L’humoriste vient de commettre un nouveau spectacle qu’il a récemment présenté au public du Congo Brazzaville.
Vous avez récemment présenté au Congo Brazzaville votre nouveau spectacle « je suis noir et je suis raciste ». Parlez-nous de cette pièce et de ce qui vous a motivé à choisir un tel thème ?
Ce nouveau spectacle est une façon de faire l'autopsie d'une question sensible qui influe directement et indirectement sur les relations entre les peuples. Ma motivation est venue en observant, via les médias, le traitement des migrants africains aux portes de l'Europe puis celui des syriens fuyant le conflit dans leur pays. Le drame migratoire que se passe aux portes de l'Europe est une véritable tragédie; la réponse apportée ne l'est pas moins et le silence des présidents africains est encore plus tragique. Il était important de porter sur les planches cette question pour essayer de tirer des leçons pour l'avenir.
Avec cette nouvelle sortie, il est tenté de vous penser que vous êtes bien intéressé par les questions de racisme, puisse qu’en 2014, vous avez présenté un spectacle « voir Paris et mourir ». Qu’en est-il exactement ?
Vous savez, j'ai toujours impressionné de voir comment la plupart des pays d'Afrique francophone, le Cameroun en tête de liste, évite d'aborder cette question de manière officielle. On se comporte comme si l'esclavage n'avait pas existé et la colonisation avait vraiment été une bonne chose. En refusant de regarder le passé on ne peut pas avancer sereinement. Ce qui m'a toujours intrigué au Cameroun, c’est qu’il n'y a jamais une allusion d'un officiel, d'une autorité administrative sur l'esclavage. Il n'y pas de monuments pour rappeler ce triste souvenir, au moins pour la mémoire des martyrs de l'indépendance. Dans le quotidien pourtant la question raciale reste un vrai problème et une source de frustration ainsi qu’un complexe d'infériorité pour certains et de supériorité pour d'autres.
Quelle idée ou vision voulez-vous faire passer à travers vos œuvres ?
Qu'on ne doit pas faire l'autruche. Regarder les choses en face, étudier le passé pour espérer un futur moins dramatique avec en toile de fond une meilleure compréhension mutuelle.
Pensez-vous pouvoir vraiment résoudre la question de racisme?
Au moins j'espère pouvoir susciter un débat constructif pour désamorcer cette bombe qui finira bien par exploser si on ne fait pas ce qu'il faut pour changer la donne.
Que gardez-vous de cette expérience au Congo Brazzaville ?
Beaucoup de beaux souvenirs. Avec la dizaine de jeunes qui ont suivis l'atelier de formation que j'ai dirigé pendant deux semaines à Brazzaville. J'ai vraiment eu la chance de découvrir cette ville que j’ai trouvée magnifique (Brazzaville me fait penser à Douala). Sur le plan professionnel j'ai pu enrichir mon spectacle au contact de ces jeunes. Un sketch en hommage au sapeur figure dans ce spectacle car j'ai assisté à des Battles de sape. J'avoue que j'ai été complètement transporté par ce style qui est né à bas Congo.
Vous avez annoncé une tournée africaine. Parlez de ce projet ?
Mon équipe travaille sur ce projet pour 2017 et vous serez informé au moment opportun des détails. Tout ce que vous devez savoir, c'est que cette tournée concerne au moins une dizaine de pays en Afrique.
Valery Ndongo est aujourd’hui accompagnateur des jeunes talents. Pourquoi avoir opéré ce choix ? Pensez-vous avoir l’expérience ou la maturité nécessaire pour tenir la main au plus jeunes ?
La formation est une chose capitale quand on veut qu'un style s'impose et surtout perdure après vous. Le choix de former d'autres jeunes s'est imposer quasiment à moi car plusieurs autres jeunes ont commencé à me solliciter. Et il fallait faire la formation dans le cadre d'atelier et de master classe.
Je dirige des formations depuis 2009 et j'ai commencé le stand up en 2004. Vu le nombre de jeunes que j'ai déjà formé et la carrière que certains ont déjà, je pense que l'expérience et la maturité ne sont pas un problème.
Quel regard portez-vous sur la nouvelle génération des humoristes au Cameroun ?
L'humour est devenu ou redevenu un style à part entier au Cameroun et le public en a pour son argent. L'humour a encore de beaux jours au Cameroun. Grâce à cette nouvelle génération qui a soif de succès et surtout veut se faire une place de choix dans le cœur du grand public.
Où en êtes-vous avec le « Valery Comedy Club » ?
Le "Valery Ndongo Comedy Club" vient d'être céder à Canal + Afrique (A+) qui, en achetant les droits de diffusion exclusif de ce concept, se positionne pour une longue collaboration qui j'espère sera très fructueuse. La diffusion de la saison 1 est pour bientôt et la saison 2 est déjà en préparation. L'innovation sera un nouveau cru d'humoristes qui viendra d'encore plus de pays que la saison 1.