Dans son livre « L’intime dénouement de l’irréparable », paru à FM Editions, l’auteure aiguise sa plume contre différentes formes de déshumanisation observées dans ce pays, pour ainsi les généraliser en Afrique.
Dans l’encre de sa plume, la prolifique Christelle Nadia Fotso est une fois de plus sous le feu des projecteurs. Dans son récent livre, « L’intime dénouement de l’irréparable », qui vient de paraitre (27 avril dernier) à FM Editions, la romancière ose. Son engagement et sa liberté de ton disent haut ce que des gens, malgré des douleurs qui les étreignent, se muent dans un silence déconcertant.
Tenant son lecteur par la main, elle fait une immersion au cœur du Cameroun, et dans une large mesure sur le continent africain. Dans ce chef-d’œuvre de 270 pages, Christelle Nadia Fotso, telle une chroniqueuse, raconte des scènes de vie. Dans un style entrainant et digeste, la romancière construit son narratif à travers des témoignages, des reconstitutions des faits, des synthèses de documents entre autres.
La première de couverture montre une rose rouge tombée, où son nectar sorti de ses pétales, telle une tache de peinture, laisse des empreintes indélébiles sur une route bitumée. L’on comprend d’emblée qu’il s’agit d’une histoire de mœurs, et où le sang se repent sur le théâtre des opérations. C’est le cas de cet hôtel d’une ville africaine, où un corps mutilé avec une sauvagerie indescriptible est découvert. Un meurtre odieux qui fait dire l’auteure que « la terre de nos ancêtres sans être le seul cadre de l’histoire est celui où tout est transgressé et où tout finit pour revenir pourrir comme pour montrer que les pays africains sont malades de leurs secrets ».
Plus loin, elle mentionne que leurs morts sont mal enterrés. Aussi que, des victimes crient sans être entendues ; non pas leur colère, leur rage ou leur haine ; mais leur désespoir. « Défigurer son enfant. En faire une croix pour la gommer et rendre quasiment tout interdit possible et justifiable avec elle. Une petite fille handicapée prise dans un piège inéludable; une mère qui se voit dans ses yeux morts et ne le supporte pas ; une société sans lignes rouges où le handicap donne toujours tort et la force raison; des histoires qui auraient dû étouffer sous les coups et dans l'eau froide», sont ces scénarii qu’elle raconte avec tant de maitrises.
Dans « L’intime dénouement de l’irréparable », l’écrivaine fait tomber des tabous. Le roman renforce l’image misérable de ce Cameroun et de cette Afrique, avec une abdication pleine de haine de soi et d’inculture face au mal. Dans cet environnement, des problèmes de famille, ne concernent que ces familles. L’on entend face à ces situations d’autres dire : « cela ne me regarde pas, c’est entre eux, pour nous quoi ? Les parents ont toujours raison ». Autant d’excuses que des sociétés africaines utilisent pour ne pas intervenir avant l’irréparable qui de fait toujours préférable et préféré à une confrontation avec le mal en mettant les des personnes coupables d’incestes ou d’autres bourreaux face à leurs actes.
Dans une note de lecture, l’éditeur mentionnait déjà que « L’intime dénouement de l’irréparable » n’est pas un roman reposant. Il ajoute qu’il n’est pas conseillé à ceux qui ont besoin de réduire son auteure à son père sans la lire ou juste l’écouter. « Il est absolument à ignorer pour ceux qui ne veulent pas être dérangés par le talent de Christelle Nadia Fotso en étant obligés d’admettre que non seulement elle sait écrire et raconter mais qu’elle peut parler camerounais et africain en mettant la main sur ce qui fait mal », déclare-t-il. Il fait allusion au fait que les textes de Christelle Nadia Fotso aient le pouvoir de hanter et de déranger avec tant de questions qu'elle pose sont essentielles tout en restant sans réponse. Mal aimer, détruire ce qu'on aime avec une facilité et une efficacité déconcertantes qui ne sont que des points d'exclamation puisque l'irréparable a toujours un dénouement intime.
« Ce n'est pas que l'histoire dérisoire d'une femme qui a un enfant de trop. » Des phrases qui libèrent en exprimant ce qui est encore inaudible en 2023 lorsque le sujet est la femme de couleur et l'Africaine comme pour montrer qu'elles ont une individualité, une complexité et des histoires qui ne peuvent plus être tues.
Christelle Nadia Fotso est née à Yaoundé (Cameroun) et a grandi aux Etats-Unis. C’est dans ce pays d’Amérique qu’elle fait ses études en Sciences politiques et en Philosophie avant de faire le Droit et les Relations internationales. Elle intègre le barreau de Washington, DC en 2003. « L’Intime dénouement de l’irréparable » est le cinquième ouvrage de cette auteure pleine de vie, « une créatrice hors pair ». Le tout premier roman étant « L’Empreinte des Choses Brisées », paru en 2010. Sa plume autant poétique qu’engagée, a également produit « Amoureuse du Diable, Défigurée et Scarcely Disfigured ». Des livres de chevet où l'amour, la passion, les choses entendues et les fruits défendus se bousculent pour laisser place à son intarissable inspiration. Telle une globetrotter, Christelle Nadia Fotso vit ses humanités et partage des patrimoines entre les Etats-Unis, l’Europe et l’Afrique.