Avant d’être Camerounais, le problème que je soulève est d’abord continental voire même international.
C’est pathétique de constater à quel point le niveau des artistes a baissé sous la poussée de l’idéologie mercantile. Je ne dis pas que tous les talents sont empestés par cette paresse qui vire à la faiblesse, la paralysie et l’inhibition des capacités créatives artistiques.
Il y’a encore des talents et même des virtuoses dans ce monéde, mais sur qui l’attention n’est plus portée, cela au profit de ceux pour qui le bon marketing est effectué. Pourtant limités en capacités.
Oui je parle de marketing, du marketing de l’accroche, de l’époque où l’artiste chanteur ne chante presque plus, ne dit plus presque rien, mais produit des musiques qui se dansent, oups !! Mieux dire c’est son beat maker qui les produit, c’est lui qui est à l’œuvre et qui représente désormais la pièce maîtresse du morceau.
Les majors, les labels, les maisons de disques, tous en sont victimes et sont trempés dans le phénomène du « Miser tout sur le beat ». Les rythmes les plus influencés par cette vogue sont le Hip hop, la Rap, le Trap , la Néopop, et en Afrique Les Afro beat ( l’AfroTrap , L’Afropop, le Rap, le Coupé décalé et presque tous les nouveaux rythmes )
Le problème n’est pas que le Beat ne doit pas être bon, mais plutôt, que l’artiste n’est plus performant sur la musique, ce n’était pas comme ça avant. On assiste à cette époque triste où les voix mal posées sont fracassées par l’autotune qui les redresse dans un semblant de « Son agréable à l’oreille ». Moi ça me fait mal…
Mettez Trace Urban ou Trace Africa que les jeunes africains francophones aiment tant regarder, j’ai pitié de nos oreilles tabassées en longueur de journée par des sons jumeaux qui semblent être définis comme idéal-type musical. Je prends l’exemple d’Arafat DJ et de ses musiques dans lesquelles les cris prévalent sur que le son, mais comme on dit hein, chacun a son goût, le niveau est pourtant tellement bas, on vous dira que c’est le meilleur artiste Africain, mais franchement ,meilleur « Artiste producteur de son ou chorégraphe » oui on peut être d’accord.
Ecoutez les nouveaux Rap Français en vogue où des artistes changent leur registre pour suivre celui de la Trap, quel bruit lorsqu’on écoute Booba, Gradur... en train de chanter, J’ai mal à l’oreille… Ecoutez le kiff no beat, leur secret c’est juste une vibe, les voix sont moches et on n’entend rien, heureusement que grâce à Shadow Chris, le beat est dansant.
Venons alors au Cameroun où la contamination est palpable depuis le Bikutsi en ce qui concerne les sauvageries et depuis l’extérieur en ce qui concerne la tendance.
Si certains se démarquent au Cameroun, je dirai que d’autres vraiment se noyent, se confinent au principe du « Beat maker Sauveur ».
C’est dramatique à la limite, ils disent tous la même chose « Danse, Aladji, baby, mami, i love u, move you body, check am, tongo, gesier, mouf, piment, sauce, panthères… » Voilà l’essentiel des paroles des musiques au Cameroun, il n'y a même plus de thèmes, l’essentiel c’est trouver une vibe qui va avec, l’autotune fera son work.
Heureusement que les beat makers sont de plus en plus performants et le côté création musicale voile tout le reste. Des beats sur lesquels les artistes ne foutent rien parfois.
Et n’oublions pas de noter que jusqu’ici sur le plan compétitif à l’échelle continentale, nos beat makers ont encore à faire.
Je pense que nous avons mal cerné les enjeux de la composition musicale de nos jours. Le niveau du chant a baissé. D’aucuns pensent que l’essentiel c’est un HIT qui ressemble en plus aux autres dans lequel le beat a plus de valeur que les paroles.
A qui revient donc le véritable mérite ? On peut déjà danser sur un beat sans chanson, les artistes ont donc intérêt à innover, autant dans la façon d’écrire, de poser et surtout dans la performance vocale.
Que ce soit le Rap, l’Afro Trap, l’Afro pop, le Bikutsi ou tout autre…
Arrêtez les bruits, faites de la musique. Bon entendeur salut !