La salle située au ministère de la Communication revit à l’occasion de ces Ecrans Noirs après plusieurs annonces de résurrection programmée, puis déprogrammée.
Quelques minutes de réflexion, de recherche et d’hésitation. La jeune dame est tentée de rebrousser chemin, quand finalement elle aperçoit à l’entrée principale du ministère de la Communication à Yaoundé, un homme en noir, badge « organisation » au cou. « Vous savez où se trouve la salle Sita Bella ? Ça fait un bon moment que je tourne en rond », demande-t-elle.
« Venez, je vais vous y conduire », se propose-t-il. Après à peine deux minutes de marche dans le parking et une bifurcation à droite, les voilà face à un escalier.
En contrebas, sous les parasoleils d’une petite buvette qui sert aussi de restaurant, des curieux observent leurs mouvements en s’interrogeant. « Il y a une salle de cinéma ici ? Incroyable ! Je prends ma pause depuis plusieurs mois à cet endroit et je ne m’en doutais pas », s’étonne un homme. Revenons à notre cinéphile. Les marches gravies, la porte en métal tirée, et elle est enfin dans la salle Sita Bella. Devant elle, le grand écran s’allume. C’est la deuxième projection de 14h ce mardi, « Umutoma » du Rwandais Jean Kwezi.
« J’ai loupé le court-métrage qui passait juste avant. J’ai mis trop de temps à chercher », regrette-t-elle, avant de s’installer confortablement dans l’un des 120 sièges bleus. Elle préfère la rangée de droite. « C’est mon côté favori. Je suis droitière », dit-elle. La salle devient sombre, le projecteur se braque sur l’écran. Ses yeux brillent : c’est l’émotion du 7e art.
Un regard jeté dans la salle pose un constat : elle n’est pas comble. Une dizaine de spectateurs tout au plus. Dans ce public, des amateurs de bons films, mais aussi des membres de jury, venus en introspection. Approchés au terme de la projection d’un peu plus d’une heure de ce drame romantique, les membres de l’équipe du festival affectés à Sita Bella expliquent que ce quota de spectateurs est le même depuis l’ouverture de la salle pour les Ecrans Noirs.
« En réalité, les gens ne savent pas où se situe la salle exactement. C’est encore un début, mais il faut que les amoureux du cinéma sachent que Sita Bella fonctionne, pour que lors des prochaines éditions, on ait autant de spectateurs qu’à l’Institut français, par exemple », relèvent-ils.
Une idée confirmée par les propos d’un jeune homme rencontré au cours de la projection. « Je n’ai pas vu d’indications, alors j’ai marché plusieurs minutes. Je suis même allé jusqu’à l’Immeuble T. Bella comme j’ai vu Bella dans sa dénomination », raconte-t-il, amusé. Une plaque indicative avec l’effigie de la salle pour signaler son emplacement aiderait déjà à attirer plus de monde. En attendant, Sita Bella a repris vie.