Jean-Paul Hévin, récemment sacré meilleur pâtissier-chocolatier du monde 2023-2024 aux World Pastry Stars de Milan, place le Cameroun au cœur de sa nouvelle collection "Nouveaux mondes". Cette collaboration entre l'artisan français et les producteurs de cacao camerounais marque une étape importante dans la valorisation du cacao africain sur la scène internationale.
Au centre de cette initiative se trouve le "centre d'excellence post-récolte Hévin-Nkolossang", situé près de Yaoundé. Créé il y a deux ans dans le cadre d'une démarche de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), ce centre vise à améliorer la qualité du cacao camerounais tout en promouvant des pratiques agricoles responsables.
"J'ai fait un don à une coopérative camerounaise qui, en contrepartie, a installé un centre d'excellence pour la fermentation et le séchage de la fève de cacao, géré par des professionnels camerounais", explique Hévin. Ce partenariat, facilité par Aristide Tchemtchoua, présidente de la coopérative Cacao de Nkogekogo Scoops Ca, permet aux cultivateurs locaux de bénéficier d'une meilleure valorisation de leur production.
La nouvelle collection de Jean-Paul Hévin met à l'honneur le cacao camerounais à travers plusieurs créations, dont une bûche Cameroun, des macarons et bonbons Cameroun, et même une galette des rois africains pour l'Épiphanie. Ces produits haut de gamme témoignent de la qualité exceptionnelle du cacao camerounais lorsqu'il est travaillé avec expertise.
Au-delà de l'aspect gustatif, cette initiative vise à promouvoir une filière cacao plus durable au Cameroun. Hévin souligne son intention de limiter l'usage des pesticides et des engrais, tout en luttant contre le travail des enfants et en favorisant l'épargne salariale pour la scolarisation. "La filière n'est pas encore complètement bio, mais je compte bien poursuivre mon combat dans ce sens", affirme-t-il.
Avec un investissement initial de 35 000 euros et une commande de 30 tonnes de cacao pour l'année en cours, Jean-Paul Hévin démontre son engagement à long terme envers la filière camerounaise. Cette démarche pourrait ouvrir la voie à une meilleure reconnaissance du cacao africain sur le marché mondial du chocolat de luxe.
Cependant, il est important de noter que cette initiative s'inscrit dans un contexte historique complexe, marqué par l'héritage colonial de la culture du cacao en Afrique. Le défi consiste désormais à transformer ces collaborations en opportunités de développement durable pour les communautés productrices de cacao au Cameroun.
Alors que la crise du cacao continue de secouer le marché mondial, des initiatives comme celle de Jean-Paul Hévin pourraient contribuer à redéfinir les relations entre chocolatiers occidentaux et producteurs africains, en favorisant un modèle plus équitable et durable pour l'avenir de la filière.