La musique locale supplantée par la musique étrangère

Ponce And Dancers La star camerounaise Lady Ponce et ses danceurs

Sat, 9 Apr 2016 Source: 237online.com

La jeunesse s’identifie beaucoup plus aux musiciens tels que Fally Ipupa, Beyonce, Diddy, Sean Paul, Ed Sheeran, ... mais ignorent les refrains des titres locaux.

Qu’il s’agisse des radios privées, des snacks bars, des restaurants et dans la programmation musicale des chaînes de télévisions ou Internet, pour ne citer que quelques-uns, il se dégage un constat implacable.

On y on joue essentiellement des œuvres musicales étrangères. De nombreuses raisons peuvent être invoquées pour justifier cette situation. La jeunesse qui est très friande des artistes venus d'ailleurs et s’identifie beaucoup plus à Fally Ipupa, Beyonce, Diddy, Sean Paul, Ed Sheeran, ...

A titre d'exemple, Styve H., 21 ans, maîtrise mieux les textes de l’album de Maître Gim’s, rappeur du groupe français, Sexion d’Assaut que les refrains d’un titre à succès de Kareyce Fotso. « Je me reconnais beaucoup plus dans la musique étrangère et surtout afro-américaine à 'l'exemple de Whitney Houston », confie Omer Ngatchuessi. « Je suis profondément déçue par la musique du pays.

Nos artistes passent le temps à citer les nomsdes grandes personnalités dans leur chanson ou à parler du sexe, au lieu de nous proposer quelque chose de doux pour les oreilles », accuse Karelle N., mélomane, en ajoutant qu’elle ne peut pas acheter un CD où on ne retrouve qu’un seul titre bien fait. « La distribution est aussi un maillon faible de la chaîne musicale au Cameroun.

Il n’est que normal que cette activité ne puisse plus nourrir son homme, puisque les artistes chantent n’importe quoi », explique un autre mélomane pour justifier le désintérêt pour la chanson camerounaise.

La loi de 70% bafouée

De même, des musiques congolaises, ivoiriennes, nigérianes, françaises et américaines sont les plus suivies et diffusées en longueur de journée parce qu’elles font monter le taux d'audience, apprend-on dans les milieux des animateurs. Pourtant, la diffusion sans restriction de contenu étranger sur la radio nationale constitue bien un obstacle à la création de musique locale.

Mieux, la réglementation en vigueur au Cameroun demande aux médias locaux de diffuser au moins 70% de contenu local. Ce qui est loin d'être le cas dans les faits. 237online.com La domination étrangère vient aussi au niveau des cachets qu'on donne aux artistes lors des concerts.

Le 18 mai 2012 par exemple, des artistes musiciens Camerounais sous la houlette du Syndicat camerounais des artistes musiciens (Sycamu), avaient protesté contre le concert du duo d’artistes nigérians P-Square.

L’opérateur de téléphonie mobile qui organisait ledit spectacle payait plus cher les cachets des artistes étrangers par rapport aux nationaux, notamment Lady Ponce et Petit Pays. De même, les opérateurs de téléphonie mobile, au moment d’organiser des spectacles, préfèrent faire venir des musiciens étrangers au détriment des locaux tout aussi talentueux.

On se souvient d’ailleurs que c’est l’une des compagnies qui avait permis à Stromae, chanteur belge d’origine rwandaise de poser pour la première fois, ses valises à Douala.

« Jambo TV sur Canal2 International, la télévision la plus regardée du pays et Tam-Tam Week-end sur la Crtv, le média à capitaux publics au Cameroun, longtemps considérés comme des plateformes incontournables de promotion des projets artistiques, car mobilisant un nombre non négligeable de téléspectateurs, s’avèrent être peu productifs, voire quasiment inutiles pour un artiste et son œuvre », écrivait Culture Ebène dans son éditorial en janvier 2012.

Dans le même sens, l’on note que la suprématie de la musique étrangère sur les œuvres produites localement vient aussi de la lente agonie des circuits de distribution. Il est plus facile pour un mélomane de trouver dans le marché noir des albums étrangers. En cause, la disparition de TJR Music, Music Center, Emmanu Music, Fotié Music Paolo Music... ont fermé les portes.

A MC Pop Music, situé au Camp Bertaud, le représentant affirme que l’entreprise ne fait plus dans la distribution depuis que la piraterie a envahi le marché. Les dernières marchandises restantes sont en train d’être soldées. « Il y a des semaines qu’on ne vend même pas cinq CD. Le mal est profond que le grand magasin qu’on avait s’est réduit à un simple étalage », confie-t-on.

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