La première date de sa tournée au Cameroun, vendredi dernier à Douala, a été une véritable réussite.
« Je suis une métisse culturelle ». On était en début 2010 et Kareyce Fotso avait mis sur le marché, quelques mois auparavant, son premier album « Mulato » (2009).
Le deuxième, « Kwegne », allait lui voir le jour au cours de la même année, toujours dans la droite lignée de cette déclaration pleine d’éclectisme, juin 2010.
Et le métissage musical, étroitement lié à la pluralité culturelle de Kareyce, allait se poursuivre en 2014 avec sa troisième sortie, « Mokte ».
C’est sur tout ce parcours, et bien au-delà, que l’artiste a décidé d’entraîner le public camerounais, avec une mini-tournée locale de trois dates intitulée : « Sur le chemin de Kareyce Fotso ». A l’initiative de Cy Entertainment de Chinois Yangeu, un habitué de l’organisation de spectacles au « Mboa ».
Première date donc avant Bafoussam le 2 et Yaoundé le 8 : Douala, ce 1er avril 2016 au Castel Hall de Bonapriso. Un lieu qui éveille de nombreux souvenirs. Ici même en décembre 2010, Kareyce Fotso avait électrisé la salle. Mais ce ne sera rien à côté de l’instant présent.
Parce que oui, elle a changé Kareyce, montant de plusieurs crans dans la qualité du spectacle.
Sa voix éraillée a pris encore plus de volume, la tessiture est plus élargie, sa présence scénique est puissante. L’artiste habite l’espace et nous rappelle une Dobet Gnahoré par exemple. Kareyce, c’est une tigresse, mais qui n’agresse pas le public.
Bien au contraire, la communion est indéniable. Sa grande énergie est communicative, à tel point que malgré près de trois heures de spectacle, la salle est toujours pleine. La foule veut continuer à danser. Ça tombe bien, l’espace conséquent laissé vacant au bas de la scène sert à ça.
Ils emprunteront donc pleinement le chemin de Kareyce Fotso, qui leur aura offert tout son univers ce soir-là, elle la chanteuse, danseuse, guitariste, conteuse, comédienne, ses expériences dans le meilleur conservatoire du monde : le cabaret.
Elle, la « métisse culturelle », qui nous aura embarqués dans une musique syncrétique, foisonnement de mangambeu, assiko, makossa, bikutsi, de sonorités sahéliennes… dans une multitude de langues : bassa, duala, ghomala, ewondo, foufouldé, etc. Elle le dira, cette soirée est placée « sous le signe de l’unité nationale ».
Elle puisera aussi dans les résonances d’ailleurs, elle qui voyage à travers le monde pour partager sa musique.
Et si elle a pu transmettre autant d’émotions au public, c’est aussi grâce à une équipe de musiciens virtuoses, comme le guitariste Michel Mbarga.
Les choristes, dont les voix auront su s’accorder à merveille avec les instruments et le lead vocal, n’auront pas été en reste. Surtout qu’il fallait aussi danser.
Une partition bien jouée dans l’ensemble, qui aura reçu l’adoubement des anciens. C’est ainsi qu’on retrouvera un plateau d’exception, le temps d’une chanson, « Je vais à Yaoundé ».
Avec son père spirituel André Marie Tala au chant et à la guitare acoustique (celle de Kareyce), Sam Fan Thomas à l’électrique, pendant qu’Emile Kanguè et la jeune artiste seront aux chœurs.