Combien d’entre vous ont déjà entendu parler de l’ethnie Gbaya (ou Mbaya) ? A cette question pas certaine d’avoir une bonne réponse (sauf pour les connaisseurs) n’est-ce pas ? Mais notons que les Gbaya sont un peuple Bantou qu’on rencontre dans sept pays africains : Le Soudan, le Congo Kinshasa, le Congo Brazzaville, la République Centrafricaine, le Nigéria, le Libéria et le Cameroun.
Cette présence est due aux guerres tribales, les fuites de guerre et la conquête de nouvelles terres. Quant à la signification du nom Gbaya, plusieurs versions se font entendre, mais nous allons nous arrêter sur celle donnée par le Chef Supérieur Aï-Ba Ngari, pour qui le terme Gbaya signifie les os, ce qui n’est pas facile à croquer.
Les Origines
Au Cameroun, on les rencontre à l’Est, plus précisément dans les localités de Bétaré-Oya, Bertoua où ils pratiquent l’agriculture et le travail de l’or dans ces deux villes respectives comme activités principales. La ville de Bertoua qui est un grand groupement administratif aujourd’hui doit son nom à un Gbaya, le Roi Mbartoua, un véritable guerrier doté de pouvoirs mystiques qui durant la période coloniale a combattu les invasions allemandes a l’intérieur du pays. Puis on les retrouve enfin dans l’Adamaoua, dans les localités de Garoua Boulai, Méiganga, où ils pratiquent exclusivement le commerce.
La langue
La langue Gbaya est différemment parlée en fonction du lieu où on se trouve. Par exemple le Gbaya de Bertoua n’est pas toujours celui parlé à Bétaré-oya ou à Garoua Boulay encore moins celui parlé à Méiganga. Il y’a certaines marques distinctives qui permettent d’identifier la provenance de chacun mais le sens est généralement le même.
Les mets
Dans le domaine culinaire, ils consomment une variété d’aliments qui font partie de leur menu traditionnel entre autre le kpeum (feuilles de manioc), gombo, cocko (l’okok), viande de brousse à la tonné ndongué c’est-à-dire composé de sel et piment, ceci avec pour complément préféré le couscous de manioc.
Le mariage
Le mariage chez les Gbaya n’est pas un événement anodin, au-delà du caractère festif, il est un symbole pour la communauté. C’est la raison pour laquelle, un homme Gbaya peut se marier dans le régime monogamique ou dans le régime polygamique. Mais ceux qui optent pour le deuxième régime, ils sont très respectés dans la communauté parce que celui-ci symbolise la richesse et le pouvoir.
La dot
La dot d’une fille Gbaya dépend encore de plusieurs facteurs comme les origines de sa mère et bien d’autres considérations. Mais pour certaines filles considérées comme zonga déri (fille vierge), le prétendant doit se présenter avec un panier de 12 poulets, un paquet d’aiguille, une lance, un sac de sel, une grosse marmite, du vin rouge et une grande cuvette à eau. Auparavant, c’est la famille qui choisissait la femme pour l’homme, aujourd’hui ce n’est plus le cas.
La naissance
Comme dans toute communauté, les naissances sont toujours accueillies avec beaucoup de ferveur synonyme de virilité et de perpétuation de la lignée familiale : c’est aussi le cas chez les Gbaya. Mais lorsque cette naissance est gémellaire, cela suscite de la peur au niveau de la communauté par rapport aux légendes urbaines qui entourent ce genre de naissance. Pour éviter tout événement malheureux qui pourrait surgir, les jumeaux et leurs parents sont soumis à certains rites ésotériques sous la conduite d’une marraine (ancienne procréatrice de jumeaux).
Les danses traditionnelles
Chez les Gbaya, on danse le Labi qui, au-delà des pas cadencés fait partie d’un rite qui prépare les jeunes à la vie adulte. Mais, en ce qui concerne la danse en elle-même, elle s’exécute lors de grandes cérémonies. C’est aussi et surtout la danse des initiés. Pendant son exécution on fait appel aux génies qui font entrer certaines personnes en transe et, à travers les incantations disent les paroles myrteuses. C’est une danse au cours de laquelle, ni les femmes, ni les enfants, ni les non-initiés n’ont pas le droit d’y assister. Ils doivent se cacher de peur d’être frappé d’une malédiction.
La religion
Sur le plan religieux, les Gbaya sont historiquement un peuple animiste, qui au cours de leur migration ont été influencé par l’Islam pour ceux qui vivent dans la zone septentrionale et par le christianisme pour ceux qui vivent à l’Est. Mais bien qu’appartenant à ses deux religions, ils pratiquent de temps en temps leur religion de départ qui est l’animisme.
Abbé Désiré Zendre dans Synodalis publié le 22 March 2013