'Mon père et ma mère ont le Sida et ils nous cachent ça'

Le VIH/Sida

Tue, 9 Jan 2024 Source: www.camerounweb.com

J'ai 25 ans, je suis l'aîné de la famille. Je garde un lourd secret de mes parents depuis l'âge de 12 ans. Mon père, ayant une certaine notoriété dans sa profession quand il était plus jeune, était infidèle à ma mère et avait des relations avec d'autres femmes.

Une fois, l'une de ses concubines est venue semer le trouble en lui disant qu'il avait le Sida. Nous pensions tous qu'elle l'avait dit juste comme ça, mais je crois que cela a inquiété ma mère, qui s'est confiée à une dame de confiance dans notre église.

La dame de confiance a appelé un frère qui était venu une fois à la maison pour leur faire passer un test sérologique de manière traditionnelle. Je ne sais pas si cette méthode est valide. J'avais 12 ans et je me cachais derrière la porte, écoutant leur conversation avec le frère.

Il utilisait des récipients, de l'eau, etc., et avec la salive du concerné, il pouvait déterminer si la personne était séropositive ou non. À en juger par la façon de parler du frère et les expressions du visage de mon père, j'ai compris que le résultat n'était pas bon. Depuis lors, ils ne nous en ont jamais parlé, ni à nous, les enfants, ni à la dame de l'église. Mais moi, je le sais.

Au fil des années, je ne sais pas s'ils ont fait un test moderne qui confirmerait leur séropositivité. Je vis avec eux, et je ne les vois pas prendre de médicaments ni aller à l'hôpital pour ça. Moi-même, je me protège et protège mes frères. Maintenant, ce qui m'inquiète, c'est l'état de santé de mon père. Il s'est vraiment affaibli : tousse, maigrit, a parfois des diarrhées, manque d'appétit. Comparé aux pères de sa tranche d'âge, il a l'air affaibli, même ma mère l'a remarqué en disant : "priez pour votre père".

Leur problème est la honte d'aller se faire soigner par peur que cela se sache, et pourtant, ce sont des intellectuels tous deux, ils devraient réfléchir autrement. Et moi, j'ai plusieurs fois essayé d'en parler de façon détournée. Par exemple, quand nous sommes en famille avec mes frères et sœurs, je parle du Sida et évoque les bienfaits et les avantages d'aller se faire soigner quand on est séropositif.

On peut vivre longtemps et en bonne santé grâce aux médicaments, la charge virale peut devenir indétectable, le virus devient faible et la personne ne peut plus contaminer les autres, car sa charge virale est faible, etc. Je parle suffisamment fort pour qu'ils écoutent aussi, et parfois mes frères me demandent pourquoi je parle du Sida. Mais moi seul connais la raison pour laquelle je parle. Je sais que ma mère en a conscience, car après, je l'observe. Elle s'isole, je la surprends pensive et triste.

Le problème aussi est que chez nous, la communication a toujours été le point faible. Ma mère est une femme de prière et elle est très courageuse. Pour elle, je ne m'inquiète même pas trop, et malgré cela, elle manque le courage de résoudre cette situation. Mais le problème, c'est mon père qui m'inquiète. Et avec nous, les enfants, parfois la mère se fâche pour un rien. Notez qu'il faut tourner la langue plusieurs fois avant de dire quelque chose. Elle n'aime pas les reproches et nous écoute difficilement, nous, ses enfants. Elle a plus tendance à écouter les autres gens du dehors. Pourtant, nous avons grandi, elle peut aussi se confier à nous, c'est ça la famille.

Aujourd'hui, nous sommes en province, et cette dame de l'église, si elle était dans le même lieu que nous, aurait conseillé à mes parents de suivre un traitement. On a plus de contact avec elle. Je me demande maintenant que faire, si je dois briser ma peur et lui parler, car elle seule peut convaincre mon père. Et comment procéder pour lui dire d'aller faire un test et suivre le traitement sans avoir à entrer en conflit avec elle. Après avoir dit ça, je ne sais plus comment elle me verra ni quelle sera son attitude à mon égard. Vos conseils et suggestions me feront du bien.

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