La chanson 'Coller la petite' au parlement camerounais

1011 Assemblee Nationale Dbl W 967 008 Ns 600 Les parlementaires lors d'une session, Archives

Sun, 6 Dec 2015 Source: cameroon-info.net

Durant l’étape des discussions générales dans la nuit d’hier samedi 05 décembre à ce dimanche 06 décembre, les représentants du peuple se sont montrés très préoccupés par la chanson controversée «coller la petite» de l’artiste camerounais Franko.

Tous ceux qui ont pris la parole à la tribune de l’Assemblée Nationale, ont été unanimes sur le fait que la chanson à succès «coller la petite» de Franko, est un véritable vecteur de dépravation des mœurs. «La préoccupation concernant la chanson «coller la petite» me semble bien profonde. Car c’est une grossière invite à la débauche, qui heurte la morale et des mœurs» a indiqué l’honorable Cécile Epondo Fouda. «Une œuvre à la cacophonie scandaleuse et scandalisante» a renchéri Narcisse Mouelle Kombi, le Ministre des Arts et de la Culture.

Mais, les députés qui espéraient voir les pouvoirs publics prendre des mesures pour interdire la diffusion des musiques de ce genre, ont été surpris d’apprendre qu’il n y a ni loi, ni une disposition réglementaire qui interdit la diffusion des chansons comme celle de Franko. D’ailleurs, au nom de la garantie des libertés, le Préfet du Département de la MIFI, Joseph Tangwa, qui a avait pris le lundi 2 Novembre 2015 un arrêté pour interdire la diffusion de la musique de Franco dans son unité de commandement, a été sommé par sa hiérarchie de rapporter son arrêté.

«Un fait nouveau est intervenu. Le Préfet du Département de la MIFI a opéré ce qu’on appelle en droit administratif, le retrait de son acte. Cela veut dire que l’acte n’a jamais existé. Il n’a pas produit d’effet. Le Ministre de l’Administration territoriale a veillé sur la garantie des libertés et la priorisation des licences dont jouissent les auteurs des œuvres de l’esprit» a justifié Jules Doret Ndongo, Ministre délégué représentant le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation.

«Des réponses à ce phénomène qui est apparu comme une déviance, un déficit moral, ou immoral, doit tenir compte du contexte dans lequel cette œuvre est née. Elle est née à la confluence d’un contexte caractérisé par une double dimension. La première dimension est juridique. Nous sommes dans un contexte de libération. Libération des opinions, libération des expressions, libération des esprits, mais, également, une dimension sociologique. La mondialisation.

Voilà bientôt un demi-siècle, que nous entendons répéter que le temps du monde infini commence. Un monde dans lequel il n y a plus de frontière…ça suppose un monde virtuel qui est porté par les nouvelles technologies de l’informatisation et de la communication. D’où le problème de l’efficacité de certains actes, notamment des actes portants interdictions. Le ministre de l’AT a rappelé tout à l’heure que la décision prise par le préfet de la MIFI d’interdire cette œuvre a été rapportée. A bon droit.

Pourquoi ? Parce que, une telle décision ne peut être une prophétie auto réalisatrice. Un phénomène aussi devançant que celui-là, ne peut disparaître par la seule vertu d’un acte réglementaire. Parce qu’aujourd’hui, les nouvelles technologies de l’information et de la communication, internet et autres, permettent de diffuser les œuvres à une vitesse exponentielle… Donc, des mesures à prendre par les pouvoirs publics doivent tenir compte du fait que nous sommes dans un contexte de libération. Au ministere des Arts et de la Culture, il existe une commission de contrôle, la mise en exploitation des œuvres cinématographiques et des enregistrements sonores.

Mais, cette commission ne concerne pas les œuvres musicales. Donc, cela amène à réfléchir pour les autres dimensions de la législation tant que sont concernées les œuvres de l’esprit» se défend Narcisse Mouelle Kombi. En plus du problème que pose le texte de la chanson controversée, le député Cécile Epondo Fouda relève également que l’apparition du drapeau du Cameroun dans le clip de Franko suscite d’autres préoccupations. «Le clip de cette chanson diffusé sur les antennes des télévisions étrangères, compromet l’image de notre pays, puisque dans ce clip, est brandi un drapeau aux couleurs vert - rouge - jaune du Cameroun.

Une présence qui pourrait être interprétée comme une caution donnée par les garants de l’Etat alors question: l’usage du drapeau national ne devrait-il pas être réglementé ?» A cette autre interpellation de l’élue du peuple, le ministre Jules Doret Ndongo s’est une fois de plus montré impuissant. «En l’état actuel de notre droit, rien n’interdit pour l’instant, l'utilisation des emblèmes nationales. Nous regardons tous la télévision. Nous constatons que les artistes et les sportifs excellent dans cette pratique.

Je vous signale cependant qu’il existe dans les services du Premier Ministre, un Comité interministériel pour la normalisation et l’harmonisation des symboles officiels de l’Etat. Ce comité examine ce genre de questions. Il est à pied d’ouvre et il rendra sa copie dans les tous prochains jours. Et alors nous saurons si l’usage ou le recours à l’utilisation du drapeau camerounais est réglementé».


Après la série de questions posées par les députés aux membres du Gouvernement, une longue épreuve entamée hier soir et achevée ce dimanche matin, il sera procédé bientôt au vote du budget de l’exercice 2016.

Source: cameroon-info.net