura trois nd??b : le nd??b du t??nk?b, le nd??b venant de son père illégitime et le nd??b venant de sa mère.

Cependant, ceux qui discutent sans arguments doivent savoir que selon la tradition, le« nd??bnc? » est officieux, clandestin. On ne l’utilise pas en présence du « t??nk?b », sous peine de malédiction ou de punition par l’esprit des ancêtres. Retenons donc que dès qu’on découvre le vrai « t??nk?b » et qu’on donne son nd??b aux enfants, le« nd??bnc? » tombe ipso facto en disgrâce et devient une appellation clandestine vouée à la disparition.

L’expérience et les témoignages attestent que l’ignorance de l’existence du « t??nk?b » peut engendrer des malheurs dans la famille concernée, par exemple le manque d’enfant dans les couples coupables. Ces malheurs peuvent aller jusqu’à une cascade de décès qui ne s’arrêtera que le jour où on remettra le « t??nk?b » dans ses droits et prérogatives.

En dernière analyse, nous constatons que le nd??b comporte plusieurs valeurs culturelles dont la liste ne saurait être exhaustive. Il apparaît ici comme un élément déterminant de l’acte coutumier de reconnaissance de la femme et de l’enfant. Le caractère héréditaire du nd??b lui confère une dimension spirituelle à ne point négliger pour peu que l’on recherche un équilibre personnel dans ce bas monde. N’est-ce pas justice que de rendre au« t??nk?b » ce qui lui appartient ? Un bien mal acquis ne profite jamais : N?? j? mb??’ bw?? n??shu?!