Le meilleur humoriste (Canal 2’or, 10ème édition) poursuit son ascension et sa côte ne cesse de grandir ; Moustik Karismaik, toujours très inspiré et fidèle à son style a su se frayer un chemin dans le secteur, alors encore chargé d’une génération presque partante. Son style, son dynamisme et son énergie serait alors à l’origine de sa renommée aujourd’hui internationale. Depuis peu, après ses prouesses à travers des personnages aussi délirants que « Malho », « Pepito » ou encore le « papa Lucas », il incarne Super Obamla une artiste de la diaspora qui vraisemblablement fait l’unanimité. Cependant, pour ajouter du piment à ses prestations, l’artiste se « déguise » désormais pour mieux incarner le personnage. Une situation qui a plongé certains de ses fans dans le doute au point de nourrir les commentaires (sales) sur les réseaux sociaux. Moustik a bien voulu éclaircir l’opinion sur ce point. Il répond à nos questions…
Bonjour Moustik le Karismatik et merci d’avoir accepté de répondre à nos questions, suite à la vague de commentaires virulents sur les réseaux sociaux relatifs à vos photos prises lors d’un sketch en rapport avec le 8 Mars.
Bonjour culturebene, c’est moi qui suis plutôt agréablement surpris de voir la grosse machine d’informations culturelles que vous êtes, et je salue votre professionnalisme car vous allez toujours à la source. J’en profiterai pour m’ « expliquer » et « éclaircir » certains points.
Vous avez le vent en poupe depuis un certain temps et votre nom a traversé les frontières ; une viralité qui ne vous attire pas que des fleurs. On y arrive… Mais revenons déjà sur votre écriture, car on remarque que –comme la plupart d’humoriste- vous tirez votre inspiration du quotidien, du moins de l’actualité…
Je vais l’avouer ici, je suis « la » marionnette et il y a des marionnettistes ; c’est-à-dire qu’autour de moi il y a des penseurs, bref, toute une orchestration pour mieux peaufiner le sketch, et le travail artistique est fait par moi-même. Nous sommes toute une équipe, pour ainsi dire, tout ce que je fais n’émane pas d’un hasard ou d’une simple improvisation comme beaucoup le croient. Après l’étape d’écriture c’est au tour du réalisateur de penser les repérages, les plans et le concept, puis vient le tour du styliste pour ce qui est des tenus, puis la maquilleuse, etc. Donc Moustik est mis en avant, mais c’est la MOUSTIK’air Team qui est dans l’orchestration.
Vous êtes également très actifs sur les réseaux sociaux, et il ne se passe pas un jour sans que vous ne postiez une nouvelle vidéo ou photo relative à un nouveau projet. Beaucoup n’ayant alors pas eu le temps de bien consommer les projets précédents… Est-ce vraiment une bonne stratégie ?
En réalité tout ce que je fais dans ce sens je ne calcule pas ; c’est au feeling, et je déborde d’inspiration alors comme dit Maahlox « ça sort comme sort » au risque d’étouffer les idées. Maintenant s’il faille parler de stratégie, je dirais que cela ne m’a pas traversé l’esprit ; je préfère, pour ma part, servir « à volonté » mes fans de peur qu’ils ne s’ennuient, encore qu’il y ait de l’inspiration à revendre. La population est parfois stressée, alors il est de notre devoir nous humoristes de l’égailler. Une fois que l’idée est là, j’appelle mon équipe et on bosse dessus, puis on poste sur ma page officielle : « Moustik Karismatik officiel » où j’échange avec mes Moustik’amis. J’y annonce également les couleurs de mes spectacles à venir en postant des bribes de sketchs.
Et en parlant de couleur, il faut dire que vos apparitions s’en sont enrichies depuis un certain temps, notamment avec « Super Obamla » votre nouveau personnage, qui rencontre un succès véritablement. Et comme tout succès, cela ne va sans confusion et interprétations d’idées… Vous faites l’objet de commentaires sales sur les réseaux sociaux et beaucoup s’y perdent un peu. Comment Moustik arrive-t-il à gérer cette situation ?
