« Je me sens l’âme d’un combattant dorénavant aguerri, qui a affûté ses armes. Pour moi, la lutte continue. La prison certes est terminée, mais le combat n’est pas terminé.».
Il y’a six ans de cela, Lapiro Mbanga tenait ses paroles au lendemain de sa sortie de prison.
Surnommé Ndinga Man, Lapiro était l’un des artistes camerounais les plus controversés. Ayant popularisé le pidgin roots par la musique, le chanteur de Makossa ne manquait pas de raconter, dénoncer les maux et les vices du Cameroun.
Un artiste pas comme les autres
Exilé au Nigéria et au Gabon en 1985, L’artiste Mbanga avait joué le trouble-fête face au régime mené depuis 1982 par Paul Biya.
En 2008, Lapiro est condamné à trois ans de prison pour incitation à la violence et incendie volontaire. La condamnation faisait suite aux incidents meurtriers qui avaient eu lieu dans le pays après un changement de la Constitution permettant au président Paul Biya de se représenter une troisième fois.
Libéré le 8 avril 2011, l’artiste Mbanga ne semble pas être intimidé car il continue de s’indigner sur la mal gouvernance au Cameroun. Lapiro Mbanga n’y va surtout pas de mains mortes avec le premier grand opposant de Paul Biya, John Fru Ndi. Selon lui, le président du parti Social Democratic Front (SDF) dont il fût un ex membre est une « Marionnette ».
« Je démissionne du SDF. Quand je fais trois ans de prison, John Fru Ndi apprend que le marché central de Douala a brûlé, va y jouer les marionnettes et ne songe pas à venir me rendre visite en prison, je dis que c’est un monsieur qui n’est pas fait pour gérer les hommes, parce qu’il n’a pas le sens des relations humaines. J’avais dit depuis 2008 que Fru Ndi et Biya doivent partir pour laisser ouvert le jeu démocratique au Cameroun » déclara-t-il
Le parcours de Lapiro Mbanga
Né en 1957 à Mbanga, Lapiro fait son entrée dans la musique en 1978 avec l’album « Persévérance ». Avec une moyenne de 3 albums par an, son talent explose. Il produit ensuite «Nkon nu si, la terre, le monde» en 1979, «Pas argent no love», en 1985, et «No make erreur» en 1986. Très vite, ses textes laissent transparaître un esprit militant et combattant. En 1987, revient avec «Surface de réparation» et 2 ans plus tard avec l’album «Mimba we».
En prison, il rédige un ouvrage « Cabale politico judiciaire ou la mort programmée d’un combattant de la liberté » qui ne trouvera pas d'éditeur avant son décès.
Une inspiration pour la jeunesse
L’artiste qui était la voix des sans voix, est devenu une influence pour plusieurs artistes parmi lesquels Jovi le Monstre, l’un des plus grand talents du rap Camerounais.
Le rappeur n’a pas manqué de lui rendre un hommage dans son premier album avec le titre « Lapiro ».
En 2011, Lapiro Mbanga se produit en Europe, aux États-Unis et au Canada.
C’est un 16 mars 2014, que l’artiste rendra l’âme à New York après avoir quitté le Cameroun avec sa famille pour un droit d’asile en 2012.