La Camerounaise Dr Carole Modestine Yonzou Tchatchouang aka la "fille de la République" est bien informée des éléments qu’il faut apporter aux parents d’une bamiléké avant de la prendre comme épouse. Dans une publication qu’elle a relayée, on peut lire que la dot chez les bamilékés se fait en trois (03) étapes fondamentales.
« Étape 1 : le toquer porte. C'est ce qu'on appelle ouverture de la voie. Ça veut dire quoi exactement ? C'est une étape qui consiste à aller se renseigner sur la voie à suivre et chez qui aller pour remettre un paquet. C'est une cérémonie qui ne nécessite pas trop de personnes. Vous pouvez venir deux (02) ou quatre (04) personnes.
Le toquer porte peut se dérouler même chez le tuteur de la fille. C'est lui qui vous dira exactement à qui s'adresser. NB : Les femmes ne parlent pas des choses de la dot.
Étape 2 : Rite de la dot. Après avoir toqué la porte comme j'ai dit à la première étape, il est organisé une cérémonie officielle où le gendre rencontrera la famille soit chez ses propres parents dans le cas où le géniteur de la fille avait payé sa dot.
Si le père de la future mariée n'avait pas doté la mère de la mariée, la cérémonie de dot se déroulera strictement chez les grands parents. Il faut bien noter cela parce que si votre père prend cet argent, il sera considéré comme un escroc et la loi traditionnelle le frappera.
Pendant la cérémonie les personnes que vous allez rencontrer sont présents ou leurs représentants. Le chef de famille en concertation avec les membres de sa famille dresse une liste qui est donnée au représentant de la famille du marié. Celui-ci peut discuter certains points sur la liste mais pas dans la salle.
Exemple : nous étions à Bangangté et j'étais parrain d'un mariage. Sur la liste ils avaient demandé sept (07) chèvres. Nous avons négocié. Après négociation vous rentrez dans la salle et le modérateur de la cérémonie lance les hostilités. C’est l’étape de la sortie avec les filles déguisées pour amener le représentant du marié de choisir la fiancée de son fils. J'ai eu plusieurs fois la lourde mission de le faire. Il faut noter que quand ce n’est pas la fille vous donnez des montants symboliques pour aller chercher la fiancée même.
Après avoir trouvé la fiancée elle s'installe et le rite de la dot commence. Il est question pour les futurs mariés de boire le vin blanc (bon matango naturel) et ils mangent la kola pour sceller l'alliance entre les deux (02) familles. Je me souviens le jour de la dot de ma femme, elle a essayé de ne pas manger la kola sous le motif que c'est amer. Toute sa famille a crié "oh manges ça vite. Tu es déjà grande donc tu dois manger". Elle a mangé en me disant c'est la première fois que je mange la kola j'ai répondu c'est une bonne fois alors.
La kola et le vin blanc c'est un Kadi et on doit prendre toutes les précautions pour ne pas choisir les mauvaises personnes ou alors rater les règles par exemple doter une femme enceinte, c'est interdit. Un autre exemple : celui qui boit le vin et mange la kola en tant que père de la fiancée doit être la bonne personne. Ne créez pas les pères à vos filles le jour de la dot. Ça va vous rattraper un jour.
Étape 3 : la bénédiction du nganbaa (chef de famille). Après avoir mangé la kola et bu du vin il est impératif au père de famille de bénir sa fille en lui disant là où tu pars-là tu ne reviens plus ici. Sauf pour une balade de courtoisie. La fille devient désormais membre d'une autre famille parce qu'elle vient de recevoir la libération de son père (…).
Pour ce qui est de la liste des choses à donner à certaines personnes. Il faut noter que chez les bamilékés vous n'êtes pas obligés de donner ça le même jour. Il n'y a pas de date limite pour ça. 05, 10, 20 ans l'époux est libre de donner ou pas.
S'il ne donne pas ce qui lui a été demandé il n'aura pas le droit de prendre un jour pour sa fille. S'il ne fait pas de fille et que ses garçons dans le futur ont les filles, la première dot sera faite chez les grands parents de ses enfants pour rembourser cela. Dans le cas contraire ces petites filles-là ne seront jamais dotées.
Il faut noter que chez les bamilékés le lien de bénédiction ou de couper le cordon ne se fait pas deux fois dans la vie. Pour dire simplement : on ne dote pas la femme deux fois. C’est pourquoi si elle décède elle sera inhumée chez son époux. Apprenez à assumer votre culture ».