Vous savez, un homme public c’est comme une poubelle, tout le monde vient y jeter ses ordures. C’est un fardeau qu’on assume une fois qu’on décide d’être public/people. Les gens nous aiment, et certains parmi eux manifestent leur amour à notre endroit parfois de la façon la plus barbare et ignorent très souvent l’impact de leurs injures sur les autres. Et comme ça se passe sur les réseaux sociaux, la moindre critique est amplifiée, un mensonge par son ampleur frise la vérité, et bonjour les dégâts. Puisque vous parlez de Super Obamla, et bien c’est un personnage que j’ai créé, tout comme les précédents notamment le « soulard » ou encore le « malho » voire « Pepito » – mais personne n’avait dit que j’étais un soulard ou un voyou-, une fois que j’ai incarné l’artiste musicienne de la diaspora Super Obamla, c’est allé dans tous les sens et beaucoup me lançaient des propos du genre : « Qu’est-ce que tu fais comme ça ? Où vas-tu ? C’est quel virage ça ? » Etc. Personnellement je n’en veux à personne car nous sommes dans un système un tout petit peu carré et beaucoup sont encore susceptibles, mais vous savez je fais dans un métier qui m’invite à incarner plusieurs personnages. Ce sont des « rôles » et je me prête au « jeu d’acteur », c’est-à-dire que je prête mon physique et ma voix à un personnage dans un sketch, un clip, un film, etc. Je le réitère, je comprends certains dans leurs stupéfactions qui, à mon sens, émanent du « déguisement » ; peut-être certains auraient aimé que je joue le rôle sans me déguiser, sauf qu’il serait incomplet puisqu’il faille se mettre sous la peau du personnage que j’incarne. Chers amis et fans évitons de spéculer, Super Obamla de la scène c’est pas TAGNE que vous rencontrez au quartier. Je respecte juste les normes du métier que je fais. Je m’excuse si beaucoup ont été offensés, mais je continue à dire que ce sont des divagations. Je sais très exactement qui JE SUIS. Je suis libre de me déguiser en fonction des émotions que je souhaite transmettre au public, et je ne suis pas le seul à le faire dans le monde : On a vu Martin Laurent dans Big Mama, Eddy Murphy avec le personnage Madame Folding, Steve Urkel pareil… Chez nous, c’est encore une aliénation, mais je pense que les gens le prennent mal parce que certains de nos aînés l’ont mal fait, puisque le déguisement c’est un style, il nécessite une démarche professionnelle et ce sont les costumiers et accessoiristes qui s’en chargent.
Êtes-vous homosexuel ou non, Moustik ?
Je suis hétérosexuel, c’est-à-dire que j’éprouve une attirance pour le sexe opposé, pour faire simple : un homme qui aime une femme.
Avec cette vague de critiques, Moustik serait-il découragé de poursuivre l’aventure Super Obamla ?
Le fou n’a jamais eu peur du soleil (rires) ; sérieusement, je fais un métier et je m’y donne à fond. Rassurez-vous je ne suis pas découragé encore que ces critiques dont vous parlez sont minoritaires par rapport aux appréciations ; il y a des détracteurs partout, et très souvent leur haine est gratuite, alors il serait idiot d’y prêter le flanc.
Vos prochaines dates ?
Je suis annoncé pour un projet de film et sollicité par un producteur français, il y a également une série télévisée où je suis pressenti comme acteur principal, et également pas mal de maison de pub me font la cour pour beaucoup de projets à venir. Je serai aussi très bientôt sur l’un des plus grands plateaux d’humour d’Afrique dans un pays frère, vous en saurez plus au moment opportun. Donc comme pour dire que pendant que des gens nous lancent des pierres, on les entasse afin de grimper dessus et d’aller plus haut.
On vous voit de plus en plus aux côtés d’élèves et étudiants pour d’élans de sensibilisation ; forcément ça vous enrichi aussi personnellement…
Mes descentes dans les établissements pour échanger avec d’autres jeunes me permettent d’être en paix avec moi-même car je n’ai pas toujours le temps d’être avec mes frères, alors d’être aux côtés d’autres jeunes et leurs véhiculer des messages positifs, ça m’édifie beaucoup. On a l’impression que les jeunes ne valent pas grand-chose, surtout ceux qui se sont orientés vers l’art or il n’en est rien. Les jeunes regorgent de beaucoup de potentialité, de génie, de dynamisme. Je profite du fait qu’il m’apprécie pour leur faire des sketchs orientés vers l’objectivité et les sensibiliser.
Et quel conseil donnez-vous à ceux qui veulent suivre vos pas ?
Je leur demande pourquoi d’abord ? Est-ce pour attirer les filles ? Pour être star au quartier ? Pour laisser un héritage plus tard ? Une fois qu’ils se posent ces questions, je leur dis qu’ils doivent se donner les moyens pour atteindre leurs objectifs, mais surtout aller très loin avec leurs études et ne faire ce métier qu’en parallèle car il est très compliqué. Beaucoup pensent que je roule carrosse, mais croyez-moi ce n’est pas évident. Mais j’aime ce que je fais et c’est cet amour et cette passion qui me permettent de tenir, ensuite le travail me permet d’avancer