Pour comprendre pourquoi la nationalité française de Ma’a Jacky fait polémique, il faudrait voyager au cœur même de la psychologie existentielle de l’homme, mots introductifs de la coach blonde. La Camerounaise s’exprime au sujet de son compatriote.
Oui, je sais ! Mettre "psychologie existentielle" dès le début d’un texte, ça promet. Pourquoi s’en targue-t-il ? Pourquoi cela vous agace-t-il autant qu’il s’en targue ? Mais avant tout, commençons par ce qui régit les émotions humaines. La peur.
Si tous les êtres humains sont égaux face aux émotions – la joie, la peur, la jalousie et toutes leurs déclinaisons – il faut reconnaître que, depuis plus d’un siècle, l’émotion la plus puissante et la plus partagée est la peur. La majorité de nos décisions sont guidées par la peur.
On se marie parce qu’on a peur de la solitude. On travaille parce qu’on a peur de la misère. On fait du sport par peur de devenir obèse. On se soumet par peur des représailles.
Ma’a Jacky exhibe son passeport parce qu’il a franchi une étape : il a dépassé la peur d’être Camerounais. Ce passeport, il faut se le dire, offre une ouverture sur le monde, il le protège en tant que citoyen français, il jouira de tous les privilèges que cette nationalité accorde.
Et ça vous agace, parce que vous savez qu’en étant Français, il a accès à des choses que vous, en restant Camerounais, n’aurez peut-être jamais. Et pourtant, c’est dit avec tant de fierté, mais si dramatique : nos terres nous sont devenues si hostiles que l’on brandit une autre nationalité avec une fierté inimaginable.
Et les seuls à toujours vouloir la nationalité d’un autre pays, ce sont les Africains. Doivent-ils avoir honte de vouloir la sécurité ? Doivent-ils rougir de réclamer la dignité ? Mais la dignité, n’est-ce pas ce que Dieu nous a donné de droit, le jour où nous avons fait le serment de venir dans ce monde ?
Dans nos pays africains, parfois même la dignité la plus élémentaire nous est refusée, relégués au rang du plus vil des animaux. À qui la faute ? À vous, peuple stoïque, enfants à la quiétude inquiète qui refusez de vous inscrire sur les listes électorales. Pas au gouvernement.
Quand Elecam se déplace avec sa caravane pour vous dire : "Voici votre carte d’électeur, allez-vous inscrire sur les listes", vous refusez. Mais vous continuez d’insulter Paul Biya dans vos cases, comme s’il vous entendait. S’inscrire sur une liste, c’est déjà arracher une partie de sa dignité, c’est choisir celui à qui on confiera son destin.
Mais non, vous caressez le rêve français, le rêve américain. Alors que tout le monde n’y aura pas accès. Nous devons bâtir le rêve camerounais, pour nous et pour nos enfants. Le Cameroun est notre patrie. Notre terre. Bill Gates a dit : « On ne peut pas contrôler le fait d’être né pauvre, mais on peut contrôler le fait d’y rester ».