Monique Koumateke sera inhumée le 30 avril 2016. La mort tragique de cette jeune femme le 12 mars avec ses jumeaux continue de susciter des réactions d’indignation. Le rappeur Valsero vient de s’exprimer à travers l’arme qui est la sienne.
Le «Général Valsero» a en effet commis un single intitulé «Tous coupables - hommage à Koumateke». Le rappeur engagé y relate à sa manière les circonstances de la mort de Monique Koumateke. Un récit rapporté par Le Jour, édition du 20 avril 2016.
«L’air empestait l’horreur. L’odeur de la mort. Une matinée morbide en plein couloir de la mort. L’hôpital était triste. Rein n’inspirait la vie. À part des ombres faméliques, le regard dans le vide. Tout était couleur sale. Même les blouses des toubibs. On aurait cru voir des bouchers autour d’une boucherie.
Les infirmières bizarres, coiffées comme des pinups, se baladaient dans les couloirs parfois fumant une clope. Une vision de l’horreur. Trainant sa perfusion, un tétraplégique diabétique allongé sur le gazon. C’est à croire qu’on est là, dans la cour des miracles. T’as des mendiants, des commerçants qui piétinent des malades. Je t’épargne les mouches, les odeurs et les moustiques. Je t’épargne les cafards et les toilettes publiques. Je t’épargne la salle d’attente ouverte au public. Je t’épargne la décharge ouverte aux déchets cliniques».
«Oh ! Où est notre humanité ? Oh ! Où sont les valeurs qui font notre dignité ? Oh ! Nous sommes des Hommes pas des bêtes de somme. On prône le respect de la vie, le respect de l’Homme. Puis sorti du néant, le taxi de l’horreur, avec à son bord, une femme baignant dans son sang. On l’avait mise à la malle arrière, parmi les boulons.
Parmi les pneus, les crics, la graisse, allongée sur du carton. Où est passé l’honneur, le respect, la dignité. Ou sont passées ces valeurs qui font notre humanité. Qu’avons fait de nos cœurs, où va notre société ? Qu’avons-nous fait de nos âmes ? Les avons-nous brulées ? La femme est morte en attendant des bébés. Ça panique dans la famille, y a personne pour payer. Il y a pas de place sans le cash à la maternité. Une seule option, trainer le corps et aller voir le morguier. Voilà des heures que le corps traine sur le sol. Parmi les mouches, devant la morgue pleine. Personne ne bouge, personne n’intervient. Il va falloir faire quelque chose, il faut qu’on intervienne…»
«Le comble de l’horreur, c’est quand une de ses sœurs, décide de lui ouvrir l’abdomen sans la moindre peur. Elle se servit d’une lame, une vulgaire lame de rasoir, et lui ouvrit le ventre en deux comme une bête à l’abattoir. À même le sol sans la moindre hésitation. Devant une dizaine de personnes sans la moindre compassion. Tout le monde regarde, personne ne réagit.
T’as des docteurs, des médecins, personne ne réagit. La société a perdu son âme. On a les mains souillées de sang, tout le monde est coupable. Qu’avons-nous fait pour protéger la vie ? Qu’avons-nous fait pour cette femme prête à donner la vie ? Son sang nous parle, son sang nous pose des questions. Son sang veut des réponses, son sang veut ddes solutions. Il est grand temps, il faut qu’on ouvre les yeux. La société va mal, il faut qu’on ouvre les yeux…».