Ainsi s’en alla-t-il le jeudi 13 février 1997, dans la matinée à Yaoundé au Cameroun. Sans que sa nouvelle pièce théâtrale “le moniteur d’auto-école” en préparation ne fût sur le marché, pour pouvoir meubler ses obsèques. Tombé dans l’anonymat après une brillante carrière artistique dans les années 70, 80 et 90, l’artiste était présent à travers ses œuvres dans plusieurs ménages en Afrique et même en occident
Son look artistique ne passait pas inaperçu. L’incohérence vestimentaire et la barbe envahissante étaient de prime abord les éléments déclencheurs du rire. Dix-sept ans déjà que l’artiste nous a quitté nous ayant tout donné. Aujourd’hui. A ce jour, plusieurs de ses œuvres continuent à faire l’objet de nombreuses imitations mais, à qui profite les droits d’auteurs ?
Sous d’autres cieux on aurait pérennisé d’idole. Lui qui a été l’inspirateur de dizaine d’humoristes africains. Un prix en sa mémoire lors des multiples cérémonies culturelles de récompense organisées chaque année dans notre pays, ou encore une stèle digne de ce nom, constitueraient à coup sûr une reconnaissance du talent du plus grand humoriste africain de sa génération. Mais rien n’est fait. Ni par les promoteurs culturels, ni par le gouvernement garant de notre patrimoine culturel.
Jean Miché Kankan – Dieudonné Afana Abecon de son vrai nom – est né en 1956. Il est originaire du village Nkom par Akonolinga situé à 120 kilomètres de Yaoundé, la capitale politique du Cameroun. Professeur de français dans le secondaire, il abandonne cette fonction pour travailler comme fonctionnaire à Radio Cameroun. Les débuts ne furent cependant pas faciles.
Le public était peu réceptif au style de l’artiste. Je n’étais qu’un petit enfant qui a fait ses débuts dans un genre théâtral mon affaire fut floue. Mes premiers spectacles étaient à 10 F CFA l’entrée?, déclarait l’artiste quand on lui demandait de raconter ses débuts sur les planches. Mais au fil du temps, Jean Miché Kankan a su imposer son style et faire passer son message.
La fille du bar, Maladie d’amour, Les bonbons alcoolisés et L’élève international sont autant d’œuvres à travers lesquels Jean Miché Kankan a égayé le quotidien des Africains. Le talent de l’artiste ne saurait se réduire à son look.
L’humoriste Kankan usait d’un langage de personne en état d’ivresse pour faire passer son message. La profondeur des textes de l’artiste interpellait la société sur des problèmes comme la polygamie, la consommation abusive de l’alcool, les tracasseries policières, etc. Ce grand homme d’humour est mort en 1997. Son génie aura permis l’émergence de plusieurs artistes humoristes
L’on retiendra simplement de Jean Miché Kankan qu’il était un artiste perfectionniste, Ses oeuvres laissées à la postérité constituent des bréviaires dont on peut se servir aujourd’hui, pour lire l’histoire de nos sociétés, comprendre les mœurs d’une société à l’affût de modèles et perdue dans certaines représentations. Tout cela, c’était Jean Michel Kankan, l’artiste, mort il y a dix-neuf ans.