Thaddée Owona Bidi, sociologue, revient sur les raisons de l’infidélité chez la femme et propose des solutions pour l’atténuer.
Qu'est-ce qui justifie l'infidélité de la femme ?
En principe plusieurs mobiles peuvent sous-tendre l'infidélité. Avant d'évoquer de manière non exhaustive quelques-unes, deux valeurs essentielles sont au centre de la notion de fidélité: la confiance et la loyauté. Et le déclin de ces valeurs conduit à l'infidélité dont les causes peuvent être, le milieu de socialisation ; l'épineuse problématique des performances sexuelles, un désir à la limite narcissique de la femme d'être continuellement aimée et au centre des préoccupations de son conjoint, c'est le syndrome d'Emma Bovary; la quête des sensations fortes ; la précarité ; les groupes de pair; le désir de vengeance. Les raisons sont multiples.
Ce phénomène s'amplifie de nos jours ? Quelles sont les raisons ?
Dans le contexte qui est le nôtre, caractérisé par un délitement et une crise des valeurs, la question de la sexualité a perdu le côté pudique qui a longtemps consacré sa sacralité. Confronté à cette banalisation de la sexualité, le phénomène de l'infidélité de la femme semble également s'être amplifié.
Pouvez-vous estimer le pourcentage de femmes infidèles au plan national ?
Il est difficile de procéder à une estimation objective, aucune étude sérieuse n'ayant pris cette question pour objet de recherche. Cependant, il est important de relever qu'il est de plus en plus difficile de trouver des femmes fidèles. En effet, moulées dans un environnement où l'infidélité de l'homme semble être innée (les expressions courantes de 1er, 2e bureau et plus meublent en partie le discours des hommes au Cameroun), les femmes semblent également avoir souscrit à ces manières de faire et d'agir.
Existe-t-il une catégorie précise de femmes infidèles ?
En parlant de catégorie, il faut peut-être sortir de certains jugements de valeurs et du discours selon lequel, certaines "tribus" ou "ethnies" sont réputées avoir "les cuisses" légères ; ou encore que certaines "couches sociales". En effet, la question de l'infidélité transcende les origines et les catégories sociales. Elle est peut-être plus accentuée dans la catégorie du monde d'en-bas, mais elle s'observe également dans les classes moyennes et les catégories sociales à priori aisées. C'est donc un phénomène social global.
Que peut- on faire pour résoudre ce problème d'infidélité ?
Pour atténuer ce phénomène à défaut de le résoudre, il faut de nouveau miser sur la socialisation à partir de la cellule familiale. C'est vrai que d'autres instances de socialisation ont pris le pas sur la famille, mais elle reste un rempart. En effet, un enfant qui a grandi dans un environnement où la fidélité n'a pas perdu sa sacralité, sera moins tenté à faire l'expérience de l'infidélité. Par ailleurs, les hommes doivent conférer d'autres fonctions à l'acte sexuel, au-delà de celle de l'assouvissement de leurs besoins. Ils doivent tenir compte de leur partenaire et s'efforcer à la satisfaire sexuellement. De plus, une relation amoureuse doit échapper à la monotonie et constamment procéder au renouvellement des manières d'entretenir la flamme. Une relation amoureuse doit être dynamique et non monotone.
Propos recueillis par R.E.E