En spectacle vendredi dernier à Yaoundé aux côtés de K-Tino et Lady Ponce, l’artiste de bikutsi s’exprime sur ce concept et parle de son actualité.
Trois générations sur une même scène. Comment avez-vous apprécié cette «fusion» ?
K-Tino, qui est une figure emblématique du bikutsi féminin, est l’une des premières femmes à oser parler librement de ce qu’elle pense. C’est l’une des pionnières du bikutsi. Lady Ponce est celle qui l’a révolutionné au niveau international, et qui a apporté une touche de couleur et d’esthétique à ce rythme. Je suis celle qui lui apporte un peu de folie. C’est un honneur pour moi de participer à un évènement de cette envergure, parce qu’il n’y en a jamais eu de semblable au Cameroun. C’est la première fois que trois générations sont rassemblées sur un même plateau.
On vous a souvent présentées comme des rivales. Partager la scène était-il une manière de démontrer que la hache de guerre a été enterrée ou qu’il n’y a jamais eu de rivalités entre vous ?
Il n’y a que des idiots qui peuvent comparer K-Tino, Lady Ponce et Mani Bella. C’est trois personnes et styles différents.
Il n’y a jamais eu de problèmes entre Mani Bella et Lady Ponce. La preuve, je chante des chansons où je lui fais des dédicaces. Nous vivons ensemble à Paris, nous nous voyons tous les jours et elle me soutient énormément. Nous faisons pleins de plateaux en Europe ensemble. K-Tino, c’est la «Mama». Elle s’est installée au Gabon et elle a toujours été là pour moi. Je ne vois pas quel problème je vais avoir avec elle. Je le redis : il n’y a que des idiots pour sortir des rumeurs aussi basses pour diviser et mieux régner.
La collaboration s’arrête-t-elle au niveau du concert ou prévoyez-vous un featuring toutes les trois ?
Toutes les trois, je ne sais pas trop, mais avec Lady Ponce, on en parle depuis un bout de temps. C’est juste que nos calendriers ne correspondent pas. Nous en avons parlé en arrivant au Cameroun pour ce concert et je crois que nous allons réserver une belle surprise à notre public.
Votre maxi single «Stop» a essuyé beaucoup de critiques…
Je suis une artiste qui ne fait pas la musique pour plaire. Je fais ma musique pour dire et dénoncer certaines choses à ma manière. Ça peut plaire comme ça ne peut pas plaire. La chanson «Stop», si vous l’écoutez vraiment et calmement, vous comprendrez qu’elle n’est pas pour faire l’apologie de quoi que ce soit. Au contraire ! C’est une revendication que je fais, parce que la jeunesse camerounaise travaille énormément, mais le taux de chômage reste élevé. C’est une revendication que je suis en train de faire en demandant qu’on arrête d’appeler les gens bandits ou prostitués juste parce qu’ils ont réussi socialement ou connaissent du succès.
Mani Bella vit-elle de sa musique ?
Je peux dire aujourd’hui que je vis de la musique. C’est vrai, j’ai une vie de femme au foyer avec un mari qui travaille, mais je crois que la musique m’aide beaucoup dans mon quotidien.
L’on vous compare souvent à la chanteuse américaine Lady Gaga, à cause de votre style vestimentaire. Est-ce un compliment pour vous ?
J’ai horreur de ça. Je suis Mani Bella du Cameroun. C’est vrai que je suis excentrique, j’ai un style particulier parce que j’aime oser.
Je n’aime pas être dans la normalité avec des greffes et autres. Je trouve que c’est trop facile. J’aime sortir, me démarquer des autres. Me comparer à elle, je trouve que ce n’est pas logique. Je suis Mani Bella du Cameroun avec un boulon de moins dans la tête.
Qu’est ce qui fait l’actualité de Mani Bella ?
Je serai de retour à Paris le 4 février prochain (ce jour, Ndlr) et je prendrai deux mois de congés. Je suis presque à terme (elle est enceinte, Ndlr), et il faut que j’accouche dans de bonnes conditions. Au mois de mai, je recommence avec une tournée en Angleterre avec Lady Ponce et Coco Argentée. Ensuite, en juin, je serai aux Etats-Unis où j’ai six Etats à parcourir.